Depuis longtemps nous cherchions deux films japonais inspirés de la vie d'Oyama Masutatsu Sôsai. Impossibles à trouver sur la toile en format DVD il y a quelques années, les spécialistes en France des films asiatiques n'avaient pu, eux non plus, trouver ce que nous recherchions.
Très récemment nous avons enfin pu acquérir ces DVD, à Ôsaka, après une recherche approfondie.
Edités par Toei Video, "Kenka karate Kyokushin ken" et "Kenka karate Kyokushin buraiken" ont été réalisés par Yamaguchi Kazuhiko.
Sortis en salle en août 1975 pour le premier puis décembre de la même année pour le second, ces films sont inspirés d'épisodes de la vie du fondateur du Kyokushin karate.
Autant le dire tout de suite, il s'agit plus d'un format bande dessinée que d'un biopic fidèle. Bien loin de là même. Le parallèle avec "Fighter in the wind" est ici avéré.
Avec une approche très kitsch, ces films, avec le recul, paraissent plutôt mièvres et donnent parfois dans la comédie alors que tel n'était pas leur orientation à l'époque du tournage.
Le ton est donné dès le générique avec des chansons typiquement japonaises, bien dans la veine du début des années 1970.
Par contre les deux films proposent en ouverture des images d'entraînement Kyokushinkai avec Oyama Masutatsu Sôsai - d'ailleurs crédité au générique - et ses deshi. Course sur la plage, kata, tobigeri, etc. Tout cela est plutôt sympathique mais dans un style lyrique, là encore dépassé de nos jours.
Sur l'ensemble des deux DVD vous verrez le jeune Oyama Masutatsu, appelé "Sensei", affronter, en vrac: un taureau supposé furieux (aidé en cela par un "habile" jeu de caméra), un ours (grand guignolesque et franche rigolade garantie), des yakuza plus vrais que nature avec costumes en soie et lunettes de soleil en pleine nuit, de méchants et fourbes soldats Américains dont deux colosses qui finiront bien entendu dans la sciure, etc.
Autant le dire tout de suite, le scénario a l'épaisseur du papier à cigarette. La psychologie des personnages est réduite à sa plus simple expression et le trait forcé à souhait.
Quoiqu'il en soit, la trame en est constitué par le contentieux entre le héros et le Senmukan karate. Ecole fictive dont les tenants rejettent la brutalité et la violence gratuite de l'insolent Oyama venu les défier jusque dans leur propre dôjô, après les avoir ridiculisés lors d'un tournoi (tameshiwari et kumite au programme). Bien entendu on s'aperçoit vite que ces karateka sont malhonnêtes, revanchards, eux mêmes violents et cruels à souhait.
Toujours au plan des clichés, le personnage principal évolue pour devenir raisonné, juste et bon, pour atteindre une certaine forme de rédemption. Toujours prêt à défendre la veuve et l'orphelin (dont il a d'ailleurs tué le père, yakuza de son état, lors d'une rixe).
On trouve également une jeune et jolie jeune fille, pure (pour un temps du moins) comme il se doit.
Les sidekicks meurent tragiquement ainsi qu'une autre jeune fille, en échappant à son violeur qui n'est autre qu'un haut gradé du Senmukan karate.
Chaque film se conclut par un duel qui n'est pas sans rappeler certaines légendes des Arts Martiaux japonais tel celui ayant opposé Miyamoto Musashi à Sasaki Kôjiro.
Et les combats eux mêmes nous demanderez vous...?
Leur crédibilité souffre du fait des exagérations classiques de l'époque, tout comme dans les films chinois du même genre. Les bruitages et les flots de sang giclant des blessures participent largement de cette constatation.
Par ailleurs, si les acteurs sont connus, du moins au Japon par les plus de quarante ans, la carence de vrais pratiquants est une grave lacune. Hormis Chiba Shinichi, mieux connu en occident sous le nom de Sonny Chiba, les autres protagonistes ne font pas montre de grandes connaissances en la matière.
L'acteur principal est, quant à lui, un authentique Sensei yondan Kyokushinkai. C'est lui qui incarnait le maître forgeron Hattori Hanzô dans "Kill Bill II".
Quelque peu inspiré par certains films de Bruce Lee et d'autres productions chinoises de la période, Oyama Masutatsu Sensei combat seul contre vingt ceintures noires, arrête un sabre entre les paumes des mains, affronte un expert du kusarigama l'attaquant de concert avec un spécialiste du bô, élimine un ennemi armé d'un nunchaku ainsi qu'un pratiquant d'Arts Martiaux chinois. Enfin, il échappe même à des tueurs munis d'armes à feu. Beaucoup de clichés donc mais, à nouveau, il faut savoir replacer ces films dans le contexte de l'époque.
Chiba Shinichi est toujours une vedette au Japon. Il a organisé une démonstration de karatedô et de sabre japonais qui a eu droit aux honneurs de la presse hebdomadaire, l'année dernière. Il était, pour l'occasion, accompagné de ses enfants, yûdansha eux aussi.
Si vous faites abstraction du fait que ces films aient vieilli et si vous les replacez dans leur contexte historique, vous passerez tout même un bon moment en les visionnant.
"けんか空手 極真拳" "Kenka karate Kyokushinken"
Référence DSTDO 2640 Tohei Video
Durée 88'
En couleurs
Langue japonaise uniquement
Format 16:9 NTSC
4725¥ (prix jaquette)
"けんか空手 極真無頼拳" "Kenka karate Kyokushin buraiken"
Référence DSTDO 2735
Durée 87'
Autres références identiques au premier épisode