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Okinawa shugyô V

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Okinawa shugyô V

Message par karatejapon » Mar Sep 12, 2006 9:19 pm

Nous vous proposons le cinquième volet des voyages de Hanchindi à Okinawa.

Septembre 1999.

Cette année, je pars avec la ferme intention de m'installer définitivement à Okinawa.

A mon arrivée sur place, je suis accueilli par Grégory et M. Chinen.
Cette première soirée est consacrée à retrouver mes marques, ce qui est très rapide. Dîner avec Grég. et M. Chinen. Le minshuku est très agréable et la patronne très accueillante.

Dès le lendemain soir, je me rends au Shôdôkan (karate) dans le quartier de Yogi. Retrouvailles avec tous les sensei et autres senpai, remise des cadeaux, et l'entraînement, immédiatement.
Le lendemain matin, entraînement au hojo undô au Shôdôkan.
Le soir, retrouvailles avec les membres du Kôdôkan (kobudô), retrouvailles, distribution de cadeaux…
Je reprends mes habitudes d'entraînement, 2 heures de hojo undô le matin et 2 heures de travail technique le soir.

Le but étant de m'installer, je recherche un appartement dans Naha, je vais dans plusieurs agences immobilières, visite plusieurs appart', mais rien.
Le minshuku, ça commence à devenir cher, mais à deux pas du Matayoshi dôjô, je trouve des appartements tout équipés, à louer au mois. Finalement, je trouve un appartement dans le quartier de Kokuba, pas très loin du Shôdôkan.

Les entraînements se suivent, les sorties avec les senpai du karate ou du kobudô, se suivent, mais depuis les décès de Higa Seikichi et de Matayoshi Shinpô, l'ambiance générale est différente.

C'est la période des fêtes de fin d'année, Noël est une fête commerciale (comme souvent chez nous). Avec le staff du Kôdôkan, on fait un bônenkai, (litt. "réunion de l'oubli de l'année") dans un izakaya de Naha.
Si souvent, chez nous Noël est une fête familiale et le jour de l'an, une fête amicale, au Japon, c'est l'inverse, le Japon n'étant pas de tradition judéo-chrétienne.i
Avec Grég, nous passons donc Noël chez notre ami restaurateur français. Grég, cuisinier de formation, a préparé un excellent gâteau.

Aujourd'hui, Kyûna Chôyû sensei, fait un stage au Shôdôkan, pour l'occasion, tous les sensei de l'association Kokusai Karate Kobudô Renmei sont présents. Sous la direction de Kyûna, approfondissement des applications de bunkai. A la fin du stage, repas dans le dôjô.

Mauvais hiver que celui de cette année-là. Les températures n'ont jamais été aussi basses, 8° avec du vent et une humidité qui traverse tout, c'est d'ailleurs la seule saison où il y a du vent…et où on en voudrait pas! Si toutes les maisons et appartements d'Okinawa sont équipées de climatiseurs et/ou ventilateurs, peu ont des chauffages ou des radiateurs et les constructions sont bien isolées pour garder le frais l'été…et le froid l'hiver. Cet hiver-là, donc, il fait très froid et y'a plus grand monde dans les dôjô. Je dois même m'acheter une veste chaude.

Pour s'échauffer, au kobudô, Gakiya, qui m'a pris en charge cette année-là, me fait travailler avec l'eku (rame) en fer (enfer?).

J'apprends qu'en France, vous avez eu la tempête du siècle, à Okinawa, nous avons eu le plus fort typhon de ces 60 dernières années. Par mesure de sécurité, l'électricité est coupée. Les rafales de vent sont impressionnantes, l'immeuble, construit sur des fondations mobiles pour résister aux séismes tangue et roule. Typhon + froid exceptionnel = vraiment pas une bonne année, c'est peut-être un signe des kami qui ne veulent pas de moi chez eux?

Pourtant , ma situation commence à s'améliorer.
La préfecture me contacte pour une traduction et je me retrouve à traduire le guide touristique du château de Shuri. D'autres suivent…

Je suis contacté par une chaîne de télévision locale, RBC, pour participer à une émission sur les étrangers qui résident à Okinawa et qui s'intéressent à la culture locale, je dois y faire une démo de karate. Pour l'occasion, "un kata c'est trop court, faudrait en faire deux". J'ai donc "inventé" un nouveau kata : "sisôyunchin", imbrication de mouvements de "sisôchin" et de "seiyunchin".

Le lundi suivant cette émission, comme d'habitude je vais pour l'entraînement au Shôdôkan (je me demandais quand même ce qu'on allait me dire) à l'heure de l'entraînement adulte, je me suis gentiment fait chambré par tous ceux qui avaient vu ma prestation, certains m'ont même demandé de leur enseigner, à mon grand regret (et au leur), j'ai du leur faire une réponse très sèche "vous devriez encore travailler X no kata ; c'est un kata secret".
Au kobudô, c'est le même accueil…
Cette émission m'aura au moins permis d'être connu dans mon quartier.

Avec Grég, nous allons rendre visite à Hokama Tetsuhiro. Nous apportons des cadeaux; pas grand chose, de la nourriture et des boissons achetées dans "l'épicerie" du coin, mais c'est juste pour marquer l'coup et surtout par respect.
Avant le début du cours, Grég et moi, nous allons faire un tour dans son musée. A chaque fois, j'y découvre de nouvelles choses, il faut dire que ses recherches sont perpétuelles.
Grég m'avait dit que chez Hokama, je rencontrerais un autre Français chercheur à la Ryûkyû daigaku, la fac de Ryûkyû.

Pour notre venue, Hokama modifie quelque peu son cours. Travail des pressions douloureuses sur les points très énervés (pour nous c'est très énervant). Le travail de Hokama sur ces points est très déstabilisant, de par sa vitesse d'exécution et sa précision. De plus, on sent qu'il aime/adore ce genre de travail. Après être passé entre ses mains, je comprend pourquoi Arakawa san, son "saikyô deshi", meilleur élève, grimace avant même la pression.

Il nous montre aussi des techniques d'immobilisations et de ficelage avec la ceinture. C'est incroyable, je viens de comprendre qu'une ceinture ne servait pas qu'à tenir le pantalon, tant pis pour mes illusions "karaté-kidesques".

Lors d'une autre visite chez Hokama, nous avons eu la surprise de rencontrer un champion du seidôkaikan (jissen karate).
En toute humilité, le champion demande à Hokama de lui montrer quelques techniques; comme le veulent les us et coutumes. Hokama répond: "Vous en savez sûrement plus que moi". Nouvelle demande et les deux hommes se mettent face à face. Les attaques se suivent sans interruption, Hokama esquive, cogne des poings et des pieds, projette et appuie sur les points névralgiques…

Six mois après mon installation, je dois rentrer en France, bien malgré moi, je commençais à travailler, je faisais des traductions pour la préfecture, j'étais bien…

Pour mon départ, les staffs Kôdôkan et Shôdôkan organisent des "sayônara-parties" dans des izakaya. Super ambiance, ils m'offrent des cadeaux…, vraiment je veux pas rentrer en France, pourtant il le faut.

Je ne passe qu'une nuit à Tôkyô.

Dans l'avion qui me ramène à Paris, j'ai la chance de retrouver un vieux et cher condisciple de kobudô : karatejapon, notre webmestre préféré.

Début mars 2000, aéroport Charles de Gaulle, il fait gris et froid, le stress revient comme un troupeau de buffles au galop…
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