De retour de Tôkyô, nous souhaitons vous présenter un autre dôjô dont karatejapon est maintenant un heureux membre.
Situé dans le quartier de higashi Shinagawa, près de la station Aomonoyokochô (direction Yokohama au départ de Shinagawa, station suivante en train express), ce dôjô appartient au réseau du Kyokushinkaikan fort d'environ 200 adresses à travers presque toutes les préfectures du pays.
Premier point positif: des panneaux judicieusement placés entre la station de métro et le dôjô permettent d'éviter le jeu de piste trop souvent rencontré pour trouver une adresse au Japon.
Comme souvent, les locaux sont installés au sein d'un immeuble anonyme qui aurait pu abriter à peu près n'importe quelle activité. Le dôjô en lui même est en fait un appartement/bureau reconverti pour l'occasion. Des tatami ont été disposés afin de protéger des chutes. Un minuscule vestiaire, un évier et des toilettes (sur le palier) complètent la présentation des lieux.
Le professeur est Suzuki Sensei, deshi de Yasuda Toshio Sensei, quatrième dan,présenté dans l'article "L'enfer au Japon" et sa suite.
Cet enseignant est encore jeune mais fait preuve de maturité technique. Il est clair qu'il connaît ce qu'il enseigne. Timide de prime abord (avec les étrangers?) il possède un solide sens de l'humour et reste très simple. Nous avons pu apprécier ses qualités physiques et la finesse de son travail.
Pour la première leçon je suis arrivé près d'une heure en avance afin d'observer, si possible, le cours précédent. Ce jour là Suzuki Sensei donnait un cours particulier à un élève du dôjô sélectionné pour l'Open du Japon Kyokushinkai. Monsieur Saitô, 1m85 pour 93 kilos étant bien seul, j'ai été convié à enfiler le dôgi et travailler avec ce pratiquant actuellement premier kyû.
Si le T-shirt était autorisé (fortes chaleurs et humidité étouffante obligent) les saluts traditionnels restent de mise selon la tradition.
Après 30 minutes entrecoupées de courtes pauses et rythmées par le chronomètre le cours a pris fin. Pas de surprises ici; conseils tactiques, techniques, sur la condition physique et, bien sûr, du kumite. La préparation adéquate pour une compétition du niveau de celle à venir.
Après 15 minutes de repos tout le monde se change, remet le dôgi et le second cours débute.
Pas de surprise là non plus. Un strict respect de la tradition avec les nombreux saluts et un schéma classique; soit kihon, kumite et kata.
Suzuki Sensei est rigoureux et reprend les élèves sur plusieurs détails qui ont, bien sûr, leur importance. Ce fut notamment le cas sur le travail des kata. A priori aucun aspect du karate n'est oublié. On sent l'influence de Yasuda Toshio Sensei dans la façon dont son deshi appréhende la pratique.
Entre eux les élèves sont respectueux et cherchent à s'entraider. Pas de compétition exacerbée. En tant que non Japonais je n'ai aucunement ressenti d'isolement. La curiosité légitime de mes partenaires d'entrainement était bien discrète.
Le cours achevé tout le monde attaque le ménage du dôjô avec balais et serpillères, à la japonaise.
Le lendemain était un jour exceptionnellement sans cours mais Suzuki Sensei me propose une leçon particulière, que j'accepte bien évidemment.
Là encore j'ai pu apprécier la finesse technique de cet enseignant. Nous avons travaillé durant une heure très enrichissante me concernant. J'ai eu droit à de multiples corrections par rapport à ce que j'avais montré la veille ce qui témoigne des qualités d'observation du professeur.
Cerise sur le gâteau, nous avons passé les 20 dernières minutes sur des exercices visant à améliorer la circulation de l'énergie dans le corps.
Ces techniques doivent être pratiquées par des karateka les maîtrisant; il est hors de question de faire n'importe quoi au risque de provoquer des déséquilibres. Néanmoins je vais tenter de décrire simplement deux des techniques étudiées.
Le plus abordable de ces exercices consiste à travailler la détente musculaire au niveau des jambes par un cycle de respiration/expiration. Un partenaire est allongé sur le dos pendant que l'autre monte une des jambes tendue (non rigide), sans forcer et en adoptant le rythme respiratoire du premier. Assez classique somme toute mais excellent après des cours sollicitant largement les jambes (blocages et coups reçus).
Le second exercice est à prendre avec plus de précautions.
Un partenaire est allongé sur le dos, totalement détendu. L'autre entame un massage du hara tanden (point situé quelques centimètres sous le nombril) avec le talon. Les mouvements sont lents, effectués horizontalement et verticalement avec une pression d'intensité croissante durant plusieurs minutes. A la fin de l'exercice, si le pratiquant allongé possède une bonne sangle abdominale, son partenaire est debout sur ce point précis.
Selon Suzuki Sensei ces exercices ont été élaborés par Oyama Masutatsu Sôsai lui même. Et ce à partir de textes chinois étudiés au Japon après la fin de la deuxième guerre mondiale.
Autant donc pour ceux qui imaginent le karate (et la Kyokushinkai en particulier) comme une pratique de brutes épaisses, sans aucune finesse.
Nous ne pouvons donc que recommander ce "petit" dôjô où nous retournons d'ailleurs nous entrainer avant la fin du mois.
Higashi Shinagawa dôjô
Shinagawa ku
higashi Shinagawa
3chome-25-1
Makita building
Tôkyô T 143-0046
Téléphone (en japonais uniquement): (00) (81) 03-3458-0058
Cours du lundi au samedi à 19:30.
Tarifs: 8000¥ mensuels + 10000¥ à l'inscription.