Il y a deux semaines de celà, à Ôsaka, nous avons fait une rencontre tout à fait fortuite.
Devant la réception de l'hôtel Teikoku, dans le quartier de Temmabashi, un Japonais d'environ soixante dix ans regardait discrètement les idéogrammes ornant le T-shirt de votre webmestre. Il s'agissait des kanji Kyokushinkai, identiques à ceux que l'on peut voir sur les dôgi des pratiquants de cette Ecole.
La personne en question se rapproche et pointant du doigt les idéogrammes nous demande: "Kyokushin?".
Nous confirmons d'un signe de tête puis verbalement, en japonais.
Grand sourire de ce monsieur qui entame alors la conversation avec volubilité en nous demandant si nous avons le temps de parler avec lui.
Cette personne - dont nous n'avons jamais su le nom - nous explique alors qu'il est venu à Ôsaka, depuis Tôkyô, à titre privé. Qu'il est maintenant retraité mais durant plusieurs décennies il fut le manager du catcheur nisei (comprendre "Japonais de seconde génération") Antonio Inoki. Si le nom ne vous dit rien, le personnage est une icône du catch ("prowrestling") au Japon. Dans ce pays, comme aux Etats Unis, ce spectacle est très prisé avec des émissions de télévision, des magazines et des articles quasi quotidiens dans la presse sportive.
La catcheur en question, toujours célèbre au Japon, a connu la consécration au niveau de la popularité en "combattant" l'ancien champion de boxe anglaise des poids lourds, l'Américain Muhammad Ali.
Autant dire tout de suite que cette rencontre n'offre aucun intérêt sur le plan sportif mais, à l'époque, les images ont fait le tour du monde.
Et le rapport avec le karate nous direz vous?
Notre interlocuteur nous explique cela lui même:
"Au début des années 80, je trouvais Inoki trop lourd, pas assez dur au mal et incapable de donner un coup de pied correct. J'ai donc contacté Oyama afin qu'il le prenne en main.
Comme j'avais déjà de bonnes relations avec lui, il a accepté et a chargé certains de ses élèves de s'occuper d'Inoki, notamment Midori Kenji.
C'était très dur pour Inoki car Oyama était très exigeant avec ses deshi. Les entraînements étaient très fatigants et Inoki détestait y aller.
Vous savez, il est très grand, lourd et fort mais là c'était pour de vrai, pas un spectacle. Il recevait beaucoup de coups mais il a progressé quand même, surtout au niveau des techniques de jambe. Il a aussi appris à mieux se déplacer et a gagné en endurance.
Ca a duré plus d'un an et Sôsai a fait du bon travail avec lui. Aujourd'hui encore je lui suis redevable pour ce service.
Vous savez c'était quelqu'un de très bien, nous étions amis et je le regrette. Il est mort jeune, c'est vraiment dommage.
Son karate était très fort."
Voici donc relaté la teneur de ce que nous a dit ce monsieur fort sympathique. C'est certes anecdotique mais nous souhaitions tout de même vous relater cette rencontre.
Le catcheur nippo-brésilien s'est, quant à lui, lancé à son tour dans la promotion une fois retiré des rings. Il possède sa propre écurie mais - et c'est intéressant - a organisé un tournoi de pieds/poings baptisé "Bomaye". Dans le dialecte le plus répandu dans l'ex Zaïre (aujourd'hui République Démocratique du Congo) cela signifie "Tue!". Il s'agit en fait d'un hommage au boxeur Muhammad Ali qui avait battu son compatriote George Foreman dans ce pays africain lors d'un combat historique. Favori du public, ce dernier l'encourageait au fil des rounds aux cris de "Ali bomaye!".
Le catcheur a même cherché à enrôler des karateka pour ses tournois mais les sirènes du K1 avaient déjà attirées des champions du Seidokaikan et du Kyokushinkaikan.
En tout cas, nous savons maintenant que l'ancien grand champion de sumô Akebono Yokozuna (Kyokushin karate) et l'ex footballer Bob Sapp (Seido karate) ne sont pas les premiers à chercher une amélioration dans les dôjô de karatedô.
Nous espérons que ce court article hors norme vous aura malgré tout intéressé.
Les erreurs de traduction et d'interprétation sont de la seule responsabilité du webmestre.