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Okinawa shugyô IX

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Okinawa shugyô IX

Message par Hanchindi » Dim Nov 04, 2007 5:55 pm

Juillet 2007

Après un vol sans encombre, j'arrive à l'aéroport de Kansai-Osaka, quatre heures et un plat de tako-yaki (pâte grillée et farcie de poulpe) plus tard, je prends l'avion pour Okinawa. 1h30 de vol plus tard, j'atterris sur le tarmac de l'aéroport de Naha.
Beau papa et belle maman nous accueillent, ma femme et moi, et nous emmènent manger, pour moi ce sera Okinawa-soba (soupe de nouilles avec une tranche de viande de porc), plat national d'Okinawa.
Après ce revigorant repas, direction le bureau de location de voiture où nous prenons possession de notre K-2000, une superbe Subaru, un monstre de puissance dont la cylindrée oscille sauvagement entre celle… d'une 2 CV et celle d'une 4 L (une plaque jaune, pour les connaisseurs), en plus, comme 99% des voitures particulières au Japon, c'est une automatique, les accélérations et reprises seront fulgurantes voire foudroyantes.

Le lendemain, au cours du petit déjeuner, beau papa me demande où je compte faire mon shugyo. Je lui réponds que j'aimerais rencontrer Shimabukuro sensei qui tient un dojo dans la ville de Katsuren, juste à-côté et que j'avais eu l'occasion de rencontrer à Paris à l'occasion d'un stage de kobudo.

Beau-papa : mmm… Katsuren, Shimabukuro…. ça doit être Tsuneo.
Moi : oui, son prénom, c'est Tsuneo.
Belle-sœur : c'est son copain.

Je téléphone donc au dojo Shureikan de Shimabukuro Tsuneo, l'entraînement à lieu à 20 heures.
Je me présente au dojo en avance et assiste à la fin du cours des enfants, dont le plus jeune à quatre ans.

Shimabukuro Tsuneo : 9° dan hanshi de karate konan-ryu et 9° dan hanshi de kobudo.
C'est sous l'égide de Maeshiro Shusei, qu'il enseigne le konan-ryu. Shimabukuro est aussi est grand expert en calligraphie.

Présentations, rappel du stage de Paris, cadeaux… "les vestiaires, c'est par-là…"
Le dojo est grand, les murs arborent toutes sortes d'armes, comme le kodokan de Matayoshi, des photos de différents évènements, stages à l'étranger, séjours d'études en Chine, des casques, des plastrons…
Dans un coin du dojo, je vois tout un tas de canettes (vides) de boissons… "vestiges de soirées" penses-je…
Plusieurs adultes arrivent, présentations…
Ce premier contact est l'occasion de voir ce que je vaux en karate et kobudo… et surtout, test de l'esprit : premier combat, contre la chaleur étouffante du dojo.
Verdict de Shimabukuro: "Tu peux venir tous les soirs".
Son style de karate, le konan-ryu (dissidence du uechi-ryu), sa façon de travailler le Matayoshi-kobudo me décide à explorer l'enseignement de Shimabukuro Tsuneo.
Les différents stages de uechi-ryu sous la conduite de Shimabukuro Yukinobu et les entraînements avec un de ses élèves m'ont fait connaître les kata sanchin et seisan.
Sous la direction de Shimabukuro, j'en verrais donc les versions konan-ryu, beaucoup plus proche de hakutsuru-ken (la boxe de la grue blanche), dans le mouvement des hanches, dans les blocages, dans le travail de la région scapulaire et vertébrale. Une impression du travail de Toyama Seikô.
Impression renforcée quand Shimabukuro nous démontre le kata kokakuken, kata du tigre et de la grue. Dans ce kata, je vois vraiment l'héritage du hakutsuru-ken de Matayoshi.
Il en va de même dans les bunkai.
En kobudo, après avoir vu les différences entre certains kata, le pourquoi de certaines prises en mains des armes… j'aurais la chance de travailler directement un kata de bâton spécifique à cette école : Uhutun.
Sur un mur du dojo, je vois une calligraphie, "kishu busshin" 鬼手佛心 et dit à Shimabukuro que j'aime beaucoup cette maxime "technique de diable, cœur de Bouddha", qui pour moi exprime vraiment l'esprit du karate. Dans l'instant qui a suivi et sans que je ne lui demande rien, il m'a fait la même caligraphie.

Bien sur, comme dans tous les dojo d'Okinawa, on trouve des instruments de renforcement : chi'ishi, kami, tetsu-geta… et évidemment je les uitilse.

