Comme les habitués du site le savent déjà, nous n'hésitons jamais à égratigner personne qui mériterait la critique. Cela vaut, bien entendu, pour les Japonais.
Nous avons donc décidé de vous soumettre un article qui vous fera, nous l'espérons, réagir.
Néanmoins, pour rester tout à fait honnête, la critique se doit d'être constructive et non destructrice. Et bien qu'il ne s'agisse pas de vous faire lire une dissertation, toute thèse doit être suivie d'une antithèse.
En quoi les karateka Japonais seraient donc critiquables par des étrangers? Le catalogue est vaste pour qui a pratiqué au Japon ou observe de près les us et coutumes des dôjô nippons.
- N'avez vous pas remarqué que les cours manquent d'imagination? Toujours le même échauffement, toujours le même ordonnancement mais peu d'imagination. En fait, les enseignants Français - par exemple - semblent plus inventifs et rendent les cours moins austères. La variété reste le meilleur moyen de garder les élèves et pérenniser la pratique du karate. Quand un assistant remplace son professeur, il est incapable de s'éloigner de ce qu'il fait habituellement. L'occident ose et propose plus de liberté.
Certes mais...les méthodes japonaises ont fait leurs preuves. Puisque ça marche comme cela depuis plusieurs décennies pourquoi changer? Peu ou prou les effectifs restent relativement stables dans les dôjô de l'archipel. Donc ça plaît comme ça aux pratiquants Nippons. La répétition est nécessaire et les Japonais ont l'esprit qui correspond à ce type d'entraînement.
La discipline est un facteur fondamental de la vision japonaise et on ne remet pas en question les gens qui vous ont précédé. Pas de "maître" en herbe au Japon.
Et les étrangers me direz vous? Qu'ils s'adaptent ou ne viennent pas pratiquer au Japon...
- Les Japonais n'ont plus grand-chose à nous apprendre. Les résultats de l'Equipe de France de karate sont là pour le prouver. Les méthodes tricolores sont même reprises par les entraîneurs Nippons et les magazines spécialisés japonais parlent des champions Français (et autres occidentaux) dans leurs colonnes.
- Certes mais...le karate est loin de se limiter aux compétitions kata ou kumite. Il s'agit, à la base, d'un Art Martial et pas d'un sport.
Les Nippons visualisent leur pratique dans la durée pour la plupart et ne se limitent pas à une carrière sportive à l'issue de laquelle le pratiquant disparaît corps et bien. L'exemple de l'ex-champion du monde Nishimura Seiji Sensei est, à ce titre, éloquent. Reconverti en entraîneur, il ne rate jamais une occasion de rappeler les racines martiales du karate et l'obligation d'en pratiquer toutes les facettes.
Et si les Français dament régulièrement le pion à leurs adversaires Japonais, c'est loin d'être le cas en jissen karate. Dans cette forme plus "virile" et surtout plus réaliste, les Nippons ne gagnent pas toujours mais dominent malgré tout la scène internationale.
Le karate reflète l'esprit japonais.
- Les dôjô japonais sont souvent fréquentés par des yakuza.
Le monde du karate est noyauté par des individus peu recommandables même s'ils ont pignon sur rue. Divers courants souterrains profitent de la masse des cotisations pour financer on ne sait quelles entreprises troubles.
La France peut s'enorgueillir d'une fédération solide sous le contrôle de pouvoirs publics responsables.
Certes mais...si tout ce qui précède est plutôt vrai (pas systématique quand même) le Japon se débrouille très bien comme ça.
C'est un fait historique: le karate s'est développé au Japon avec l'aide d'individus au passé souvent trouble. Cet Art Martial fournit toujours le gros du contingent des gardes du corps dans l'archipel. Et qui connaît vraiment le Japon sait que les dits gardes du corps exercent leurs talents particuliers au profit de tâches moins nobles et au service de personnages plus que douteux.
Néanmoins ces fameux yakuza, lorsqu'ils pratiquent, le font avec sérieux et cherchent la pérennité et le développement de leur Art Martial. karatejapon en fréquente (au dôjô uniquement ou presque!) et n'a rien à leur reprocher.
Pratiquer dans un dôjô japonais aux côtés de telles personnes signifie faire partie d'un groupe soudé où l'entraide est de mise à tous les niveaux.
Etre étranger n'est pas un problème, il suffit de faire montre de son honnêteté intellectuelle et de sa volonté de progresser. Point de vision romantique dans cette idée.
La notion de groupe est essentielle dans les dôjô nippons et cela ne vaut-il pas mieux que des gens qui fréquentent un club (point de dôjô ici) en bons (et simples) consommateurs?
A nouveau, prenons le karate au Japon tel qu'il est.
- Les pratiquants Nippons ne connaissent que leur Ecole et gardent une vision limitée du karate et donc des autres Arts Martiaux.
Il est curieux de constater à quel point les karateka Japonais méconnaissent totalement ou presque les différentes ryû, sortis de celle qu'ils pratiquent.
La presse spécialisée dans des pays tels que l'Angleterre, l'Espagne, les Etats Unis et la France est particulièrement éclectique. C'est loin d'être le cas au Japon. Par ailleurs, le peu de publicité pour la majorité des Ecoles contribue à cette méconnaissance. Les Nippons ne vont donc pas chercher à voir ce qui se fait à côté et prendre ce qui pourrait améliorer leurs compétences. Une certaine forme d'ignorance donc dans tous les sens du terme.
Certes mais...la dispersion dont font preuve les pratiquants occidentaux est-elle à porter à leur crédit?
Les effets de mode ont moins cours au Japon et quand on voit ce qui se passe en France et aux Etats Unis, on ne peut que s'en féliciter.
Les pratiquants Japonais se concentrent sur leur Ecole et changent assez rarement de dôjô, encore moins de ryû. Mieux vaut connaître son Ecole de façon exhaustive que de toucher à tout sans réelle profondeur.
Enfin, ne pas connaître ne signifie en rien mépriser car les Japonais se montrent respectueux des autres ryû quand on leur en parle.
Nous pourrions continuer longtemps avec des exemples et contre exemples, tous valables et ayant force de loi pour certains. Mais cet article n'a pour but que de vous faire réfléchir et comprendre le karate selon les perception et conception japonaises.
A vous maintenant de forger votre opinion et de réagir selon vos expériences.
N'oublions pas l'adage "qui aime bien châtie bien", alors pas d'hésitation.