Voici deux mois, pour notre anniversaire, nous avons reçu un cadeau bien particulier de la part d'un ami Japonais. Il ne s'agit donc pas d'un présent ordinaire mais d'un magazine rare et recherché, notamment au Japon.
Gong Battle series volume 8, daté du mois de juillet 1994, est le numéro spécial édité à l'occasion de la disparition du fondateur du Kyokushin karate, Oyama Masutatsu Sôsai. Tiré à dix mille exemplaires pour l'ensemble du Japon et non exporté, ce collector se négocie aux alentours de 500€ dans l'archipel, notamment chez le meilleur vendeur de Tôkyô qui n'en possède qu'un seul et unique exemplaire. Le nôtre est plutôt en bon état mais nous ne comptons pas le vendre malgré la proposition financièrement intéressante qui nous a été faite.
Le fondateur du Kyokushinkaikan orne la couverture de la revue qui recèle de nombreuses bonnes surprises.
Le première page propose l'empreinte de la main d'Oyama Masutatsu Sôsai, une tradition japonaise à l'image de ce qui se fait en sumô pour les lutteurs des plus hautes divisions et dans plusieurs sports. Son sceau personnel (hanko) et sa signature accompagnent l'empreinte de la main droite.
Au total ce numéro propose plus d'une centaine de photos dont certaines fort rares, déroulées de façon chronologique, par un découpage des diverses périodes de la vie du fondateur de l'Ecole. Plusieurs clichés très anciens, en noir et blanc, proviennent de la collection personnelle de la famille Oyama et n'avaient jamais été publiés auparavant selon l'éditeur.
On trouve un poster au centre du magazine qui offre, en outre, une perspective intéressante sur le Kyokushinkai karate, son avenir et ses cadres. Vingt deux ans plus tard ce point se révèle particulièrement intéressant, surtout au regard des nombreux départs et des diverses sécessions survenues après la disparition du fondateur. A cette époque on assistait, comme en attestent clairement les textes traduits par nos soins, à une grande solidarité affichée par tous. L'esprit de Sôsai était bien présent et le choix de Matsui Shokei Kanchô pour lui succéder était avalisé par l'ensemble des champions et cadres qui s'expriment dans les colonnes de la revue. Une section présente dix sept personnalités dont certaines ont depuis quitté l'IKO. Toutes ce personnes, jeunes à l'époque, étaient alors décrites comme le futur de la ryû. Bien entendu, cette belle entente de façade a depuis volé en éclat, comme nous pouvons le constater.
Quatre pages sont consacrées à John Bluming qui exprimait alors sa profonde tristesse devant "la perte irréparable d'un homme exceptionnel". Toujours selon les propos du Néerlandais, on n'avait "certainement jamais connu de karateka aussi talentueux et d'un charisme sans égal".
Quand on connaît la dureté des mots prononcés envers Oyama Masutatsu Sôsai et son successeur voici quelques années maintenant, il y a tout de même matière à s'interroger. La fidélité indéfectible revendiquée n'aura pas résisté à l'épreuve du temps.
Afin de finir sur une note positive, un long entretien avec Matsui Shokei Kanchô est reproduit dans les pages du magazine. Il est heureux de constater que le discours du Directeur mondial du Kyokushinkaikan n'a, quant à lui, pas varié fondamentalement. La candeur qui émane de ses propos semble sincère et aujourd'hui on peut voir que le personnage n'a pas changé. Il garde sa ligne de l'époque et c'est quelque part rassurant.
Beau cadeau donc que nous apprécions à sa juste valeur.