par Hanchindi » Mar Nov 06, 2007 10:03 am
Quand je suis allé à Okinawa, j'avais déjà eu une certaine pratique de l'endurcissement/conditionnement dû à l'enseignement de Oshiro Zen'ei sensei. Mais, arrivé à Okinawa, j'ai pu constater que le travail était très progressif.
D'abord, la bonne répétition des kata comme sanchin (gôjû ou uechi) amène déjà une vascularisation, donc une circulation sanguine qui nourrit les cellules ostéoblastes (qui construit l'os), tout cela doit être associé à une juste respiration.
Ensuite, un travail d'habitude au contact des zones concernées par des frottements assez appuyés, avant-bras contre avant-bras, tibias contre tibias.
Ce travail de frottements a ceci d'intéressant que les zones visées sont relativement vastes. De plus, le stress sur l'os est suffisant pour que ce travail ostéoblaste perdure.
Ces façons de faire sont loins d'être inutiles, même pour les pratiquants avancés et amènent à prendre conscience de la contraction et du relâchement à mettre dans ses actions, la force/souplesse, le gô/jû, le (pan)gai/nûn, le kô/nan, le kin/gai.
Enfin, viennent les frappes. Ces exercices ne sont pas la partie la plus efficace pour le renforcement osseux/musculaire si on considère la petite surface frappée, sauf dans les frappes avec le plat de la main. Dans ce travail le renforcement vise plus le mental de celui qui reçoit. Pour le frappeur, il y a un travail vraiment intéressant, c'est la frappe en relâchement, en lourdeur, qui ne sera pas freinée par l'appréhension de l'impact, puisque les surfaces de frappes auront déjà été habituées à cet impact.
En fait, ce travail ne nécessite pas la présence d'un partenaire puisqu'il peut très bien se faire avec un makiwara, voire un mannequin de bois (adapté).
Pour le corps entier, il y a aussi des exercices d'entrechoquements essentiellement des coups d'épaules, en avant et en arrière, mais aussi dos contre dos.
Au honbu-dôjô de uechi-ryû de la ville de Futenma, ils utilisent aussi une roue crantée que l'on roule sur le tibia, et le travail des frappes est très souple et relâché, mais dure très longtemps (30 mn par séance).
Au dôjô Kenshikai de Hokama Tetsuhiro de la ville de Nishihara, on doit faire les déplacements de sanchin (gôjû-ryû) en portant des "kami", normalement des jarres (mais dans ce cas, toute sorte de poids) et nous frapper les cuisses avec, à chaque prise de position.
Au même dôjô, il y a un makiwara portatif, bâton enrubanné qui sert à se frapper les tibias.
Cet été, au Haebaru-shureikan, dôjô de kônan-ryû, branche dissidente du uechi-ryû, dont le créateur, Itokazu Seiki, revendique un retour à un travail plus proche du uechi-ryû d'origine, Shimabukuro Tsuneo me faisait travailler avec des canettes entourées de ruban adhésif (roulage et frappe), avant de passer aux frappes sur poteau entourée de corde.
Ces deux derniers exemples ne m'étaient "réservés" que parce que j'ai déjà une expérience ancienne.
Mais le plus important avant les frappes, c'est ce travail préparatoire (kata et frottements) associé à une bonne respiration, toujours pour la vascularisation et la circulation sanguine donc alimentation des cellules osseuses, travail progressif qui conduit à une pratique sur le long terme. Les frappes, dans un second temps, ne sont vraiment intéressantes que pour ce relâchement et ce travail du mental.
石の上にも三年 (ishi no ue ni mo san nen)
"PATIENCE ET LONGUEUR DE TEMPS, FONT MIEUX QUE FORCE NI QUE RAGE"
Chibariyo!!!