par karatejapon » Mer Juin 28, 2023 8:49 pm
Le Tanimachi dôjô, dont les coordonnées se trouvent au bas du premier post de ce fil de discussion, est un des deux dôjô dirigés par Higa Kôji Shihan. Situé à trois stations de métro du Tenmabashi dôjô, sur la ligne éponyme, il est donc très central dans la capitale de la région du Kansai. Ce dôjô est installé au sein d’une maison de quartier, structure traditionnelle japonaise où se retrouvent les habitants vivant à proximité, pour diverses activités culturelles et sociales. Les entraînements se déroulent dans une salle de réunion d’une cinquantaine de mètres carrés dont les tables et les chaises sont systématiquement déplacées par les pratiquants avant et après le cours. Les lieux sont calmes, dans une petite rue et la plupart des baies vitrées du dôjô donnent sur un terrain de sport utilisé uniquement en journée par les élèves des écoles situées aux alentours. Les diplômes du shodan au godan du Shihan sont accrochés au-dessus des portes-fenêtres auxquelles les pratiquants font face pour les saluts. Un bémol: le sol de la salle est recouvert d’un linoléum qui peut vite devenir gênant si on traîne et frotte les plantes des pieds. Quelque part un bon exercice pour se déplacer correctement. Par contre les lieux sont climatisés, gros avantage en été.
Hier soir le Shihan m’a honoré de sa confiance en me laissant diriger l’intégralité du cours, ce qui induit de connaître le dôjô kun par coeur et, bien entendu, en japonais.
Peu d’élèves présents pour cet entraînement de 19:30 à 20:45 mais tous motivés et attentifs. Au nombre de ceux-ci, Patrick, ingénieur Suisse expatrié au Japon pour deux ans, travaillant dans le domaine des machines-outils. Encore porteur d’une ceinture blanche et relativement débutant en japonais car arrivé à Osaka en novembre de l’année dernière, il s’est montré attentif et volontaire dans la perspective d’un prochain examen pour l’obtention de la ceinture orange.
Quelques extraits de nos échanges avec Patrick:
- kj: "Pourquoi le karatedô et pourquoi ce dôjô?"
- Patrick: "Je me suis dit qu’il fallait mettre à profit ce long séjour au Japon. Je n’y connais rien en Arts Martiaux et je voulais pratiquer l’aikidô ou le karate, pas le jûdô qui ne m’intéresse pas vraiment. Et comme j’habite à dix minutes en vélo d’ici le choix s’est imposé à moi. C’est donc un peu le hasard. Mes collègues Japonais au travail m’ont dit que je devrais en profiter et c’est ce que je fais."
- kj: "Comptes-tu poursuivre la pratique quand tu retourneras dans ton pays?"
- Patrick: "Oui, j’espère car ça me plaît beaucoup. Et je reviendrai de temps en temps au Japon car notre société a été achetée par un groupe nippon. Alors j’espère vraiment revenir au dôjô pour des entraînements quand ce sera possible. En tout cas je chercherai un endroit où pratiquer près de chez moi, en Suisse alémanique."
- kj: "Que t’apporte la pratique?"
- Patrick: "Je découvre encore mais au global c’est très agréable même si c’est fatigant physiquement. En tout cas je me sens mieux en faisant travailler mon corps. Et puis je suis assez grand (1m85) mais pas assez costaud. Je m’améliore grâce au karate mais j’ai encore beaucoup de mal avec les pompes sur les poings et les abdominaux. Je suis content après le cours, je rentre chez moi fatigué mais très content et calme."
- kj: "Quels sont tes rapports avec les camarades d’entraînement?"
- Patrick: "Tout le monde est agréable, bienveillant et prévenant avec moi. Comme mon japonais est encore limité et que personne ne parle allemand, nous échangeons en anglais. Le senpai ceinture marron qui est là aujourd’hui vient régulièrement et il traduit beaucoup pour moi car il parle bien anglais. Les autres élèves sont tout aussi sympathiques avec moi et essaient de m’expliquer ce qu’il faut faire quand je suis un peu perdu. Ils m’ont dit d’apprendre le dôjô kun mais, pour le moment, j’ai du mal à retenir les sept parties. Et Higa Shihan a beaucoup de patience et d’humour, c’est important pour moi en tant que débutant."
- kj: "Que du positif donc?"
- Patrick: "Oui, le hasard a bien fait les choses. Je ne savais même pas qu’il existait plusieurs styles de karate et ce n'est pas le plus important pour moi. Je ne voulais pas être dans une grosse structure donc ça me va bien. C’est plutôt familial ici, nous ne sommes pas nombreux, ce qui me convient."
- kj: "T’es tu fixé quelques buts?"
- Patrick: "Déjà bien parler japonais (rires). Ensuite progresser en karate. J’attends le premier examen pour la ceinture orange et aussi le premier stage où j’irai, soit cet été, soit en hiver mais là j’avoue que ça me semble très dur. Nous verrons bien. Pour le moment je profite de ce que j’apprends au dôjô et de cette façon de faire, comme une famille structurée. Ça correspond bien à mon état d’esprit et ma formation professionnelle."
Cet entretien a été conduit à 90% en anglais et 10% en allemand.