par karatejapon » Jeu Jan 27, 2011 3:53 pm
Nous arrivons au terme de cette série d'articles sur le kangeiko Kyokushinkaikan 2011.
En guise de conclusion nous souhaitons vous faire partager notre ressenti et nos réflexions sur divers sujets ayant trait à ce stage d'exception. Ne voyez pas, s'il vous plaît, dans ce qui suit, un exercice purement convenu mais, très prosaïquement, une certaine vision d'un simple pratiquant motivé.
Tout d'abord, à titre personnel, cette première expérience fut réellement profitable et nous entendons d'ailleurs la renouveler l'année prochaine.
Nous attendions ce kangeiko avec beaucoup d'envie et l'avons vécu avec grand plaisir ce qui, en soit, est déjà très bien.
Au delà d'une certaine satisfaction personnelle, la sensation d'être sur le bon chemin est bien présente après ce stage. Les encouragements prodigués par plusieurs membres de l'organisation ont renforcé cette idée. Fukuda Isamu Shihan, toujours proche des ses deshi, a renouvelé sa confiance en notre travail et notre sérieux. Le pluriel est ici de mise car notre Senpai a fait l'objet des mêmes remarques.
En ces périodes troublées de scission, cet avis d'un Shihan n'est pas anodin et prend toute sa valeur à nos yeux.
Matsui Shokei Kanchô nous a encouragés dans des termes très proches lors d'une courte conversation. Rien ne l'y obligeait mais sa constatation quant au sérieux des pratiquants Français, sous la férule de Jacques Legrée Shihan, est importante à notre sens. Selon lui, nous avons représenté les valeurs prônées par notre Ecole et jamais démenties au sein de notre dôjô. Aucune prétention ni auto glorification de notre part, nous n'étions que deux simples pratiquants mais avons fait ce que l'on attendait de nous.
Un autre point essentiel de satisfaction concerne l'intégration au groupe. Nous n'étions qu'une poignée d'étrangers mais avons été, selon notre ressenti, parfaitement assimilés par les pratiquants Japonais.
Bien entendu, tout comme Chris, ikkyû Anglais japonisant, notre connaissance de la langue, des coutumes et du pays en général ont simplifié tout cela. Néanmoins, nous croyons sincèrement que les autres étrangers, sans parler japonais, ont su s'intégrer, aidés en cela par la solidarité démontrée par nos amis Nippons.
Oleg, ikkyû Russe ne parlant que sa langue natale a, lui aussi, été entraîné vers le haut par le groupe. Quand des Senpai l'ont poussé dans ses derniers retranchements, il ne s'agissait point d'acharnement mais de "faire comme les autres" et de l'aider, à la façon japonaise. Cet aspect est essentiel pour ce type d'épreuve.
Pour en finir avec ce sujet, nous reprendrons les paroles d'un des Senpai avec qui nous partagions la même chambre. Alors que nous lui exprimions notre satisfaction et nos remerciements pour cette intégration facilitée, tout en regrettant de ne pas mieux parler japonais, sa réponse fut simple: "Il n'y a pas d'étrangers ici mais uniquement des pratiquants de Kyokushinkai karate. Nous sommes comme une famille et nous nous entraidons". Ces paroles de Nakamura Senpai pourront paraître galvaudées à certains mais ce serait, nous croyons, une erreur due à une méconnaissance de la façon de faire locale.
Sur un plan technique, si nous n'avons rien appris de véritablement nouveau, les amples explications fournies par Matsui Shokei Kanchô furent les bienvenues. Les "piqûres de rappel" - veuillez nous excuser la trivialité de l'expression - sont nécessaires. Par ailleurs, un oeil neuf verra autre chose et les corrections n'en seront que plus profitables. D'où notamment l'intérêt de pratiquer avec de parfaits inconnus dont certains de haut niveau.
Ayant la chance de nous entraîner, tant en France qu'au Japon, dans des dôjô très fréquentés, nos partenaires sont nombreux et divers. Néanmoins, on fini toujours par les connaître plus ou moins. Un changement total de temps à autre est profitable.
Pas de révélation donc mais une confirmation à propos de la façon de pratiquer des Japonais: les bases, encore les bases, toujours les bases. Peu importe votre expérience ou votre grade car on peut - et doit - toujours chercher à améliorer ces techniques qui peuvent sembler assimilées mais nécessitent d'être raffinées sans relâche.
