par karatejapon » Dim Nov 18, 2007 3:40 pm
Le tournoi est maintenant terminé et nous n'avons pu vous offrir de compte rendus comme prévu. Essayons donc de rattrapper un peu ce retard.
La compétition avait lieu au Taiikukan, situé à Sendagaya. La salle fait penser - de l'intérieur - au Palais omnisports de Paris Bercy. Point positif: presque toutes les places sont bonnes. Que l'on soit installé en première, deuxième ou troisième série, on voit très bien le tatami et les combattants.
Le premier jour, la cérémonie d'ouverture a vu les discours de plusieurs responsables du Kyokushinkaikan dont, bien entendu, Matsui Shokei Kanchô, son actuel responsable.
Tout le monde s'est ensuite levé pour l'hymne national - le Kimigayo - qui accompagnait la montée des couleurs japonaises ainsi que des drapeaux du Kyokushinkaikan.
Tous les compétiteurs furent présentés et les combats débutèrent rapidement après qu'un Sensei eût frappé le ôdaikô (gros tambour traditionnel) comme de coutume dans les dôjô.
Nous ne résumerons pas tous les combats mais il suffira de dire que certains furent rapides car la différence de niveaux était particulièrement sensible en ce premier jour du tournoi.
La palme du KO le plus spectaculaire revint au Russe Lechi Kurbanov qui assumait ainsi parfaitement son statut de favori pour atteindre la troisième et dernière journée. Un ushiro uramawashigeri envoya son malheureux adversaire à l'hôpital.
Le Brésilien Ewerton Texeira tenait lui aussi son rang en abrégeant les débats en moins d'une minute. Idem pour Artur Hovannissyan Sensei qui débordait de motivation.
Pas de surprise pour le premier jour si ce n'est celle de voir les quatre Français engagés éliminés. Sans démériter au demeurant car tous finirent leur combat debout et l'un d'entre fut même objectivement lésé.
Ce qui nous amène à une remarque toute personnelle (mais largement partagée par le public). Les juges nous ont semblé pour le moins critiquables dans certaines de leurs décisions. Une rapide observation permettait de répérer des comportements facilement prévisibles, surtout de la part des juges Russes. Calculs dignes de joueurs d'échecs, bienveillance accrue vis à vis de certains et autres décisions incompréhensibles furent le lot quotidien de ce tournoi. Un responsable Français nous expliqua même le système de communication par gestes (discrets) en vigueur. Bien navrant.
La deuxième journée vit des combats plus serrés et une impressionante série de victoires russes et brésiliennes. Ces deux nations étant les plus représentées avec le Japon.
Justement, parlons un peu du pays organisateur. Plutôt décevant car, hormis les plus légers d'entre eux, les combattants Nippons se contentaient du strict nécessaire et, parfois, d'une certaine bienveillance de la part des juges et arbitres.
La dernière journée débuta par un concert de taikô, des discours, la levée des drapeaux avec l'hymne national chanté par un ténor de grand talent, puis la présentation des 32 combattants restant en lice.
L'épreuve de casse prit place ensuite afin de départager les combattants en cas d'égalité après deux prolongations et moins de dix kilos d'écart.
Du côté des satisfactions, il faut noter le niveau technique élevé et l'émergence de l'Espagne dont deux combattants atteindront les quarts de finale après de très beaux parcours.
Egalement, et bien dans la tradition Kyokushinkai, un combattant de 88 kilos en éliminait un de 128 kilos.
Un coup de tonnerre: Lechi Kurbanov qui avait facilement remporté tous ses combats entamait son huitième de finale face à un compatriote. Le public manifestait quelque peu son mécontentetement face à ce qui s'avérait être une glorieuse séance de sparring. Il était clair que les responsables Russes souhaitaient préserver leur meilleure chance de victoire. Les coups étaient donc relativement peu appuyés et l'issue inéluctable quand, ô stupeur, le brave et obéissant Ilya "descendait" son (ex?) ami Lechi Kurbanov d'un magnifique jôdan mawashigeri, porté avec le tibia sur le cou. Le favori, sonné, se relevait difficilement et paraissait totalement incrédule devant cette mésaventure. Une justice divine? Je ne sais mais la surprise était totale.
Pour la petite histoire, l'insolent fut battu avant la limite lors du tour suivant.
Rien que la simple pensée de l'explication dans les vestiaires entre "camarades" Russes à de quoi faire franchement rire.
A noter le très beau KO réussi en quart de finale par Artur Hovannisyan Sensei et ses 98 kilos face au Russe Stepkin, un épouvantail approchant les 120 kilos. Un chûdan mawashigeri régla l'affaire de façon expéditive.
Ce fut l'hécatombe pour le camp japonais qui plaça deux de ses membres en quart de finale mais pas plus haut. Et encore s'agissait-il des combattants les moins connus. Uchida qui espérait succéder à Kiyama Hitoshi fut sorti prématurément, comme les autres poids lourds Nippons. D'ailleurs, les supporters déçus retirèrent vite la banderole le saluant comme le "top of the world" ornant une des tribunes.
La finale pour la troisième place fut remporté par l'Instructeur Arménien face à un Russe exceptionnel et venu de nulle part. Ce qui nous amène à une autre remarque désagréable. Comment les Russes font-ils pour encaisser ainsi les coups sans broncher? De vraies machines. Certaines mauvaises langues s'interrogent sur l'opportunité d'examens sanguins et d'urine. D'autres, encore plus méchantes, parlent d'injection de novocaïne entre deux combats.
En tout cas, les Brésiliens et les Russes, malgré leur nombre au départ firent les frais du talent d'autres combattants. Seul Ewerton Texeira, facile vainqueur du Tchèque Jan Soukhup en finale suite à deux waza ari sur gedan mawashigeri, se montra à son avantage. La qualification au tour précédent, face à Artur Hovannisyan, obtenue au nombre de planches brisées, avait laissé des traces chez le combattant Tchèque.
Sans aucunement minorer les mérites du vainqueur Brésilien, son parcours fut relativement aisé et certaines décisions en sa faveur plutôt discutables.
Reste de tout cela de belles images, une ambiance bien particulière et de grands moments de karate; c'est bien là l'essentiel.
Des prix spéciaux furent décernés à plusieurs combattants et nous noterons plus spécialement celui du "Kyokushin Spirit" attribué à Artur Hovannisyan Sensei. Il fut selon nous le meilleur combattant du tournoi par sa motivation, sa technique, sa classe et son fair play jamais démenti. L'applaudimètre confirma largement tout cela.
A titre personnel, nous souhaitons relever la performance des Espagnols Pablo Estensoro et Alejandro Navarro. Technique, vista, fighting spirit et sympathie, tout y était.
L'Américain Zensaku Munn se révéla lui aussi un combattant d'exception, tout comme le Brésilien Andrews Nakahara.
Lors du discours de clôture, Matsui Shokei Kanchô ne manqua pas de souligner le besoin pour le Japon de former une nouvelle génération de combattants. L'ambiance risque d'être électrique au Honbu dôjô dans les jours qui viennent.
A dans quatre ans!
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karatejapon le Dim Déc 07, 2008 3:02 pm, édité 5 fois.