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Okinawa shugyô VI

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Okinawa shugyô VI

Message par karatejapon » Mar Sep 12, 2006 8:30 pm

Et voici la sixième livraison de Hanchindi à propos de ses tribulations à Okinawa.

Septembre 2001.

Cette année, le but premier du voyage n'est pas l'entraînement, c'est la famille.
La grand-mère de ma femme a atteint ses 97 ans. A Okinawa, mais aussi dans d'autres pays sinisés, l'année de cet âge, comme d'autres, 61, 73, 85, 88 est synonyme de fête.
L'année des 97 ans est spécialement importante, c'est le kajimaya (littéralement "fête des moulins à vent"). Pour cette occasion, les membres de la famille, y compris ceux qui habitent à l'étranger, se réunissent pour une grande cérémonie qui a lieu le 9ème jour du 9ème mois du calendrier lunaire. Du Japon, qui est le pays où l'on compte le plus de centenaires, Okinawa est la préfecture qui en compte le plus.

Les préparatifs durent plusieurs jours. La veille du jour fatidique, la famille, les amis, mais aussi des gens qui veulent témoigner de leur amitié à une personne de cet âge viennent présenter leurs respects. Pour les remercier, ils sont conviés à partager les différents plats préparés, notamment hija (soupe de tripes de chèvre).
Le jour de la cérémonie, une voiture, un cabriolet spécialement loué pour l'occasion, est décoré de petits moulins à vent et de banderoles rouges et jaunes, promène la reine de la fête dans les rues de la ville. S'ensuit une fête dans un espace suffisamment grand pour accueillir les convives. Dans le cas de ma grand-mère (par alliance), une salle de réception d'hôtel est réquisitionnée (il y a quand même une cinq centaine de personne).

Au début de la cérémonie, la reine de la fête fait son entrée dans la salle où les convives sont assis à leur table. Elle est précédée par un de mes cousins, qui doit faire une démonstration de karate avec moi, et moi, nous faisons des coups de poings et de pieds pour éloigner les esprits mauvais.
Sur un écran, tous les évènements marquants de la vie de la personne fêtée défilent, les enfants, petits-enfants, arrières-petits enfants…font différentes démonstrations. Tout cela pendant que les convives mangent et boivent.

Ce jour-là, on m'avait donc demandé de faire une démonstration de karate, sûrement la plus grosse pression que j'ai eu à vivre jusqu'à ce jour. Au programme, seisan et sansêrû. Mon cousin fait une démonstration de passai et kushanku, son fils de 6 ans, qui s'est infiltré dans la démo, fait pinan shodan (en tenue de cérémonie).
Comme d'habitude, et ce pour toutes les manifestations publiques, le dernier numéro est l'occasion pour tous les convives de monter sur la scène et de danser, avec les différents intervenants, au son du sanshin, "guitare/banjo" à trois cordes d'origine chinoise et que les samurai de Satsuma ramenèrent au Japon, sous le nom de shamisen et des sifflets.

La réception, commencée à midi, se poursuit jusqu'à tard dans l'après-midi. Le soir, la fête se poursuit jusqu'à tard dans la nuit, dans le jardin de la maison "mère", et des gens viennent encore présenter leurs respects. Bien entendu, ils sont conviés à manger et boire. Au cours de cette "troisième mi-temps", la pression, due à la préparation, étant retombée, l'ambiance est très décontractée et nous rendons de nombreux et sincères hommages à la déesse Orion biru, bière Orion, typique d'Okinawa et fierté nationale.
C'est au son du anshin, que cette journée se termine.

Quelques jours plus tard, de nombreux membres de la famille de ma femme n'ayant pu venir à notre mariage en France, il y a une cérémonie dans un grand restaurant chinois.
Ce restaurant se situe dans la ville de Koza, aussi connue sous le nom de Okinawa City, à Plaza House, un centre commercial très connu à Okinawa.
Pour de nombreux Okinawaïens, cette ville porte un autre nom : Chicago, en raison "d'incidents" troubles perpétrés par les soldats Américains.
Pour moi, le seul intérêt que présente ce centre commercial, c'est qu'il y a la librairie Tuttle qui édite des livres d'Arts Martiaux, en général et de karate en particulier, mais on y trouve aussi des livres édités par d'autres sociétés.