Les canettes : au Japon, on trouve deux sortent de canettes, des dures et des souples, goju, konan, kingai… Au Shureikan, après les avoir bues (et on en boit souvent, il fait très chaud), elles servent :au durcissement des tibias, les souples sont roulées sur l'os, et les dures sont frappées et entourées de ruban adhésif, si c'est trop mou.
au durcissement/renforcement des doigts, pour la saisie et la pique…
au relâché de la frappe, par écrasement/compactage.
Commentaire de Shimabukuro " c'est très utiles les canettes, on les boit et ça sert encore… et comme c'est pas trop dur, pas de lésions… que du bon.

Un mardi soir, je vais au dojo Kenshikai de Hokama Tetsuhiro, travail de hakutsuru-ken, boxe de la grue blanche, relâché/explosion…
L'accueil est toujours aussi chaleureux, l'ambiance, toujours aussi sympathique et comme toutes les fois où j'y vais, il y a des français.

Ce samedi, toujours à la recherche de la culture d'Okinawa, je vais voir des combats de taureaux.
Ces combats opposent deux taureaux de 800 à 1000 kilos, classées comme les catégories de sumo avec ozeki et yokozuna. Les éleveurs amènent deux bestiaux, leur font baisser la tête et ensuite, l'instinct fait qu'ils s'opposent et se poussent. L'affrontement se poursuit jusqu'à ce qu'un des deux mettent l'autre en fuite. Dès cet instant, le combat cesse, les éleveurs s'interposent, pas d'encornage, pas de sang.
Les deux bêtes ne sont pas forcées à combattre, ainsi lors du premier combat, un des deux reparti au galop dans les vestiaires, sous l'hilarité générale .
Deux autres combats, dont celui du bien nommé "rêve de combat" ont été l'exact inverse. "Rêve de combat" est entré au galop dans l'arène. D'habitude, les éleveurs tirent le taureau encordé par les naseaux, là on a vu les éleveurs sortir en courant des vestiaires poursuivis par "rêve de combat", (hilarité générale) qui stoppe devant son adversaire et ils "s'affrontent" après avoir mis en fuite, son opposant, "rêve"à continuer à vouloir combattre. Les éleveurs qui ont tentés de le maîtriser, se sont encore fait courser (re-hilarité générale). Pris au lasso et attaché aux barrières, un éleveur à réussi à mettre les doigts dans les naseaux de "rêve". Fin du châpitre.

Il fait vraiment très chaud ce dimanche, je vais donc me délasser au "onsen", bains thermaux, dans la ville de Ginowan. Les hommes et les femmes sont séparés, modernité et nudité oblige. Avant de pénétrer dans les bains (très) chauds; douche et décrassage de rigueur. Plusieurs bains sont à dispositions et à différentes chaleur, ainsi qu'un bain d'eau froide. Un bassin en extérieur est entouré d'un magnifique jardin japonais, c'est très relaxant. Après ces bains, et en attendant ma femme, je vais me faire masser dans un fauteuil massant, j'ai bien essayer les massages de la voûte plantaires, mais les rires que cela me tiraient m'y ont fait renoncés, dommage… Finalement, je me contente d'un massage simple et… m'endors.

Un après-midi, coup de téléphone de Shimabukuro : ce soir n'oublies pas de venir (comment pourrais-je oublier !?), il y aura une interview. Le soir venu, une journaliste du Ryukyu-shinpo, m'interview.

Je vais aussi voir les ruines de gusuku, places fortifiées aux murailles impressionantes : Zakimi et Katsuren, preuve que le moyen-âge d'Okinawa n'a pas été si tranquille que ça.

Cette année, il y a un grand festival mondial artistique à Okinawa avec des troupes de tous pays : le Kijimuna-festa, j'y assiste à un spectacle de la troupe de Maurice Béjart et un autre d'une troupe d'acrobates du cirque chinois.
A la sortie du spectacle de Béjart, nous allons faire un tour à Okinawa city, ville réputée pour ses GI et au "Koza music town", nous assistons à des représentations de danse Eisa. Malgré la chaleur encore élevée pour l'heure, les chanteurs/danseurs/percussionnistes s'en donnent à cœur joie dans leurs rivalités de sauts. Dans ces troupes, il y a un personnage important : Chondara, son rôle d'auguste, au visage poudré de blanc, ne se limite pas à animer la foule, il est aussi là pour soutenir les danseurs qui seraient défaillant à cause de l'effort et de la chaleur. A ces fins, il est chargé de lui donner a boire une rasade d'awamori, le sake local. En fait, ce traitement a plus l'effet de renforcer cette défaillance, qu'autre chose.

Visite de Murasaki-mura, reconstitution d'un village okinawaïen du temps passé avec ateliers d'artisanat local. Ce village a la particularité d'avoir servi de décor au tournage de la série "Ryukyu no kaze", qui dépeint la vie d'un village à l'époque du royaume de Ryukyu. Ce village héberge aussi un dojo de karate où sont enseignés les trois principaux styles de karate d'Okinawa : Goju-ryu, Uechi-ryu et Shorin-ryu.

