Les championnats du monde open weight - World Tournament - organisés par le Kyokushinkaikan auront lieu au mois de novembre prochain. A cette occasion il nous a été donné de parler avec certains participants et observateurs attentifs d'un aspect peu reluisant du karatedô dans son expression sportive, en France et au Japon.
Selon certaines personnes compétentes et sans parti pris, il semblerait que des compétiteurs utilisent des produits illicites dans ce type de compétition se déroulant sur plusieurs tours en deux ou trois jours.
Des combattants Russes et d'autres pays de l'est sont visés par ces allégations de dopage, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit.
Le procédé est assez simple. Dans la mesure où les coups laissent des traces, on note souvent des abandons entre deux tours dans les tournois Kyokushinkai. C'est toujours un crève coeur que de devoir renoncer à cause de douleurs violentes dues à des muscles tétanisés, principalement au niveau des cuisses.
Mais il existe un moyen de contourner ces difficultés.
Il est connu dans ce milieu que certains combattants s'injectent de la novocaïne ou d'autres produits à base d'opiacés afin d'insensibiliser les endroits lésés. Un simple tour dans les vestiaires de quelques compétitions finira de convaincre celles et ceux qui auraient des doutes quant à la réalité de cette pratique.
Le premier point à noter par rapport à ce phénomène est qu'il n'est pas nouveau.
Un champion français, aujourd'hui décédé, fut l'objet de suspicions du même type au tout début des années 1990. Inutile de citer des noms ici mais un professeur de notre connaissance nous a affirmé l'avoir vu "se charger" dans les vestiaires avant une compétition kumite (sundome en l'occurrence). Toujours selon le même Sensei, l'agressivité démontrée par ce champion lors des combats s'expliquerait ainsi. Les revues spécialisées parlaient, elles, de fighting spirit d'exception.
Nous ne savons pas de quel produit il s'agissait mais après bientôt 27 ans dans le milieu du karate la véracité de ces allégations nous semble fondée. Cet avis n'engage que nous, bien entendu.
Un deuxième point concerne l'absence de contrôle - du moins à notre connaissance - lors des grandes compétitions d'Arts Martiaux. A l'instar de certains sports il est donc possible de chercher par un biais détourné l'amélioration des performances.
Les gabarits et la musculature de bodybuilder de certains pratiquants nous font d'ailleurs croire à l'usage immodéré d'hormones diverses.
Le point positif de cette affaire est que ce ne sont pas les plus costauds et impressionnants qui gagnent systématiquement. Le dernier World Tournament l'a d'ailleurs confirmé avec quelques "bêtes" sorties par des karateka talentueux et dotés de physiques plus "classiques" dira-t-on. C'est donc rassurant.
Le troisième point est un simple constat. Rien n'interdit a priori et de façon précise, dans les règlementations de la plupart des fédérations et groupes de karate, l'utilisation de produits destinés à améliorer les performances ou atténuer la douleur.
Au Japon, nos interlocuteurs revendiquent une scrupuleuse honnêteté en ce domaine et en veulent pour preuve les abandons en cours de tournois Kyokushinkai, plus importants chez les Japonais.
Les Sensei Nippons disent d'ailleurs souvent qu'il faut privilégier l'explosivité plutôt que la masse musculaire. Celle ci ralentissant dans une certaine mesure l'exécution des technique et poussant à un travail en force au détriment de la finesse.
En conclusion, quel que soit le produit utilisé pour quelque usage que ce soit, on pourrait considérer son usage comme une forme de tricherie.
Chacun forgera son opinion en son âme et conscience au regard de son expérience.
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