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Anecdotes de dôjô - Chapitre II

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Anecdotes de dôjô - Chapitre II

Message par karatejapon » Lun Sep 11, 2006 6:28 pm

L'article précédent recevant un bon accueil de votre part, voici le deuxième chapitre de nos anecdotes de dôjô.

Mahmood Gobzadeh, aujourd'hui âgé de quarante ans, a beaucoup bougé depuis depuis deux décennies. Fuyant le régime totalitaire des mollah et son Iran natal, il a fini par s'établir dans la préfecture de Saitama, dans la région du Kantô, aux portes de Tôkyô.

Pratiquant le Wadô ryû karate depuis l'âge de quinze ans à Téhéran, c'est tout naturellement qu'il s'est inscrit dans un dôjô au coeur de Tôkyô, dans le quartier de Sarugakuchô, arrondissement de Shibuya.
Ce dôjô, fermé maintenant depuis quelques années, était alors dirigé par Arakawa Tôru Sensei, Directeur technique de la Wadôkai et - accessoirement - entraîneur de l'équipe du Japon JKF.

Mahmood Gobzadeh, doté d'une grande souplesse et d'un bon coup d'oeil, intégra assez vite l'équipe de kumite du dôjô.
Si les débuts furent difficiles, notamment à cause de la barrière de la langue, rapidement des progrès furent visibles et les résultats en compétitions inter dôjô s'en ressentirent.
En quelques saisons notre pratiquant Iranien s'imposa comme une pièce maîtresse de l'équipe.
Par ailleurs son mariage avec une Japonaise et sa progression dans la langue contribuèrent à son intégration.

Le seul problème qui devint alors récurrent était celui des soucis de santé répétés.
Malgré sa tonicité, sa souplesse et sa technique avancée, les blessures devenaient de plus en plus fréquentes et chroniques.
Sur les conseils de son épouse et des médecins Mahmood Gobzadeh décida de ralentir le rythme, se cantonner à trois entraînements hebdomadaires et se mettre en retrait de la compétition.
Malheureusement, certains senpai du dôjô avaient une vision différente du problème et commencèrent alors à faire fi du contrôle habituel rencontré dans le sundome karate.
Au début, il s'agissait d'une "idée pédagogique" afin de "l'endurcir" et le "rendre Japonais"(!).

Rapidement, les choses passèrent de difficiles à impossibles. Les trois senpai qui se "chargeaient de son cas" le harcelait au dôjô, lors des cours quand le Sensei n'était pas là ou avait le dos tourné.
Loin de s'arrêter là ils téléphonaient à son domicile pour lui reprocher ses absences et son manque de solidarité avec l'équipe du dôjô.

La situation devint vraiment délicate mais il résista, sans en parler au Sensei et sans se plaindre. Sa santé s'améliora, notamment les problèmes de ligaments des genoux.
Il réintégra alors l'équipe de kumite qui se hissa en 1998 en finale des championnats des dôjô du Kantô.

Las, ayant fourni de gros efforts à l'entraînement durant plusieurs mois et lors des tours précédents (à partir des 16èmes de finale), Mahmood Gobzadeh subit alors une lourde rechute. Les deux genoux inflammés et ayant doublé de volume il décida de déclarer forfait.
Ce qui devait arriver arriva...Les senpai n'apprécièrent pas du tout cette décision à une semaine de la finale. Il fut donc inscrit - contre sa volonté - à la compétition mais réaffirma sa volonté de rester chez lui.

Le matin de la finale, deux des senpai vinrent chez lui et demandèrent à son épouse de les laisser seuls afin de "discuter" de l'avenir de son mari au dôjô.
Les reproches en tous genres lui furent exprimés en des termes très directs et la conversation s'acheva par un tsuki dans chaque genou enflé...
De là les charmants senpai le sortirent du lit et l'entraînèrent dans un véhicule pour se rendre au lieu de la compétiton.
Craignant réellement pour son intégrité physique (déjà mise à mal) Mahmood Gobzadeh s'exécuta, enfila le dôgi et combattit.
Le dôjô gagna la finale et notre malheureux se dépassa pour remporter ses deux combats, notamment par ippon avec jôdan mawashigeri son tokui waza. Tout cela malgré l'état de ses genoux.
L'attitude de ses tourmenteurs changea du tout au tout et il fut, dès lors, considéré et respecté en tant que senpai de plein droit.

Le temps a passé, Mahmood Gobzadeh, dans une impasse professionnelle au Japon, a émigré au Canada avec son épouse. Il vit aujourd'hui à Vancouver où il a fondé une petite entreprise de construction.
Son temps libre est consacré au karate en tant qu'assistant d'un Sensei Japonais auquel Arakawa Tôru Sensei l'a recommandé.

Quand il évoque ces moments difficiles c'est sans regret car il considère que cette expérience l'a conduit à une victoire importante; nous ne parlons pas ici d'un trophée mais d'une victoire sur lui même.
Notre - récemment naturalisé - Canadien estime que c'était physiquement et psychologiquement dur mais après ces épreuves il s'est senti prêt à tout affronter au dôjô et en dehors.

A méditer: les notions de courage, de dureté et de dépassement de soi...sans idéaliser ce type de comportement et les excès induits.
karatejapon
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Message par tarek » Mar Nov 02, 2010 2:42 pm

Bien qu'il s'est vraiment dépassé, je pense qu'en général on est pas loin des blessures fatales qui mettent fin à tout pratique voir au simple fait de marcher mais ça reste un témoignage très intéressant, dans l'attente d'autres

Osu!
tarek
 
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