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Un Japonais politiquement incorrect

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Un Japonais politiquement incorrect

Message par karatejapon » Ven Sep 08, 2006 8:02 pm

Généralement les Japonais sont plutôt consensuels et donnent dans le politiquement correct. Ce fut, du moins, toujours le cas lorsque nous avons parlé karate au Japon au cours de nos pérégrinations. Mais ça y est! Nous en avons trouvé un qui ne manie pas la langue de bois et dit ce qu'il pense, surtout concernant les étrangers dans le karate.

Votre dévoué webmestre a rencontré Monsieur Kanayama Toshiaki de façon fortuite à Ôsaka.
Membre de la Nihon Karate Kyôkai (JKA), ce nidan est membre d'un des nombreux dôjô de cette association représentant la Shotokan ryû. Il s'entraîne au coeur d'Ôsaka et a accepté de répondre à nos questions sans se restreindre.


- kj: "Pratiquez vous depuis longtemps et au sein de quel(s) dôjô?"

- K.T.: "Cela fait maintenant quinze ans que je pratique. J'ai commencé au lycée, à Kôbe puis j'ai continué après mes études dans un dôjô privé ici à Ôsaka."


- kj: "Vous vous entraînez beaucoup?"

- K.T.: "Un minimum de trois fois hebdomadaire mais quatre si je peux. Ca dépend du travail et de mes obligations privées. J'ai une possibilité aussi dans mon entreprise (NEC) mais ça ne m'intéresse pas. Je préfère aller dans le même dôjô.
Sinon je participe chaque année au kangeiko avec les autres deshi et ceux d'autres clubs de la Nihon Karate Kyoukai."


- kj: "Avez vous pratiqué avec des étrangers?"

- K.T.: "Un peu au dôjô de ma société quand j'ai commencé et j'en vois de temps en temps à celui de Nanba."


- kj: "Et qu'en pensez vous? Leur niveau, constance et assiduité aux cours...?"

- K.T.: "Je pense qu'ils ne s'entraînent pas aussi dur que les Japonais. Les bases leur manquent et ils n'ont pas l'air de vouloir apprendre vraiment. Souvent ils sont vite fatigués et ne cherchent pas à se dépasser."


- kj: "Vous semblez sévère, non...?"

- K.T.: "Non, je n'ai rien contre les étrangers mais si vous venez pratiquez le karate au Japon il faut s'adapter et faire comme les Japonais. Quand des étrangers viennent s'entraîner au dôjô, ils restent plutôt à travailler entre eux et recommencent les mêmes erreurs malgré les corrections.
Nous avons eu des Anglais, des Américains, des Australiens et je me souviens d'un Italien et quelques Français dont un qui travaille aussi dans mon entreprise. Ils sont généralement sympathiques mais au niveau du karate ça ne va pas vraiment. Certains veulent trop d'explications et ça retarde tout le monde."


- kj: "Que leur reprochez vous sur le plan technique?"

- K.T.: "Comme les Sensei du dôjô le disent, ils travaillent trop avec les épaules et en force. Souvent ils sont plus lourds que les Japonais alors ils se servent de leur gabarit mais le karate c'est autre chose.
Au niveau des kata ceux qui pratiquaient déjà dans leur pays modifient trop les techniques et disent que c'est comme ça..."


- kj: "Pourtant les étrangers, les Français notamment, obtiennent de bons résultats en compétition."

- K.T.: "Oui c'est vrai. J'ai vu de bons karateka à la Shoto Cup (importante compétition organisée par la Nihon Karate Kyoukai). Mais c'est grâce à leur physique qu'ils gagnent souvent. Les noirs particulièrement ont de grandes jambes et marquent beaucoup de points mais ils ne sont pas puissants. Il n'y a pas beaucoup de force parce que les étrangers ont du mal à comprendre le travail des hanches.
Pour les kata il y a des champions étrangers mais souvent ça manque de vie; ce ne sont que des mouvements. Je crois que c'est à cause des bases."


- kj: "En dehors du dôjô, vos rapports avec les étrangers sont-ils plutôt bons ou difficiles?"

- K.T.: "Non ça va bien. Nous allons boire ensemble ou manger de temps en temps. Néanmoins les étrangers du dôjô sont moins impliqués dans la vie de l'association. Les Japonais participent plus à tous les niveaux. Nettoyer le dôjô, participer à l'organisation des tournois ou des examens de grades, tout est important quand on est membre..."


- kj: "Votre vision des pratiquants étrangers est quand même largement négative..."