Pour participer à un kangeiko ce cette teneur, le goût de l'effort doit être inné, c'est pour nous une évidence. Malgré tout, il est là aussi bon de se bousculer sur le plan psychologique quand c'est possible. La remise en question est importante voire incontournable.
Attendre en dôgi, dans le froid et l'obscurité puis s'entraîner dehors, sous la neige, est très profitable. Cela permet de mieux se connaître et, pour certains, de franchir un cap.
L'émulation du groupe fait le reste et les moins forts mentalement s'accrochent, tirés vers le haut. Très japonais et très efficace pour celui qui se donne sans compter.
Revenons à cette idée de kangeiko si vous le permettez.
Celui auquel nous avons participé est considéré comme le pus dur du Japon par la presse locale. Le grand public en a souvent entendu parler. C'était le cas des agents d'immigration et des douaniers à l'aéroport de Tôkyô-Narita, à notre arrivée au Japon.
Une équipe de Fuji TV, chaîne privée couvrant (en clair) l'ensemble du territoire japonais, nous a suivi durant les trois jours du stage. Un reportage sera diffusé prochainement au Japon.
Les kangeiko ne sont pas rares dans l'archipel car il s'agit là d'une tradition partagée par de nombreuses ryû, pas seulement de karatedô.
Nous avons largement utilisé au cours de cette série d'articles le terme de "stage" mais, à notre humble avis, un kangeiko est encore autre chose. Quelque part difficile à définir mais l'investissement requis et les bénéfices que l'on en retire donnent une autre dimension à l'évènement. Peut être faut-il y participer afin de saisir pleinement ce dont il s'agit.
Pour conclure, nous souhaitons exprimer des remerciements à plusieurs personnes. A nouveau, pas d'exercice convenu et incontournable au profit du politiquement correct. Notre reconnaissance est entière et, surtout, sincère.
Jacques Legrée Shihan nous a encouragés à participer à ce kangeiko mais nous y a aussi bien préparés, depuis des années. On n'arrive pas à un tel stage en "touriste", "les mains dans les poches". Mon senpai et moi même sommes arrivés prêts, tant physiquement que mentalement. Tous les participants n'ont peut être pas eu cette chance mais, personnellement nous sommes tout à fait conscient de ce qui nous a été donné.
Matsui Shokei Kanchô a su partager ses connaissances, nous conseiller et prendre du temps. Aucune idée d'élitisme ni celle d'évoluer dans une sphère inatteignable pour les simples pratiquants que nous sommes.
Malgré sa garde rapprochée, le Kanchô a pris du temps pour nous, humbles pratiquants Français.
A titre plus personnel, nous avons grandement apprécié sa considération et son attention alors que nous subissions des problèmes de santé. Ses mots aussi car malgré un passage nocturne aux urgences de l'hôpital le plus proche (une heure de route tout de même...), nous étions avec le groupe prêt pour le cours du lendemain matin. Matsui Shokei Kanchô s'est alors inquiété de notre santé et a suggéré de rentrer à Tôkyô pour se reposer et se faire soigner. Devant notre refus, ses paroles furent laconiques mais revigorantes: "You show real Kyokushin Spirit..." Pas de réthorique mais des mots importants dans notre situation.
Pour l'anecdote, Jacques Legrée Shihan a d'ailleurs répondu en écho: "On est Kyoku ou on ne l'est pas!" Tout un état d'esprit en somme...)
Toujours dans le même ordre d'idée, nos remerciements chaleureux vont aux membres de l'organisation pour leur sollicitude et leur considération, jamais démenties.
Plus largement, l'ensemble du groupe est à remercier pour ces moments de partage et d'efforts communs. Des ceintures blanches aux Shihan, tous ont oeuvré dans la même direction, avec solidarité et entraide. Nous les retrouverons avec un réel plaisir.
Enfin, nous n'oublions pas notre Senpai dont l'amitié nous a été bien utile lors de moments difficiles. Point n'est besoin d'en dire plus si ce n'est que retourner ensemble au kangeiko en 2012 sera un nouveau privilège.
Nous espérons que cette série d'articles aura su vous intéresser et vous remercions de nous avoir lu jusqu'au bout.
Et si vous en voulez plus, votre souhait sera exaucé d'ici quelques jours avec une série de photos.
Merci de votre fidélité.
Le webmestre, karatejapon
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karatejapon le Mar Août 30, 2011 4:20 pm, édité 1 fois.