Votre webmestre, actuellement à Ôsaka, vient de passer un long moment dans la plus grande libraire de la ville.
Nous avons feuilleté plus ou moins largement tous les magazines traitant de karatedô disponibles chez Kinokuniya, histoire de se faire une idée plus précise des modes et tendances actuelles au Japon.
Ainsi, comme de temps à autre, nous vous proposons donc un état de lieux car la situation évolue.
Le bilan est, somme toute, peu surprenant car, comme en France ou ailleurs, certains Arts Martiaux sont en vogue, d'autres en déclin et, bien entendu, certaines modes prévalent. Pour combien de temps? Ca reste à voir.
Quoiqu'il en soit - et sans surprise - le karatedô est concurrencé par le taekwondo, dans une certaine mesure. L'importante communauté coréenne de l'archipel n'est pas étrangère à ce phénomène, bien évidemment. L'attrait des médailles olympiques fait le reste et, du coup, des publications telles Karatedô et Full Contact Karate consacrent de nombreuses pages au "sport martial" coréen. Plus qu'avant mais la tendance était déjà bien amorcée depuis quelques années. Jusqu'à 10% tout de même des pages d'un des mensuels consultés.
A noter, des compétitions se rapprochant plus qu'auparavant, dans leurs règles, du jissen karate. Ce dernier, comme dans l'hexagone, a toujours le vent en poupe au pays du soleil levant. Ce que les tenants du TKD n'ont pas manqué de relever.
La nouveauté au Japon viendrait plutôt de nouvelles Ecoles capitalisant sur la vogue internationale du jujitsu "brésilien".
On trouve dans les colonnes de la presse spécialisée des présentations de professeurs assurant allier - voire "améliorer" pour reprendre leurs propres termes - le karatedô en lui adjoignant un travail sur les articulations et du newaza à profusion.
Après tout pourquoi pas? Néanmoins d'autres l'ont déjà fait, notamment le Kudo daido juku pour le travail au sol. Quant aux kansetsu waza, les pratiquants complets savent fort bien que c'est une vieille tradition du karatedô, si bien compris et non exclusivement sportif.
Afin de donner un aspect de nouveauté à leurs "créations", ces enseignants utilisent les artifices habituels: dôgi de couleur et coupe différente, filiation avérée (mais pas toujours vérifiable) afin d'assoir une certaine légitimité, discours convaincus sur la valeur de l'entraînement prodigué et des techniques enseignées.
Soyons juste, pour certains d'entre eux, l'accès à la notoriété est mérité car il s'agit de pratiquants/chercheurs honnêtes et même, parfois, bons combattants. Néanmoins, nous resterons assez circonspect au vu de ce que nous avons pu lire.
En effet, les assertions du genre "Je propose une méthode révolutionnaire", "Je vais plus loin que le karate", ou bien encore "Je suis prêt à rencontrer n'importe qui pour montrer l'efficacité de mon Ecole" ont tendance à laisser de marbre le vieux pratiquant conservateur que nous sommes. Ces morceaux choisis apparaissent tels quels dans les mensuels cités plus haut. La surenchère touche aussi le Japon, n'en déplaise à celles et ceux qui idéalisent par trop ce pays et son microcosme martial.
A part cela, nous avons découvert un énième groupe dissident du Kyokushinkaikan. Là, moins de prétentions infondées mais l'assurance que l'héritage authentique d'Oyama Masutatsu Sôsai est ici et pas ailleurs. Les querelles de chapelles classiques en somme. Ce qui n'enlève rien à la qualité technique des personnes à la base de ce groupe.
Pour en revenir au phénomène du "crosstraining", la presse japonaise traitant des Arts Martiaux présente dernièrement des cahiers d'exercices pour le karatedô, mâtinés de techniques de kickboxing. L'emphase est mise sur le travail au sac ainsi que le kumite avec pléthore de protections; pour les cuisses, les avant bars, casque, etc.
Là encore, pourquoi pas? Il faut effectivement préserver l'intégrité physiques des pratiquants. Néanmoins, l'endurcissement physique et mental passe par l'inévitable constat de devoir "prendre des coups". En tout cas c'est là notre opinion, soutenu par de longues années de pratique. Attention donc à ne pas opérer une confusion de genres, préjudiciable à ce qui fait la spécificité du karatedô.
Pour conclure, nous avons noté une baisse du nombre d'articles sur les kata, sauf dans les colonnes de la revue éditée par la JKF, en bonne logique.
Toujours dans ce magazine, on peut voir une utilisation de plus en plus répandue des casques de tous types ainsi que des masques de protection. Selon un encart au sein d'un article, ces derniers ne gênent pas la vision périphérique, sont légers et offrent toutes les garanties de sécurité pour le sundome karate.
Voici donc un bref état des lieux à propos du karatedô au Japon tel que décrit actuellement par la presse locale spécialisée.
Nous restons seul responsable des éventuelles erreurs de traduction et d'interprétation.