par Shûgyôsha » Ven Mars 14, 2008 12:36 am
Selon moi, les pratiquants décrits dans ce sujet, ne sont que "bons", (encore faut-il définir ce que l'on entend par ce mot), et n'ont certainement pas encore abordé un niveau qui leur permettra d'être "excellent", et en voie de perfectionnement, car :
1° Ils sont encore jeunes (retard scolaire) et donc ne se rendent pas compte qu'ils vont encore subir des incidents de parcours dans leur vie, eu égard à leur comportement, d'une part, et car il n'ont pas encore intégré les valeurs morales des arts martiaux à leur pratique, car ils ne savent pas encore en quoi cela peut les aider, pragmatiquement d'abord, et socialement ensuite, tel que je le développe dans les points 2° et 3°
"KARATE NI SENTE NASHI" (il n'y a pas de première action offensive en karaté)
2° Efficacité de l'humilité, en technique pure.
Dans l'école Shôtôkan, (et d'autres styles également, mais je parle pour l'école que je connais) il existe des kumite d'apprentissage basé sur la combinaison bloquage-contrattaque, que ce soit en kihon ippon kumite (basique) ou jyu-ippon kumite (adaptatif à la distance et au timing - maaï-) voire autre yakusoku kumite. Le postulat physique de base, surtout en jyu-ippon kumite, est que, l'énergie cinétique produite par la contrattaque (résultante de la vitesse, formule : E (énergie cinétique) = V (vitesse) X M (masse qui percute) au carré, le tout divisé par deux)) est facilitée par l'attaque de l'adversaire. En fait, c'est grâce au contact du bloquage sur l'attaque adverse, qu'il y a un "rebond" du membre bloquant sur cette attaque, à pouvoir exploiter pour augmenter la réaction générale du corps dans l'autre sens, et, de par cette aide au "hikite", ajouter de l'énergie à la partie du corps qui contrattaque. (Je sais cela parait confus, une démonstration serait plus parlante). En fait, celui qui se défend, utilise un pourcentage de la force de l'adversaire pour augmenter la force de sa contrattaque. Pour faire court, un gyaku zuki partant de ma propre initiative, sans appui, aura moins d'énergie que s'il s'appuie sur la force de réaction de la parade de l'autre main sur l'attaque adverse, et donc qui revient plus vite en hikite, pour augmenter l'énergie de mon gyaku zuki.
Conclusion : comme on peut le voir dans la majorité des kata Shôtôkan, le premier mouvement est toujours une parade, (même si des fois, en bunkaï, il s'agit d'une attaque) et cela doit inciter nos jeunes sauvageons à être plus efficients encore, en s'entraînant à utiliser la force adverse, donc, partant de là, en étant des défendeurs, plutôt que des attaquants.
L'humilité et le pacifisme sont donc deux vertus qui pourraient augmenter leur efficacité, surtout à long terme, quand ils seront devenus plus vieux, et donc moins performants en force physique pure.
3° "Chatons en danger, Tigresse en furie" (ça c'est de moi)
Dans un domaine plus mental, un jeune excité qui provoque tout le monde va sans doute triompher des brebis auxquelles il s'attaque (physiquement, moralement, sexuellement, etc), car il choisit souvent des victimes plus faibles que lui. De même, s'il garde son tempérament de jeune mâle "dominant" (ou pensant l'être) il réagira au quart de tour aux provocations des autres jeunes macho. Donc la confrontation se déroulera inévitablement sur le terrain du combat rituel (deux cerfs qui se battent, de face en s'entrecroisant les bois, pour la possession d'un territoire, d'une femelle) mais risquera de dégénérer vers le combat primitif, eu égard aux dérives sociétales qui nous font perdre certaines valeurs et qui incitent certains à terminer sauvagement et dramatiquement un adversaire au sol. Or, dans la jungle, nul n'est assuré d'être toujours le plus fort.
Par contre, s'il se met dans une disposition d'esprit plus humble, plus discrète, il pourra éviter plus facilement les provocations et mettre tous les avantages de son côté pour ne pas avoir à se battre. Et dans ce cas, si par malheur, il lui sera quand même inévitable de devoir se confronter physiquement, il pourra le faire avec un esprit plus libre, plus détaché, sans crainte, car il se sera mis dans la position de l'animal traqué, qui aura tout fait pour fuir, mais à qui l'issue fatale du combat lui apparaîtra comme inévitable : lorsqu'on sait que l'on va finir le combat sur un lit d'hôpital, voire pire, quoi qu'il arrive, quoi de plus naturel que de se lancer à corps perdu dans la bataille. A la suite d'un simple échange d'insultes, il n'y a pas grand monde qui accepterait de risquer de perdre un bras ou un oeil pour sauver sa vie, il y aura un frein mental ("si je n'avais pas réagi, j'aurais pu éviter cela, donc on va essayer maintenant -mais trop tard- d'éviter d'être blessé". Le souci c'est que cette crainte ralentit les actions physiques, on ne s'engage pas à fond)
Par contre, lorsqu'on sait que c'est inévitable, la crainte n'a plus de raison d'être, on ne craint que ce que l'on pense pouvoir éviter, et donc dans ce cas ultime, on n'a pas de frein psychologique à nos actions (combiné avec les décharges d'adrénaline et autres joyeusetés chimiques du corps) et l'on risque bien de s'en sortir indemne, de par une plus grande capacité de réponse à l'agression. (Je décris ici, ce que je pense avoir pu analyser dans mes propres mécanismes mentaux, à postériori d'une agression que j'ai subie voici quelques années, et ou je pensais vraiment terminer mes jours à l'hôpital)
Là encore, les vertus martiales qui commandent de rester discret et humbles, pourront permettre à chacun de se cantonner dans l'ultime combat primitif (prédateur vs proie, ou ce n'est pas toujours le prédateur qui gagne), dans les cas absolument nécéssaires, et avec l'efficacité maximale.
Conclusion générale : Laissons les jeunes sauvages se faire leur propre école de la vie, à la douleur de certaines confrontations plus réalistes, et souhaitons leur qu'ils s'assagissent bien vite, pour leur bien propre et pour celui de tout le monde.
Oss !