Quel est le plus dur entrainement au Japon?

[Sua]

Comme le dit le titre , quel est le plus dur entrainement au Japon ? Pour le webmaster et en général ? Merci si plusieurs membres répondent à cette question .

[liptonic]

Celui ou tu sues le plus et tu rentres chez toi en etant fatigue voire courbaturé mais pleinement satisfait.

Pas d'école, pas de règle.

[karatejapon]

A titre personnel j'ai beaucoup souffert physiquement et mentalement lors d'entraînements en plein été au Japon, au Honbu dôjô de mon Ecole et à Osaka, mais aussi en plein hiver, lors du kangeiko au Mont Mitsumine. Dans le premier cas c'est la chaleur et l'humidité qui rendent les cours très pénibles, dans le second, le froid mordant est difficile à surmonter. Dans les deux cas le physique et le mental sont mis à rude épreuve.
J'ai aussi le souvenir de cours techniquement très ardus mais il est clair que l'aspect physique marque généralement plus les pratiquants.
Sinon, les entraînements réservés aux yûdansha à notre Honbu dôjô sont une référence en la matière. Les cours "combat" dirigés dans son propre dôjô par Artur Hovannessian Sensei et ceux destinés à améliorer la condition physique sont aussi "douloureux".
Pour en rester sur le sujet du Sensei Arménien, j'ai eu la chance de bénéficier de cours particuliers durant une semaine en prévision de l'examen du nidan. Grand souvenir pour moi mais je ne comptais plus les knockdowns subis lors de ces sessions d'une heure. Nous sommes amis, comme de la famille même, néanmoins il ne m'a rien passé, ce dont je le remercie. L'entraîneur du vainqueur du dernier World Open, autre ami proche du Sensei, a subi le même traitement pendant un mois complet avant de se présenter à l'examen du yondan, grade obtenu avec les honneurs.

Plusieurs articles du site témoignent d'entraînement "infernaux". Leurs titres guideront celles et ceux qui souhaitent les lire ou relire.

[karatejapon]

Afin de compléter quelque peu la réponse qui précède, la presse japonaise, tant généraliste que spécialisée, considère le kangeiko Mitsumine - organisé par le Kyokushinkaikan - comme étant le stage le plus dur de l'archipel, tous budô confondus. Il est exact que certains entraînements qui ont lieu lors de ce rassemblement sont particulièrement difficiles. Par exemple, celui réservé aux compétiteurs et totalement consacré au kumite. Pour y avoir participé, nous pouvons vous assurer qu'il s'agit d'une véritable épreuve, même pour des champions.

[Sua]

Merci pour les réponses . L'entraînement du kangeiko a l'air vraiment très dur . Qui est le meilleur combattant que le webmaster a combattu au Japon ?

[karatejapon]

Bonne question, à laquelle il est difficile de répondre.
N'étant qu'un modeste compétiteur sporadique, tous mes adversaires au Japon ont été difficiles, pas seulement ceux qui m'ont éliminé lors des tournois auxquels j'ai participé d'ailleurs.

Au Honbu dôjô de mon Ecole, je combats régulièrement contre des combattants de haut niveau, la liste pourrait être longue. Néanmoins, pour faire simple, j'en citerai quelques uns, parmi les meilleurs à mon humble avis et vais tenter de donner quelques raisons à mes choix.

Artur Hovanissyan Sensei.
Osons dire qu'il a tout pour lui, la masse physique et la taille (par rapport à notre propre gabarit s'entend) mais aussi la puissance, la technique, un coup d'oeil diabolique pour saisir les opportunités. Ajoutons une expérience exceptionnelle et un talent naturel indéniable. Tout cela en fait un grand combattant, toujours difficile à affronter. Un véritable mur.

Sawamura Yûta Senpai.
Même pas soixante quinze kilos, pas le plus grand non plus mais une volonté d'acier en combat. Il ne lâche rien. Fort techniquement il est impossible de le décourager. Je suis bien plus lourd que lui mais même quand je place des coups puissants, il revient à la charge. Très fort techniquement avec des fondamentaux maîtrisés et un timing redoutable associés à une condition physique toujours excellente. Egalement à noter, ses remises après esquives, percutantes et précises.

Akaishi Makoto Sensei.
Un grand gabarit là encore. Il frappe très fort et met beaucoup de pression quand il attaque. Fin technicien, particulièrement à courte distance, même contre des adversaires ou partenaires moins grands. Il capitalise parfaitement sur les erreurs commises par ses adversaires et se montre excellent encaisseur. Avant de se lancer, il observe toujours soigneusement la technique et la façon de procéder de la personne qui lui fait face. Ses contre attaques sont très puissantes.