Avant notre départ, nous avons acheté des petits cadeaux pour les invités à ce repas. En fait ces cadeaux ne sont que des remerciements pour leur venue et pour les remercier de nous faire des cadeaux (en espèces).

Le repas ne réunit que les membres les plus proches de la famille, ce qui fait quand même une bonne cinquantaine de personnes. Avant le début des agapes, il faut en passer par les différents discours de tous ceux qui ont envie de dire quelque chose, sauf pour ma femme et moi, qui doivent dire quelque chose. Je déteste parler en public, dans le passé je m'en tirais toujours par une pirouette, du genre : "Si dans l'assistance, y'a une jeune fille à marier, j'suis libre" (phrase que j'ai honteusement piquée à Greg), mais là, j'me dit que ça ferait vraiment pas sérieux et que ça ne déclencherait pas les rires habituels…

Ce jour fut vraiment placé sous le signe des esprits bienveillants puisqu'au sortir du restaurant, le parking recevait un groupe de danse "eisa". Ces groupes représentent des villages, des écoles, des université...et s'affrontent dans des "duels" musicaux et chorégraphiques. Un des danseurs est porteur des couleurs hissées sur un très haut mât de bambou, un autre joue le rôle de "clown" et passe dans les rangs des danseurs sans avoir de chorégraphie particulière, son rôle est plus de mettre de l'ambiance.
"L'orchestre" est plus représenté par des instruments de percussions : tambourins et gros tam-tams portés en bandoulière, le but du jeu pour ces joueurs de tam-tams c'est de rivaliser dans la hauteur des sauts qu'ils font.
Un des élèves de Hokama Tetsuhiro est un de ces porteurs, et pour avoir testé le poids des tam-tams, je comprends pourquoi ses mollets sont aussi gros et ses tibias aussi durs!

Malgré ces nombreuses festivités, je trouve quand même le temps d'aller aux dôjô Shôdôkan et Kôdôkan.
Comme toujours, excellent accueil, cadeaux…
Les entraînements sont extrêmement fructueux.

Je passe aussi au dôjô Kenshi kai de Hokama Testsuhiro, comme d'habitude, l'accueil est super chaleureux, cadeaux…visite du musée, j'y découvre toujours de nouvelles choses.
Arrive l'heure de l'entraînement, comme à chaque fois, Arakawa senpai veut absolument me prouver que les Okinawaïens résistent le plus longtemps, et son échauffement dure et dure, résultat, c'est lui qui abandonne…comme d'habitude.

L'entraînement du Kenshi kai est différent de celui du Shôdôkan, en raison du grand nombre de jeunes, l'échauffement est dirigé, mais le reste très libre. Certains font kata, d'autres font kumite (ateru kumite, combat au contact, avec casques, projections et combat au sol), kitae waza…

Comme le dôjô de Hokama est près de Ryû dai, fac des Ryû kyû, il y a de nombreux étudiants qui viennent s'entraîner. Cette année-là, deux Yamato'nchû, Japonais du Japon, pratiquants d'aikidô de bon niveau se sont inscrits pour l'année. Avec eux, et sous l'œil bienveillant de Hokama, nous nous entraînons aux saisies à la volée et aux projections.
C'est cet esprit que j'aime au Kenshi kai, quand un élève apporte une technique qu'il maîtrise, Hokama le laisse transmettre aux autres.
La séance, supervisée par Hokama, est suivie par un thé et les gâteaux que je lui ai offerts.

Aujourd'hui, c'est un jour spécial pour Greg, il participe à un tournoi "jissen" à Naha, il y a de tout, des uechi, des gôjû, des shôrin, des kyokushin, des seido, des daidojuku…
En demi-finale, il doit affronter un de ses condisciples du Taketomi Shubukan, Kawama Kô'uki.
C'est un spécialiste du combat, et bien que fréquentant un dôjô uechi ryû, il pratique quasi-exclusivement le combat. En outre, il est le fondateur du Kamikaze Fighting Stadium dans la ville de Chatan où Sugihara Masayasu, fondateur du Byakurenkaikan fit une démonstration lors de l'ouverture. i
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Retour par Tôkyô, visite approfondie de certains quartiers, notamment Asakusa, avec sa Porte du Tonnerre et les petits commerces qui longent la rue touristique.

Arrivée à l'aéroport Charles de Gaulle, le stress revient au grand galop.i
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