Plus de trois semaines se passent. Pour ma dernière soirée, Shimabukuro organise une sayonara-party, chez lui, fait assez rare, souvent, ce genre de soirée se passe dans un restaurant, les japonais n'aiment pas trop montrer leur intérieur aux autres et souvent, c'est trop peitit chez eux. Mais là, on mange sur la terrasse. D'excellents plats de cuisine okinawaïenne sont préparés par Mme Shimabukuro, remarquable cuisinière et pratiquante.
Plusieurs élèves de Shimabukuro sont présents a cette soirée, ainsi que beau papa.
La bière Orion et l'awamori coulent à flot. Au Japon, pour l'alcool au volant, c'est tolérance zéro, c'est donc ma femme qui sera chargée de venir me chercher pour me ramener.
L'ambiance chaleureuse et familiale du dôjô de Shimabukuro m'a vraiment rappeler le dôjô de feu Matayoshi Shinpô sensei.

Je passe les quatre derniers jours de mon séjour à Naha, pour faire du tourisme et des emplettes. Beau programme en perspective, mais des pluies diluviennes et un vent à décorner les taureaux de combat sus- mentionnés réduisent ces quatre jours de tourisme à deux.
J'ai quand même le temps d'aller à Shikina-en, magnifique jardin de 4 hectares, dessiné à la fin du 17ème siècle, cette résidence secondaire des rois d'Okinawa servait aussi à accueillir les envoyés des missions diplomatiques. Dans ce havre de paix et de sérénité, le visiteur apprécie pleinement la douceur de vivre d'Okinawa. Le promeneur pénètre dans ce lieu par la porte "Yajou-mon", autrefois réservée à la plus haute noblesse.
La source "Ikutoku-sen" alimente le lac central du parc et les deux stèles érigées près de l'étang témoignent des missions d'investitures. Sur l'une d'elles, datant de l'investiture du roi Shô On, l'émissaire Choubunkai écrivit "Ikutoku-sen hi", sur l'autre élevée pour le couronnement du roi Shô Iku porte l'inscription "Kanrei'enrei hi", source de longue vie, gravée par l'envoyé Rinkounen.

Le bâtiment principal fut bâtit dans les bois de construction les plus précieux et recouvert de tuiles en céramique rouge. Cet édifice, construit pour la réception des émissaires comporte 15 salles.
Comme dans de nombreux jardins d'Asie, une petite île artificielle, surmontée d'un bâtiment hexagonal, reliée par un pont de calcaire de Ryû-kyû, rompt la monotonie du lac. A une extrémité de ce lac une cascade d'eau vient rafraîchir la chaleur de l'été.
Shikina'en fut réduit en cendres lors des bombardements de 1944, mais sa reconstruction fut achevée dans les années d'après-guerre et en 2000, il fut ajouté sur la liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Je quitte Okinawa un matin gris, la perturbation qui sévit sur le Sud-Est asiatique est encore là pour plusieurs jours.
L'avion se pose à Roissy-Charles de Gaulle, le stress revient comme un troupeau de taureaux de combat au galop, sous la pluie froide…
Chibariyo!!!
Hanchindi
 
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Message par karatejapon » Dim Nov 04, 2007 8:41 pm

Merci pour ce nouveau volet des tes aventures à Okinawa.
Nous invitons nos membres à relire les épisodes précédents et réfléchir à la pratique telle qu'elle est conçue sur l'île du karate. Il ne s'agit aucunement de comparer sur un plan qualitatif, exercice peu évident et souvent stérile mais bien plutôt de s'inspirer et tirer des enseignements positifs.
karatejapon
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Message par efou07 » Mar Nov 06, 2007 9:11 pm

OUi Merci, toujours au intéressant.

Et moi ça me rappelle aussi quelques souvenirs ....

Pas la chaleur, puisque le mois le plus chaud où j'y suis allé, c'était Mars. J'ai pu me baigner mais la chaleur était supportable.

Cet hiver, vu que mon séjour sera plus long que d'habitude, je compte aller visiter l'île d'Iriomote.

Au fait HAnchindi, tu ne parles jamais de baignade, tu n'aimes pas la mer ?

Et je ne savais pas qu'il y avait un Onsen sur l'ile principale d'Okinawa !
Produits Japonais en ligne : http://www.epicerie-japonaise.fr/
Forum Karate Okinawa: http://www.karateokinawa.fr
efou07
 
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Message par Hanchindi » Mar Nov 06, 2007 10:59 pm

Iriomote est une très belle île et tu y auras peut-être l'occasion d'y voir des yamaneko.
J'adore la mer, et souvent ces baignades sont associées à des beach-party qui durent toute une journée et jusqu'à tard dans la nuit.
Chibariyo!!!
Hanchindi
 
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