Comme convenu, voici la description de l'entraînement dirigé par Hibino Jôji Senpai, le 10 de ce mois.
Il s'agit du cours dispensé quotidiennement, du lundi au samedi, au Honbu dôjô Kyokushinkaikan (IKO 1), de 10:00 à 11:30.
Avant de décrire cet entraînement parlons un peu de son responsable.
Hibino Jôji Senpai, sera prochainement promu sandan.
Sympathique, organisé et parlant correctement l'anglais, il a tout naturellement pris certaines fonctions en rapport avec l'étranger au sein de l'organisation dirigée par Matsui Shokei Kanchô.
Lors du World Tournament 2007, Hibino Jôji Senpai s'était vu confier la lourde tâche de gérer la billetterie. Profitons-en pour le remercier à nouveau ici des bonnes places obtenues pour karatejapon et le petit groupe de supporteurs venus de France lors de cette compétition.
Dans l'avenir, ce karateka talentueux se verra confier les rênes de son propre dôjô et se consacrera plus avant à l'administration du Kyokushinkaikan.
Pour en revenir au cours à proprement parler, celui ci est fréquenté majoritairement par des employés de bureau et des étudiants, libres en matinée donc. Sinon, les autres participants sont des personnes travaillant de nuit et terminant leur "journée" par une séance de karatedô. C'était notamment le cas d'un cuisinier de quarante cinq ans, ceinture blanche pratiquant depuis le début de l'année, avec qui nous avons eu l'occasion de parler dans les vestiaires. Pas sportif pour deux sous mais plein de courage, "accrocheur" et motivé; une bonne leçon pour ceux qui s'écoutent un peu trop au moment de se décider à partir au dôjô.
Hibino Jôji Senpai est réputé pour son excellence technique et sa précision. Son cours ne dérogera pas à ces spécificités, basé sur la justesse dans la technique et l'attitude.
Juste une dizaine de deshi ce matin là, de shôdan au débutant suivant seulement son cinquième cours.
Comme d'habitude au Japon, les moins avancés observent leurs senpai et copient tant bien que mal. Néanmoins, contrairement à ce qui se fait généralement, l'Instructeur n'hésite pas à interrompre l'exercice en cours afin de corriger et expliquer longuement si nécessaire afin que tous puissent suivre et ne pas lâcher (autant techniquement que physiquement ou mentalement).
Tout débute très classiquement par les saluts d'usage.
Suivent des exercices d'échauffement et d'étirement bien utiles le matin. Bien vite nous entrons dans la vif du sujet et entamons le travail de kihon (techniques de base) sur un schéma classique. Six techniques "posées", avec le kiai sur la dernière. Dans la foulée vingt fois la même technique avec kime et kiai pour chacune d'entre elles.
Et c'est là où la précision de Hibino Jôji Senpai s'exprime clairement. Il voit tout et corrige chacun à son niveau, des basiques jusqu'aux subtilités afin d'optimiser le geste. Même les yûdansha (ceintures noires) ont toujours à apprendre. Nous même prendrons conscience de certaines imprécisions lors de ce cours et modifierons plusieurs points en conséquence.
Les techniques travaillées concernent les blocages, les coups de poing, celles mains ouvertes et les keriwaza dans leur ensemble.
Après une vingtaine de minutes (et une bonne suée) au cours desquelles Hibino Jôji Senpai nous apprendra beaucoup, nous marquons une courte pause afin d'essuyer la sueur sur les tatami.
Nous repartons aussitôt pour les exercices de idogeiko. Là encore les corrections fusent et nous permettent d'améliorer ce que nous faisons, conserver le maximum d'énergie et améliorer notre précision sur chaque déplacement.
Si physiquement ce cours n'est pas le plus dur que nous ayons suivi, il demande par contre une grande attention et, mine de rien, "pompe" beaucoup de force.
Les enchaînements de bras ou jambes vont jusqu'à quatre techniques pour cette partie du cours.
Une vingtaine de minutes plus tard nouvelle pause pour éponger la sueur puis nous enfilons les protections de mains et tibias.
Des paires sont formés par le Senpai et nous débutons le travail à deux. Assez simple au départ mais allant crescendo sur le plan de la difficulté technique en enchaînant principalement des jôdan mawashigeri après deux tsuki.
La fatigue se fait sentir mais l'attitude consistant à ne rien montrer est rappelée à plusieurs reprises. Il faut prendre sur soi, puiser dans ses réserves et s'accrocher pour rester dans l'émulation du groupe.
Peu satisfait de la qualité de nos jôdan mawashi geri, l'Instructeur nous fait changer de partenaire et nous attaquons de longues séries - chacun son tour, dix techniques droite et gauche à chaque fois - au cours desquelles desquelles il faut "exploser" de plus en plus vite et de plus en plus fort.
Le partenaire qui reçoit le mawashigeri ne reste pas, bien entendu, passif. Son rôle consiste à bloquer sur place avec les deux mains et une légère esquive rotative du buste. Une attitude correspondant totalement à la façon de faire en taikiken. Il s'agit d'accompagner le jambe du partenaire en posant une main sur le genou et l'autre suivant le trajectoire du tibia, un peu à la façon d'un ressort. Délicat à expliquer mais passionnant à exécuter et ressentir. Pas de blocage "force contre force".
Le dernier tour est l'occasion de se donner à fond avec ce qui nous reste d'énergie dans une approche typiquement Kyokushin karate. Vitesse, puissance, kiai impératifs.
L'épuisement est bien réel mais il faut chercher à se dépasser. Quelques mawashigeri passent mais, heureusement, sans grands dommages. Les mains tuméfiées seront soignées plus tard.
Le cours approche de son terme. Dernière séquence pour essuyer les transpiration qui recouvre le sol puis nous nous replaçons par ordre de grade et d'ancienneté en vue des saluts.
Nous voici donc en seiza avant ces derniers mais la leçon n'est pas finie. Hibino Jôji Senpai nous parle de l'attitude martiale et pose des questions sur notre compréhension du karatedô. Il rappelle également ce qu'il faut être prêt à mettre dans l'entraînement. Pour progresser il faut s'investir physiquement, moralement et mentalement.
Le dôjô kun et sa signification profonde sont aussi évoqués. Cet échange instructif durera un quart d'heure.
Avant les saluts, pour ne pas perdre les bonnes habitudes, nous exécutons une série de vingt tsuki pleine puissance (ou ce qu'il en reste...) en sanchindachi. Nous enchaînons sur vingt jôdan maegeri sur le même mode.
Il est maintenant 11:45 (quinze minutes de bonus donc) et c'est le moment du nettoyage du dôjô.
Une fois le ménage basique habituel terminé Hibino Jôji Senpai nous confie des tâches précises afin d'en réaliser un autre, plus approfondi. Les portes sont frottées au chiffon humide, les vitres grattées, le ôdaikô (gros tambour traditionnel) soigneusement et délicatement dépoussiéré, tout comme le portrait d'Oyama Masutatsu Sôsai, etc.
Tout cela achevé, libre aux deshi de s'étirer, travailler à deux ou poser des questions au Senpai qui répond volontiers et conseille ceux qui le sollicite.
Voici donc le descriptif d'un autre cours dispensé au Honbu dôjô. En espérant que cet article aura su vous intéresser. Merci de nous avoir lu jusqu'au bout.