Nous souhaitons vous présenter aujourd'hui un ouvrage qui nous a offert plus qu'espéré au départ.
Ayant lu relativement peu de bons livres sur le
Kyokushin karate, celui, autobiographique, de
Nicholas Pettas ne nous semblait pas de nature à attiser l'intérêt. Nous étions dans l'erreur.
Mais présentons d'abord brièvement son auteur.
Né en Grèce d'une mère Danoise et d'un père Grec, l'ancien champion a passé son enfance et son adolescence au Danemark où il a débuté la pratique du
karatedô.
Alors seulement ceinture verte il postule pour une place très convoitée de
uchideshi au
Honbu dôjô Kyokushinkai, à
Tôkyô, à l’époque dirigé par
Oyama Masutatsu Sôsai lui même. Sous la férule du fondateur du
Kyokushin karate, le jeune Danois - qui a remis une ceinture blanche - passera mille jours au Japon et sera un des rares élus à terminer le cycle particulièrement rigoureux et redouté des élèves internes. Il sera l'un des derniers à survivre à cette épreuve.
Devenu
sandan à l'issue des trois années d'entraînement forcené, il est ensuite nommé Instructeur au
Honbu dôjô. Position exceptionnelle s'il en est pour un étranger. Il occupera cette fonction durant dix ans.
Se lançant par la suite avec succès dans le
kickboxing en tant que combattant du défunt circuit
K1, il quitte le
Kyokushinkaikan et lance sa propre structure, mêlant
karatedô et divers sports de combat, dans un esprit de recherches continues.
Nicholas Pettas, qui parle couramment japonais, est une figure connue dans l'archipel où il vit toujours avec son épouse et leurs enfants. On le voit assez souvent sur les plateaux de télévision et il a notamment collaboré à une série d'émissions produites par la chaîne publique
NHK traitant d'Arts Martiaux. Un épisode sur le
karatedô a d'ailleurs obtenu un prix en 2011.
Son autobiographie, intitulée "
Blue-Eyed Samurai" et sous titrée "
1000 Days in the Young Lions Dormitory", traite de ses débuts dans les Arts Martiaux, ses trois ans au Japon et son bref retour au Danemark, avant de repartir pour
Tôkyô.
Loin d'un exercice d'auto glorification auquel d'autres auraient pu succomber (et ont succombé pour certains), il offre une vision empreinte de candeur et caractérisée par l'absence du politiquement correct. C'est déjà beaucoup pour un ouvrage de ce type.
Au risque de faire grincer les dents de plusieurs personnes, le
Sensei Danois cite des noms et évoque très simplement les problèmes vécus au Japon. De la solitude à la jalousie en passant par l'attitude parfois négative des Japonais envers les étrangers, tout y passe mais sans tourner au règlement de compte. A nouveau, il s'agit de rendre simplement les sentiments qui l'ont habité, ses doutes et interrogations, sur lui même et les autres.
Au fil des pages on rencontre des personnages importants dans l'histoire du
Kyokushinkaikan, de
Howard Collins Shihan à
Kazumi Hajime Sensei, en passant par
Francisco Filho Shihan et bien d'autres, plus ou moins connus dont un Français.
Le système très japonais de la relation
senpai/
kohai, essentiel dans les
budô, est longuement traité et constitue même un des fils conducteurs de l'ouvrage. Certains lecteurs, peu au fait de cette pratique et ne connaissant pas le Japon, pourront s'en offusquer mais l'auteur l'explique, là encore, avec simplicité et logique.
Le style et la tonalité globale du livre sont plutôt rafraîchissants.
Nicholas Pettas ne cherche pas à polir son image, il évoque même sans ambages ses faiblesses, ses erreurs et se montre sous un jour simple.
Si on sent quelques pointes d'amertume ici ou là, il s'agit plutôt de regrets sincères mais aucunement de critiques gratuites, selon notre ressenti du moins.
L'amour pour sa pratique ainsi que son intérêt profond pour la Japon et sa culture martiale sont visibles au fil des pages.
A l'inverse d'autres ouvrages, affligés par la fausse modestie ou carrément un
ego démesuré de leurs auteurs, on sent ici de l'honnêteté et une volonté de partage d'une expérience unique.
A titre personnel, ce livre nous a séduit, notamment par ses descriptions de ce que nous connaissons et vivons au Japon. Les entraînements poussés, les combats âpres mais sans mauvaises intentions, le camp d'hiver avec ses difficultés et ses plaisirs, le goût de l'effort partagé, celui de l'abnégation, la camaraderie. Nous nous sommes bien modestement reconnu à la lecture de certains épisodes relatés par l'auteur.
Nous aurons tout de même quelques griefs à l'encontre de ce livre mais somme toute peu importants au regard du contenu, réellement intéressant.
Les fautes de frappe et mots manquants sont trop nombreux. Il est permis de s'interroger sur la relecture avant l'édition, voire son absence.
Les pages ne sont curieusement pas numérotées, fait suffisamment rare pour être relevé. N'oubliez donc pas de vous munir d'un marque pages avant de commencer la lecture.
Pensez aussi aussi à vous munir d'une loupe ou de lunettes avant de commencer la lecture car le texte, plutôt dense, est imprimé en (très) petits caractères. Les vieux pratiquants comme votre webmestre souffriront quelque peu.
Trente quatre photos en noir et blanc, certaines d'entre elles inédites, agrémentent l'ouvrage, écrit directement en langue anglaise.
Pour des informations sur le
Sensei Danois, son Ecole et sa biographie complète, connectez vous sur
http://www.nicholapettas.comBlue-Eyed Samurai1000 Days in the Young Lions DormitoryPublié en 2011 en format
eBook eISBN: 978-1-908400-67-3
Global Friends Communications Co. LtdPour la version papier: ISBN 9781466371644
Lightning Source UK LtdSimple à trouver et peu cher, en neuf ou d'occasion, sur
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