par karatejapon » Ven Sep 08, 2006 3:42 pm
Peu connu en France - mais reconnu aux Etats Unis - Ashihara Hideyuki Kanchô est une figure populaire du karatedô japonais.
Le numéro 221 (juillet 2005) du mensuel nippon "Full contact karate" lui consacre près de la moitié des ses colonnes.
Au delà du parcours personnel de cet expert, on découvre largement son fils - Hidenori - qui, dans la tradition japonaise des Ecoles Martiales, succèdera à son père à la tête de la Ashihara ryû.
On pourrait, bien sûr, qualifier cette façon de faire de népotisme ou de chasse gardée. C'est parfois le cas mais, ici, la valeur démontrée par Ashihara Hidenori Sensei justifie ce choix traditionnel.
Au Japon, le parallèle a, bien entendu, été fait par certains avec la succession d'Oyama Masutatsu Sôsai. Ce dernier, fondateur du Kyokushin karate et ancien professeur d'Ashihara Hideyuki Kanchô, a été remplacé - après sa mort - de façon houleuse. La transmission traditionnelle étant, là encore, le noeud du problème.
Les principes de l'Ecole Ashihara sont assez semblables à ceux mis en avant par la Kyokushinkai, ce qui est somme toute logique au regard du parcours du fondateur. Il s'agit donc de jissen karate.
La position de garde basique rappelle l'Uechi ryû karate; mains ouvertes et en avant, genoux légèrement fléchis. Ceux ci sont amplement utilisés, en blocage et pour attaquer.
De même, les projections sont au programme d'étude, après application sur l'adversaire de kansetsu waza.
Le shita tsuki ou chûdan ura tsuki semble moins utilisé que par les pratiquants de Kyokushin karate. Ce fait semble du à une recherche de plus grande distance entre les combattants.
Le magazine établit un parallèle entre le karate de la Famille Ashihara et le Kudo daido juku d'Azuma Takashi Kanchô.
Ce dernier, également ancien membre de la Kyokushinkai, s'est - d'après la revue japonaise - plus éloigné de l'enseignement reçu. En effet, les kata ont été éliminés de sa ryû. Par contre, une bonne dose de ne waza a été introduite dans la pratique.
Ashihara Kanchô ne renie pas son alma mater mais revendique des spécificités et un chemin personnel. Comme de coutume au Japon, pas de déclarations fracassantes. Néanmoins, Ashihara Hideyuki Kanchô critique quelque peu les décisions prises par la Kyokushinkai après le décès du fondateur et ne semble pas nourri une grande sympathie pour Matsui Shokei Kanchô, actuel responsable de ce groupe. Il est notamment question d'aspect sportif prenant le pas sur l'Art Martial.
Selon les propres termes d'Ashihara Hideyuki Kanchô, la loyauté fait tout.
Son fils étant son plus proche disciple, c'est tout logiquement qu'il prendra les rênes de l'Ecole familiale.
Le fils, né en 1976, prône comme son père le retour à un karatedô régit par des traditions remontant à l'époque des samurai.
Le futur Kanchô appuie sur la technique lors des cours quotidiens qu'il donne au Honbu dôjô. Selon sa vision, le combat seul n'est pas possible sans un travail régulier des bases. La précision technique est donc un paramètre incontournable pour les deshi du Ashihara karate.
Une des spécificités de l'enseignement de cette Ecole est le combat contre deux adversaires. Ce type d'exercice est régulièrement pratiqué par les deshi avancés, soit à partir du shôdan. Plusieurs photos illustrent ce travail censé marquer un retour à la tradition des origines du karate. Il faut entendre par là l'autodéfense qui reste la raison d'être du karate par opposition à l'aspect sportif, secondaire.
L'interview du fils Ashihara met en valeur des idées calquées sur celles de son père.
Il décrit une enfance heureuse rythmée par les entraînements quotidiens conduits de façon sévère mais juste. Il parle aussi de sa fierté quand son père lui remettait les diplômes de grade au fur et à mesure de sa progression.
Comme tout enfant Japonais, le baseball et le football l'attiraient mais il était clair que le karate était sa vocation. Les choses se sont faites naturellement et, aujourd'hui, il se perfectionne pour assurer un jour la pérennité de l'Art Martial de sa famille. En cela, on quitte un peu le Japon pour se rapprocher de la conception classique okinawaïenne.
Au travers des lignes de la double interview on sent la quasi symbiose entre les deux générations et une grande identité de vues.
Instructeur au sein du Honbu dôjô, Ashihara Hidenori Sensei a déjà la responsabilité de superviser le développement de l'Ecole en Russie et en Suède. Petit à petit, c'est toute l'Europe qu'il aura sous son autorité.
La continuité de l'Ecole Ashihara semble tout à fait assurée. Reste à la faire connaître de façon plus large, ce à quoi entendent s'attacher les deux professeurs mais à leur rythme.
En effet, comme le dit Ashihara Hideyuki Kanchô, il s'agit avant tout d'une Ecole familiale, avec un nombre restreint de deshi, qui place la qualité au premier rang de ses préoccupations.
Les erreurs éventuelles d'interprétation ou de traduction sont de la seule responsabilité du webmestre.
Pour des informations complémentaires, nous vous suggérons la lecture de divers articles relatifs sur le site.