liptonic a écrit :Je trouve que certain(s) a (ont) la dent dure contre la FFK.
J'imagine que ce message s'adresse en partie à moi. C'est vrai, il y a pas mal de choses qui me dérangent au sein de la FFK et qui mériteraient amélioration; je l'assume complètement.
liptonic a écrit :Certes cette fédération n'est pas parfaite mais permet de définir un cadre, légal entre autre, et de délivrer des attestations afin d'éviter que tout le monde puisse faire n'importe quoi.
Je suis d'accord sur le fait qu'il soit nécessaire de définir un cadre. Le problème, en France, c'est qu'il s'agit de la seule fédération agréée! Dès lors, elle porte la (certes lourde) responsabilité de définir l'orientation générale des arts martiaux qu'elle représente dans notre pays, avec un impact potentiellement néfaste sur les arts martiaux en question. A partir de là, je ne suis pas certain que ce soit bénéfique, et même, cela peut devenir contre-productif, puisque tout ce qui découle de la fédération est considéré comme "parole d'évangile", par le grand public et par les instances gouvernementales. En somme, il n'y a plus qu'une seule doctrine, une seule voie, et les pratiquants n'ont pas d'autre choix que d'y souscrire.
D'aucuns me parleront des USA, où n'importe quel quidam peut se déclarer 5e, voire 10e dan et ouvrir sa propre fédération. C'est vrai; je l'ai vu et vécu. Mais s'il y a des charlatans, il y a aussi d'excellents enseignants, qui savent transmettre une vision du karate-do traditionnelle et de qualité. A titre personnel, c'est lors de mon séjour d'un an aux USA en 1996-97 que j'ai le plus progressé en karaté, car j'ai trouvé un petit Dojo indépendant avec un professeur de grande valeur.
Quant au cadre légal, il est de par ailleurs suffisamment développé dans notre cher pays pour éviter que l'on ne fasse "n'importe quoi". J'imagine alors que tu voulais surtout parler des diplômes qu'il délivre; eh bien, parlons-en. Je pense que tout le monde en convient sur ce site, toi y compris, d'après ce que j'ai pu lire sur d'autres fils: le niveau du shodan en France est complètement galvaudé. Or, c'est le seul qui soit reconnu au niveau national, puisque la délivrance des grades et dans est la chasse gardée de la FFK. Voilà une conséquence directe de ce que je mentionnais plus haut, à savoir la toute-puissance d'une instance unique qui ne se remet jamais en question, fonctionnant en autarcie et, le plus souvent, par cooptation. Eh bien ce shodan, cher liptonic, est la condition technique d'inscription au DAF et au DIF, diplômes qui ouvrent la voie à l'enseignement en pleine autonomie. Penses-tu réellement que l'on garantit la qualité dudit enseignement de cette façon? Moi pas.
Par ailleurs, lorsque l'on regarde le programme du DAF, on voit que seules dix heures concernent la pédagogie; dix heures! Cela ne sert évidemment à rien, sinon à justifier le titre de "formation" et, accessoirement, les 100€ de frais d'inscription. Il est bien évident que toutes les heures passées dans un (ou, et c'est préférable, plusieurs, afin de confronter plusieurs types de pédagogie) dojo(s) ou dans des stages sont bien plus profitables et utiles pour se former à l'enseignement. Quant à la participation aux organisations associatives, elle a pour but principal de motiver des gens à s'impliquer dans les compétitions et/ou passage de grade, ce qui a certes une importance, mais n'a pas lieu de figurer dans une formation d'enseignant. Restent les stages d'experts, mais je reviendrai là-dessus plus tard.
liptonic a écrit :Par ailleurs, enseigner est un métier qui s'apprend et ce indépendamment du talent initial de chacun.
Je suis d'accord avec toi, mais ce n'est pas un métier que l'on apprend en 10h de théorie. C'est surtout l'expérience au contact avec des professeurs, en tant que pratiquant, qui permet de se former. Par ailleurs, comme je l'ai déjà dit, la compétence technique est, pour tout art martial, un élément essentiel de la qualité d'un enseignant.
liptonic a écrit :Pour le DAF, je m'étais renseigné avant d'émigrer et à priori le DAF doit être reconduit chaque année. Néanmoins, dans la clause cité par un membre on peut souligner ".... de formation continue mis en place par l’Ecole Régionale de Formation ou à des stages d’experts". Nul doute qu'une personne motivée et intéressée par le Karate suivra au moins un stage par an, d'autant plus si ce dernier aspire à enseigner.
Suivre un stage par an, certes, mais il est spécifié qu'il doit s'agir de stages "d'experts". Il s'agit bien entendu des experts référents listés par la fédération sur
ce lien. Là encore, pourquoi restreindre cette condition à ces seuls experts? Personnellement, je suspecte une motivation financière, mais je suis peut-être paranoïaque. Cela me fait penser à ces fameux stages qui permettent de glaner, par sa seule participation, quelques points pour le passage du shodan...
Je ne suis pas contre le diplôme en lui-même, mais tout cela manque singulièrement de logique et de bien-fondé, avec en toile de fonds un aspect financier qui me dérange (200k€ de frais d'inscription récoltés pour l'année 2011/2012, ce qui n'est pas négligeable).
liptonic a écrit :Quant à la bonification de passage de grades, je ne suis pas sur que ce soit la motivation numéro un de la majorité des aspirants professeur.
Mais j'espère bien que ce n'est pas la motivation première des inscrits! Le problème que j'ai soulevé à travers cette phrase est, encore une fois, celui de la logique et du bien-fondé. Pourquoi un titulaire du DIF devrait attendre moins longtemps entre chaque passage de grade? Cela n'a aucun sens! Personnellement, je l'ai dit à plusieurs reprises sur ce forum, je trouve ces histoires de temps d'attente ridicule. Soit on a le niveau pour se présenter, soit on ne l'a pas. Il serait plus simple de travailler sur un système de parrainage, i.e. pour se présenter au dan X, il faut être parrainé par quelqu'un possédant un grade Y supérieur ou égal à X. Enfin, passons.
liptonic a écrit :en disant par exemple qu'au bout de deux ou trois ans, le DAF est transformé en DIF.
Ce pourrait être une solution à condition de repasser devant un jury (à l'instar de ce qui se fait dans la fonction publique française ou tout année de stage doit être validée.)
Je ne suis pas certain que repasser devant un jury, dès lors que l'on pourrait justifier d'une activité d'enseignement. Du reste, se baser sur la fonction publique française est peut-être la raison de toutes ces inepties, car en matière d'incohérence, en France, nous sommes servis. Par exemple, en demandant aux candidats au CAPES d'être forcément titulaires d'un master, on se retrouve devant une pénurie de candidats dans les matières scientifiques, où les débouchés à ce niveau d'éducation sont nombreux; tout cela alors que le master en question n'est absolument pas nécessaire pour enseigner au collège/lycée...
Bon, j'arrête là, et je prie au passage notre webmestre de faire preuve d'indulgence vis-à-vis de cette (longue) digression.