ce sujet est complexe et epineux.
il est certain que la veritable valeur du budoka est en lui, qu'elle n'est reelle que si elle s'inscrit sur la duree, et qu'il n'est pas question de technique seulement.
Neanmoins un examen un jour J a une heure H est une epreuve qui a son interet propre.
je vous propose de penser au samourai qui a force d'entrainement sans relache atteint un niveau technique impressionant. Notre samourai doit affronter un adversaire lors d'un duel shinken-shobu (combat a lames reelles) a une date fixee dans un futur proche: ca ne vous rappelle pas quelque chose ?
ici c'est son examen a lui, et s'il n'est pas capable de ressortir en situation la maitrise dont il fait preuve durant son entrainement, quelque soit sa bonne ou sa mauvaise raison, il sera elimine, et sans espoir de retenter l'examen.
l'examen a echeance fixee a l'avance est un bon moyen pour le candidat de percevoir sa propre progression sur la voie. s'il est capable de maitriser son esprit pour le garder concentrer sur l'action et l'objectif et vide de tout doute, de toute hesitation et de toute crainte (ne pas sombrer dans une cacophonie spirituelle ou les doutes, les craintes d'echec, le manque d'assurance accaparent toutes les ressources de l'esprit), comment pourrait-il avoir la mauvaise attitude ? (le zanshin, ca vous dit surement quelque chose).
idealement cet etat d'esprit vide et vigilant deviendra permanent et meme les evenements imprevus ne perturberont plus l'attention que votre esprit fixera sur son objectif, vous percevrez clairement les situations et reagirez donc de maniere appropriee. on rejoint ici le zen et on aborde tout ce qu'il peut apporter au budoka et qu'il a apporte en leur temps aux samourais.
d'autres aspects sont a considerer:
-que penser des gamins de 16ans qui obtiennent leur shodan via la competition ? quid de leur sagesse et de leur progression sur la voie ? connaissent-ils seulement les preceptes du budo ou flattent-ils leur ego avec des victoires sportives qui les mettent en valeur ?
-le candidat qui rate son examen de dan par manque de maitrise de son esprit (il se laisse envahir par la crainte de l'echec, l'eventualite d'une erreur, finit par douter de ses capacites), pourquoi perd-il ses moyens en realite ? que risque-t-il en realite ?
n'est-ce pas son ego qui craint d'etre ridicule ? n'est-ce pas son ego qui craint de ne pas avoir ce qu'il attend ? n'est-ce pas son ego qui craint d'etre considere comme moins valeureux que les candidats qui reussiront ?
probablement que oui. car en toute objectivite, la progression acquise durant la preparation a l'examen ne disparaitra pas avec l'echec au dan. pas plus que la reussite n'ameliorera le karate du candidat qui reussi. il est toujours plus facile de s'apprecier dans la reussite que dans l'echec.
notre richesse est en nous, c'est notre karate, celui qui est pret physiquement, mentalement et techniquement obtiendra naturellement le niveau qui lui correspond.
celui qui n'est pas pret echouera peut-etre, il progressera encore pour achever ce qui lui manque, jusqu'au point ou le doute ne sera plus possible, il sera visiblement pret.
quant a ceux qui portent des grades qu'ils n'ont pas obtenus, ou obtenus pour des raisons qui n'auraient jamais du donner lieu a l'attribution d'un grade, je dirais simplement que ce n'est pas en accord avec ma version du karate. par coherence avec mes convictions et par respect pour tout ceux qui suent sang et eau pour ameliorer leur karate et progresser sur la voie, je ne mentirais jamais, et surtout pas a moi-meme.
je suis loin d'avoir la sagesse et la clairvoyance du maitre zen, mais comme vous je m'entraine pour progresser. J'ai deja connu l'echec a un examen, et j'ai continuer a m'entrainer jusqu'a ce que l'echec ne soit plus possible. Je ne me suis pas cherche d'excuse.
comme disait Jiddu Krishnamurti "il ne faut pas juger de ce qui est bon ou pas bon, ni comparer ce qui est et ce qui doit etre. il n'y a qu'en observant les choses dans leur globalite et sans prejuges qu'on peut les percevoir comme elles sont vraiment."
l'ennemi est en nous et pour marcher vers la reussite il faut le mettre en echec. les examens sont avant tout des combats contre soi-meme.
en revanche je suis d'accord avec le fait que l'organisation des examens FFKAMA est parfois problematique (ambiance bruyante, on entend mal les consignes, etc).
mes excuses pour le pave