Depuis l'ouverture du site, à plusieurs reprises et récemment encore, les dissensions entre Ecoles ou, plus prosaïquement, les "guerres" inter styles sont évoquées.
Certains d'entre vous, chers membres, sont bien au fait de ces problèmes et parfois en font d'ailleurs les frais.
Selon les pays, des Ecoles ou groupes bénéficient d'avantages de la part des autorités de tutelle que sont les fédérations. La France a connu (connaît encore?) ces avanies, tout comme d'autres nations affectées par la prédominance d'une ryû particulière.
Si vous suivez régulièrement nos articles, vous savez d'ores et déjà que la situation au Japon est différente.
D'une part, les fiefs des Ecoles sont régionaux. D'autre part, la JKF ne possède pas le même rôle que la FFK, son relatif pendant hexagonal. Chaque groupe, ryû, ou courant bénéficie d'une grande autonomie et d'une reconnaissance qui ne passe par aucune fédération ou autorité supérieure.
Nous nous sommes donc attachés, depuis quelques temps, à étudier les relations (ou leur absence) entre les Ecoles dans l'archipel. De nos recherches, il en ressort les points suivants qui, nous l'espérons, vous intéresseront.
Puisque nous parlons ici du Japon, parlons donc d'abord de respect. Cette valeur, souvent galvaudée et mise à toutes les sauces, reste incontournable pour les Japonais bien élevés et férus de traditions.
Cela tombe bien car la plupart des pratiquants Nippons rencontrés répondent à ces critères.
Dans l'archipel, l'image des pratiquants avancés, voire même des plus jeunes, est généralement empreinte de valeurs telles le sérieux, la rectitude et, donc, le respect.
Celui ci s'exprime parfaitement quand une Ecole est évoquée devant des tenants d'une autre ryû. Depuis de longues années nous nous entraînons au Japon et jamais nous n'avons entendu de critiques acerbes ou de rejet systématique.
Bien entendu, les plaisanteries dans les vestiaires ne sont pas exemptes de piques ou moqueries mais nullement systématiques et jamais violentes.
Dans les dôjô, l'évocation d'une autre Ecole entraînera, au pire, un silence poli mais pas une démolition en règle. Qui plus est, le nom d'un responsable d'un autre groupe est suivi d'un signe de tête en guise d'assentiment voire d'un commentaire courtois ou d'un simple "OSU" mais pas de propos injurieux.
Nous sommes donc bien loin de la situation française quoique la plupart des pratiquants avancés observent généralement une courtoise neutralité de bon aloi.
Une autre pomme de discorde fréquemment évoquée concerne les différences entre les Ecoles utilisant les règles sundome et celles appliquant le type jissen.
Les vaines querelles et appréciations généralement stériles que nous connaissons en France n'ont que rarment cours au Japon.
La posture habituelle consiste simplement à considérer qu'il s'agit d'une autre façon de procéder, ni plus ni moins. Et, là encore, la courtoisie et le respect sont de mise. Pas de dénigrement systématique à redouter.
In fine, au Japon, les Ecoles n'ont que peu de relations entre elles. Celles de type organique créées par par une fédération plénipotentiaire n'existent pas vraiment.
Les rassemblements d'experts de diverses ryû sont généralement plutôt rares, sauf à Okinawa. Il en va de même pour les stages communs que nous connaissons en France.
La vie des différents groupes se déroule en relative autarcie et pratiquement sans rapports réguliers si ce ne sont, de temps en temps, des réunions sous l'égide la JKF. Notamment celles préludant aux grandes échéances sportives internationales. Mais celles ci restent limitées et excluent certaines Ecoles, à cause de règles différentes (jissen par exemple) ou bien de désintérêt pur et simple. Ce dernier cas se retrouve avec des Ecoles typiquement okinawaïennes entre autres.
Un autre point judicieux à évoquer est celui de la méconnaissance.
Pour aussi surprenant que cela puisse paraître aux pratiquants non Japonais, ces derniers n'ont bien souvent que peu de connaissance quant à ce qui se passe au delà de leur dôjô ou de leur Ecole. Donc, si on ne sait pas, si on en connaît pas, on ne critique pas. C'est aussi simple que ça. Mais, à nouveau, le Japonais reste une créature consensuelle et, du moins en apparence, respectueuse.
Pour résumer, les rapports entre ryû sont souvent quasiment inexistants au Japon.
Néanmoins la politesse prévaut à défaut de considération sincère bien que celle ci existe parfois. Certainement un bon exemple à suivre pour tous les pratiquants.