Steven Cujic Sensei.
Gros physique et très bon technicien. Quand il attaque, il le fait avec beaucoup de puissance. Il a gagné à ce niveau de façon importante depuis 2011, en prenant du poids en muscles. Il est capable de mettre une grosse pression car il possède endurance et résistance. On pourrait le croire "physique" avant tout mais, comme généralement au honbu dôjô, sa technique lui permet de faire la différence. Il a modifié son approche depuis quelques années, moins de techniques mais plus d'impact avec les bons choix.

Nous nous arrêterons là pour les noms connus mais connaissons bien d'autres combattants très forts au honbu dôjô IKO, de tous gabarits et d'âges divers. Le point commun à tous serait le niveau technique élevé et un mental à toute épreuve.

[Sua]

Merci pour toutes ces réponses sur les 2 sujets . C'est plus clair maintenant pour moi .

[karatejapon]

Avec plaisir Sua. Il ne s'agit là que de réponses personnelles et non exhaustives, correspondant à nos expériences au Japon.

[liptonic]

Et à Osaka ?
Vois tu une grande différence de niveau par rapport à Tokyo?

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[karatejapon]

Pas vraiment, j'y ai aussi rencontré de rudes combattants, notamment Tagahara Sensei, au passé de compétiteur élogieux. Le combattre est toujours délicat. Pas très grand mais musclé et beaucoup de densité avec, comme toujours, une palette technique exceptionnelle et un fighting spirit à l'apanage. La différence vient essentiellement des effectifs réduits par rapport à ceux du Honbu dôjô.

[karatejapon]

Un exemple d'entraînement physiquement très dur fut celui dirigé voici deux semaines par Akaishi Makoto Sensei, au Honbu dôjô Kyokushinkaikan.
Il s'agissait du cours réservé aux yûdansha où pas moins de vingt sept personnes étaient présentes, en ce milieu du mois d'août, malgré la chaleur étouffante et l'étroitesse des lieux. Les participants allaient du shôdan au yondan.
Prévu pour durer 1H30, l'entraînement formalisé a duré 1H45.
Un journaliste du mensuel World Karate était présent afin de préparer un reportage sur un des meilleurs combattants Russes dans la catégorie des -80 kilos. D'autres étrangers étaient présents dont Daniel, un Chilien nidan, une jeune Russe shôdan et Ben, un Américain qui vient de Californie, au Japon pour étudier le karatedô.
Afin d'illustrer la dureté et la difficulté des entraînements Kyokushin, le Sensei nous a placés en cercle et nous avons entamé les débats par 280 tsuki - dix par personne avec kiai et kime - puis 280 maegeri. Ensuite, par deux, nous avons réalisé dix séries de vingt pompes sur les poings, ceux ci sur des planchettes de bois, pas à même le tatami. Le partenaire qui attend son tour compte chaque série de vingt puis prend la place son partenaire. Difficulté supplémentaire, le temps imparti était établi en deçà des dix minutes. Pour l'anecdote le jeune champion Russe et sa compatriote ont réalisé l'exercice en moins de neuf minutes, tout comme votre webmestre et son partenaire nidan.
Un long travail de idogeiko a suivi avec des déplacements comprenant jusqu'à cinq techniques de bras ou de jambes.
L'étude des kata a porté sur Tekki sono ichi et Tekki sono ni avec un très intéressant travail des bunkai possibles à partir de techniques adaptées à l'autodéfense. La finesse technique du Sensei a été une nouvelle fois démontrée à cette occasion.
Pour finir, quinze tours de combat d'une minute qui nous a permis de nous mesurer quelque peu à notre ami Russe dont la réputation est justifiée, merci de nous croire.
En résumé, un cours épuisant mais enrichissant.

[Sua]

Merci pour ce récit de cours , c'est très intéressant et ça à l'air vraiment dur . Merci de nous proposer d'autres descriptions de cours au Japon .

[karatejapon]

Avec plaisir Sua. Nous poursuivrons dans cette voie et proposerons d'autres descriptions d'entraînements divers. En fait les cours physiquement durs sont très fréquents au Japon.

[Sua]

En cas de grosses chaleurs comment se passe l'entraînement au honbu dojo ? C'est adapté ?

[karatejapon]

De par notre expérience, l'adaptation est minime en cas de forte chaleur. Les cours en plein été au Honbu dôjô IKO sont éprouvants. Il n'est pas rare que la climatisation soit coupée et les fenêtres fermées. C'était le cas il y a deux ans, lors d'un cours pour yûdansha, dirigé par un sensei yondan qui estimait - au grand dam des tous les élèves présents - que nos kiai pourraient déranger le voisinage et les passants dans la rue...
En fait, la seule adaptation consiste en des pauses plus fréquentes, généralement quatre au lieu de deux, sur quatre vingt dix minutes, afin de rentrer au vestiaire pour s'hydrater. Chaque pause n'excédant pas trois minutes dans le meilleur des cas. Peu de différence donc avec un cours suivi dans des conditions plus clémentes.