Nous poursuivons notre tour du monde des dôjô avec une escale en Chine, à Shanghai précisément.
Lundi dernier nous avons eu le plaisir de nous entraîner au Honbu dôjô IKO de l'Empire du Milieu. Cet immense pays, berceau des Arts Martiaux et doté de très nombreux clubs propose maintenant quatre dôjô appartenant à l'organisation dirigée par Matsui Shokei Kanchô. Trois sont situés à Shanghai et un autre à Shenyang. Un groupe encore certes réduit mais dynamique. Preuve en est, l'organisation en août dernier du premier stage d'été dans la mégalopole chinoise.
Le Honbu dôjô est situé dans un quartier résidentiel, à une vingtaine de minutes du coeur de Shanghai...Quand la circulation le permet.
Y arriver fut déjà une épreuve, avec un chauffeur de taxi un peu perdu et ne parlant que le cantonais, malgré l'adresse écrite en chinois et les indications d'un membre du personnel de l'hôtel où nous étions hébergé.
Heureusement, votre webmestre est prévoyant et avait pris de la marge. Quarante cinq minutes et trois arrêts pour se renseigner auprès de passants seront tout de même nécessaires pour arriver devant la résidence qui accueille le dôjô.
Celui ci est installé au sous sol d'un immeuble d'habitation destiné à la nouvelle classe moyenne chinoise. Des toilettes et des douches sont disponibles au rez de chaussée du bâtiment.
A notre arrivée dans les lieux, grand étonnement des six élèves déjà présents. Egalement grand moment de solitude pour moi car je ne parle pas un traître mot de chinois. Fort heureusement, après quelques secondes un deshi portant une ceinture verte s'adresse à moi dans un anglais très correct. Les présentations effectuées j'expose le but de ma visite et produit ma carte IKO. Tout le monde me salue avec une grand cordialité.
Le maître des lieux arrive quelques minutes plus tard. Wang Jiang Sensei, titulaire du sandan, est un homme d'âge moyen, trapu et souriant. Son accueil est enthousiaste, il se dit ravi de recevoir un visiteur étranger. Ne parlant pas que le cantonais et un peu le mandarin, le deshi ceinture verte se fait notre interprète, bientôt rejoint par Bo Xiao Senpai, shôdan parlant couramment anglais et même quelques mots de la langue de Molière, qu'il étudie au sein de son entreprise, dirigée par un homme d'affaires Français.
Wang Jiang Sensei nous commente toutes les photos qui ornent le bureau d'accueil et le dôjô attenant. La plupart ont été prises lors de plusieurs séjours au Japon dont certaines au Mitsumine lors d'un kangeiko auquel il a participé. Quelques clichés montrent le sensei en compagnie du Directeur mondial de l'organisation ou Akaishi Makoto Sensei.
Le dôjô mesure environ cent mètres carrés recouverts de tatami et se prolonge par un second et vaste bureau où du matériel est entreposé et qui fait également office de vestiaire.
Je questionne le Sensei quant au choix du karatedô au pays du kung fu. Sa réponse fut la suivante: "J'ai pratiqué le wushu durant plusieurs années et, un jour, j'ai découvert l'Ecole Kyokushinkai avec des magazines japonais. J'ai réussi à obtenir un visa, je me suis rendu à Tôkyô durant quelques mois où je m'entraînais six fois par semaine au Honbu dôjô. J'ai compris que c'était ma voie, ma destinée. Je me suis entraîné seul et j'ai aussi suivi des stages, ici et au Japon. Je suis retourné à Tôkyô pendant un mois pour préparer l'examen du shôdan. J'en ai fait de même avant les nidan et sandan. Dès que je peux je vais au Japon car j'ai beaucoup à apprendre."
Pour ceux qui imagineraient les Chinois petits et maigres, précisons que sur les dix élèves présents ce soir là, trois passent la barre du mètre quatre vingts. Et n'oublions par l'assistant nidan de Wang Jiang Sensei - entièrement formé par ce dernier - qui mesure un mètre quatre vingt dix et pèse cent dix kilos. Comme les Japonais en leur temps, les jeunes Chinois grandissent beaucoup et changent la morphologie dominante du pays. Les nouvelles habitudes alimentaires n'y sont bien entendu pas étrangères.
Le cours commence à 19:00 et nous voilà partis dans la nuit de Shanghai, en dôgi, pour une course de 3720 mètres. Les passants croisés ne cachent pas leur surprise en voyant un blanc au milieu de leurs compatriotes.
Les cent derniers mètres achevés en sprint, nous regagnons le dôjô pour un cours très classique, bien dans la lignée de ceux dispensés au sein des dôjô du Kyokushinkaikan. Mais avant cela Wang Jiang Sensei tient à nous présenter à l'ensemble des élèves et nous souhaiter la bienvenue de façon formelle.
Programme sans surprise donc avec beaucoup d'idogeiko et de travail à deux à l'aide de boucliers de frappe. Tous les techniques travaillées seront répétées trente fois en demandant vitesse et kime. Le Sensei met l'accent sur la condition physique. De ce fait les séries de pompes, de squats et d'abdominaux seront nombreuses durant l'entraînement.
Si tout le monde pratique de façon sérieuse et motivée, la bonne humeur reste de mise. Les pratiquants Chinois rient beaucoup, plaisantent et se taquinent durant le cours.
Au bout de deux heures et les saluts classiques réalisés, nous formons un cercle et le Sensei donne des conseils, encourage ses deshi et nous demande un discours que les deux élèves parlant anglais se chargent de traduire. Promesse est faite de se retrouver dès que possible pour un nouvel entraînement et un repas à suivre. De nombreuses photos sont prises avec chaque deshi et votre serviteur.
Un des élèves parlant anglais nous raccompagnera même en voiture à notre hôtel malgré l'heure tardive.
Nous souhaitons remercier Wang Jiang Sensei, Bo Xiao Senpai et l'ensemble des deshi présents pour la chaleur de leur accueil, leur gentillesse ainsi que leur bienveillance à notre égard. Nous les retrouverons dès que possible avec grand plaisir.
Shanghai Kyokushinkaikan dôjô - Wang Jiang
218 Xixiang Road
Putuo District
Shanghai
http://www.yijihui.com
Une interface en anglais est actuellement à l'étude pour ce site.