- K.T.: "Non ce n'est pas ça. Mais, pour moi, un dôjô de karate n'est pas un club de sport. On n'y va pas uniquement pour s'amuser. On doit apprendre et chercher à progresser. Il faut comprendre le système de kohai et senpai et s'adapter.
Le pire que j'ai vu ce sont des étrangers qui ne viennent que pour obtenir un grade. Après c'est fini, on ne les voit plus, surtout s'ils trouvent que c'est trop long. Mais c'est quand même le Sensei qui décide. C'est un manque de respect, ça ne marche pas comme ça. D'ailleurs les étrangers qui ont commencé ici, comme mon collègue Français et un Américain qui est dans les affaires, sont bien intégrés. Il vaut peut être mieux débuter au Japon."


- kj: "Avez vous déjà été à l'étranger?"

- K.T.: "Oui. Aux Etats Unis, en France et en Chine. Mais je n'ai jamais pratiqué dans ces pays."


- kj: "Pensez vous que des étrangers peuvent vraiment pratiquer un bon karate et progresser au Japon?"

- K.T.: "Bien sûr. Simplement je pense qu'il faut faire comme au Japon.
Je lis de temps en temps des magazines spécialisés et je vois des articles sur les champions étrangers. Les Français sont très forts et aussi les pays de l'est donc c'est possible."


- kj: "Lors des grands stages, travaillez vous avec des pratiquants étrangers?"

- K.T.: "Oui bien sûr. On tourne pour les kumite. La dernière fois je me suis retrouvé avec un Allemand, deshi d'Ochi (Hideo) Sensei. Il était très sympathique mais il était difficile de se comprendre.
Pendant le repas j'ai discuté avec des Américains venus de New York. C'est plus facile car je parle anglais pour le travail. L'ambiance était très bonne et les professeurs étrangers étaient bien, comme au Japon. En fait j'aime bien pratiquer avec des étrangers s'ils font comme nous.
Je sais que j'ai l'air négatif mais je crois vraiment qu'il n'y a qu'un seul karate et que les Japonais le connaissent parfaitement. Ce n'est pas qu'un sport pour nous autres Japonais."


- kj: "Quel est donc le principal reproche que vous adresseriez aux pratiquants étrangers?"

- K.T.: "Ce ne sont pas vraiment des critiques mais il ne faut pas oublier le respect dans les dôjô et accepter la discipline. Comprendre aussi que le karate est japonais, pas un sport étranger. Il faut essayer de comprendre les spécificités culturelles et autres. Ne pas vouloir aller trop vite et accepter de reprendre les bases. Pas la peine de faire des kata très difficiles avant de bien connaître les autres. La patience est très importante. Les Japonais ont appris le baseball en observant et écoutant les Américains, c'est pareil pour le karate."


Nous remercions Monsieur Kanayama Toshiaki d'avoir bien voulu répondre à nos questions, principalement dans un très bon anglais.
Les précisions entre parenthèses sont données par karatejapon.
Les éventuelles erreurs de traduction à partir de l'anglais et du japonais sont de la seule responsabilité du webmestre.
Dernière édition par karatejapon le Mar Mars 25, 2008 5:48 pm, édité 2 fois.
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Message par Mustafa Jean-Andre » Mar Mars 25, 2008 2:46 pm

C'est dur à entendre! Mais ça fait du bien.
Les bases il n'y a que ça de vrai, mais au pays des picoreurs c'est trés difficile de le faire comprendre. :cry:
TOUT EST POSSIBLE A CELUI QUI CROIT!
Site: http://kyokushin-seinan.kazeo.com/
Site: http://s-d-a.kazeo.com/
Mustafa Jean-Andre
 
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Message par Shoto » Mar Mars 25, 2008 6:40 pm

- Ce gars n'a jamais vu feu Michael Millon, ni Waynes Otto :D

- C'est grâce à des gars pareil que le karate japonais est en perte de vitesse par rapport aux fançais, russes, etc.

- Des "ultras" pareils, il en faut, pour entretenir le mythe des maîtres japonais invincibles
Shoto
 
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Réactions divergentes

Message par karatejapon » Mar Mars 25, 2008 7:19 pm

C'est aussi une des caractéristiques du site que de laisser les divergences s'exprimer. Même les idées contraires à celles largement répandues méritent qu'on s'y attarde.

Le karate japonais n'est en perte de vitesse que dans certains domaines, essentiellement celui de son expression sportive en version sundome.

Si les vues de Monsieur Kanayama Toshiaki sont assez sévères pour les étrangers, certains points qu'il soulève sont objectivement avérés.

Content de voir ce vieil article refaire surface et entraîner quelques réactions, là aussi divergentes.
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