par ChusetsuDo » Dim Avr 11, 2010 12:32 pm
Bonjour à tous,
Cette question du passage de grade ma beaucoup tourmenté au fil des années, et j'imagine qu'il n'y a pas de réponse simple à y apporter. A titre personnel, savoir que je suis Xème Dan m'importe peu, d'autant que, comme on le voit au travers des posts ci-dessus, c'est finalement une notion toute relative, selon la fédération à laquelle on appartient (et encore, on voit que le programme JKA France diffère de celui au Japon). Ce à quoi je m'attache, c'est la pratique, la découverte du karaté-do, au quotidien, et cela suffit pour l'instant à mon bonheur.
Là où, en revanche, les grades ont une importance, c'est au niveau de l'enseignement, car il devient une indication, pour les élèves, des compétences martiales de leur instructeur. Bien sûr, cette indication est toujours relative, mais elle a au moins le mérite d'exister, et il est alors essentiel d'en maintenir un degré de valeur le plus réaliste possible.
Un bémol à ce qui précède, néanmoins: cela ne vaut que pour les élèves débutants, car un élève confirmé n'a pas besoin de savoir que son professeur est Xème Dan pour apprécier son niveau de pratique. Par exemple, une fois par semaine, l'entraînement de mon club est assuré par un pratiquant 3e Dan qui, à mon sens, vaut tout juste le shodan. Inversement, je connais des 4ème Dan qui valent un 5ème ou 6ème. La question est donc vraiment complexe, mais elle ne m'affecte plus autant qu'avant. Quand je pratique auprès d'un nouveau sensei, je ne me préoccupe pas de son grade: je prends ce qu'il a à me donner, avec reconnaissance, et s'il ne me convient pas, je vais voir ailleurs si je peux (ou je m'entraîne seul, comme je l'ai fait pendant huit ou neuf ans).
Je pratique depuis une quinzaine d'années, et je suis ceinture marron (1er kyu) depuis plus de dix ans. Je n'ai pas passé la ceinture noire car je me suis retrouvé sans club pendant huit ans environ, comme je l'ai dit plus haut, puis des problèmes administratifs ont fait que je n'ai pas forcément pu me présenter plus tard. Cette année, à la demande de mon professeur, je me suis inscrit à l'examen du shodan FFK. J'y suis allé, je l'ai passé, et ça m'a profondément ennuyé. Personnellement, ça ne m'a servi à rien, ne m'a apporté aucune satisfaction, et je ne suis pas plus avancé.
Le seul point positif, si j'ose dire, c'est que je vais pouvoir porter une ceinture noire. C'est idiot à dire, mais les gens écoutent les conseils que vous leur donnez avec plus d'attention que si vous portiez une ceinture marron. Et puis, durant les stages, je pourrai travailler avec les pratiquants plus avancés (je serai du côté des "hauts gradés"). Je crois que c'est pour cela que mon professeur a voulu que je présente l'examen. Je l'ai fait par respect envers lui.
Soit dit en passant, je ne comprends pas ces critères de temps entre chaque passage de grade (qui existent dans de nombreuse fédérations, en tout cas à la FFK et aussi à la JKA). Pourquoi ne pourrait-on pas se présenter au passage de n'importe quel examen? Toujours à titre personnel, mon professeur (7ème Dan FFK) pense que j'ai le niveau pour présenter le 4ème Dan (toujours FFK). Je ne sais pas s'il a raison, mais la meilleure façon de le savoir serait justement de me présenter à l'examen. Or, maintenant que je viens de passer le shodan, il me faut attendre 9 ans pour prétendre au 4ème! Déjà que ces histoires d'examen ne me passionnent pas trop, alors dans neuf ans, j'aurai probablement tourné la page... (hors de question de faire comme cette année au shodan, où j'étais complètement démotivé et où j'ai fini par me blesser tout seul par manque de concentration).
Bref, j'ai beaucoup parlé de moi, mais c'était simplement pour apporter mon modeste témoignage. Lorsque j'ai commencé le karaté, j'avais dans l'esprit de trouver une relation sensei-élève presque exclusive, comme on le voit souvent dans les films (du type Kuro-Obi) mais comme c'est aussi le cas dans la réalité (par exemple Kase sensei et certains de ses élèves français). Du coup, la question du grade se résumait à l'appréciation dudit sensei, jusqu'à "l'émancipation" de l'élève qui, possédant un niveau jugé suffisant, peut "voler de ses propres ailes" et aller voir d'autres horizons; mais à ce stage, parler de grade n'est plus qu'une question de "cosmétique"...