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Korean connection au Japon?

Les différentes Ecoles de karate au Japon sans exclusive.

Korean connection au Japon?

Message par karatejapon » Dim Sep 03, 2006 2:48 pm

Une ou un anonyme à récemment écrit à votre webmestre afin de savoir ce qu'il pensait des soubresauts du Kyokushin karate et leurs raisons.

Plusieurs articles ont déjà été mis en ligne sur le sujet.
Néanmoins, la polémique gonflant au Japon depuis l'année dernière, nous vous proposons des informations récentes, précises et pas toujours politiquement correctes. Mais, comme d'habitude, le but de karatejapon.net n'est pas de faire plaisir, c'est d'informer de façon impartiale et précise.

L'anonyme en question (peut être inscrit maintenant?) nous disait trouver scandaleux le fait que Matsui Shokei Kanchô se soit retrouvé héritier d'Oyama Masutatsu Sôsai, fondateur de la Kyokushinkai.
Ce point de vue est largement partagé par plusieurs groupes ayant fait sécession après le décès du créateur de l'Ecole Kyokushin.

Comme écrit dans un autre article, la plus grande mouvance américaine n'entretient plus de rapports officiels avec le Honbu dôjô et le groupe dirigé par Midori Kenji Shihan à organisé, fin 2003, ses propres "championnats du monde".

La presse japonaise spécialisée reste, peut être par peur du procès ou appel au boycott, plutôt discrète sur le sujet.
Au mieux elle se contente de livrer des informations sans donner son avis et évite soigneusement la polémique actuelle.
Pour nos membres au Japon qui liraient les magazines consacrés au karate, ceux dont nous parlons ici font partie de la presse "indépendante".
Nous excluons, bien entendu, les revues contrôlées directement ou non par la Kyokushinkai (voir article intitulé "La presse karate japonaise"). Ces dernières n'évoquant généralement pas ce problème et supportent totalement Matsui Shokei Kanchô, en toute partialité.

Alors quel est le fond du problème vous demandez vous?
Hormis un aspect "gros sous", il existe un autre contentieux, pratiquement invisible pour qui n'a pas l'expérience de la vie au Japon et une connaissance affinée de l'histoire contemporaine du pays.

Commençons par un bref rappel historique.
Les troupes impériales envahirent la péninsule coréenne en 1905 et en font une colonie totalement asservie et acculturée de force dès 1915.
En 1945, le nord du pays tomba sous le joug communiste et un dictateur aux ordres de Moscou fut installé au pouvoir.
Le sud prit, quant à lui, un tournant démocratique (lentement dans un premier temps) et les troupes américaines rapatrièrent l'administration japonaise en place ainsi que les militaires Nippons. Les rênes du pays furent donc remis aux Coréens sous la supervision du Général Douglas Mac Arthur alors proconsul à Tôkyô.

Cette longue période d'occupation nippone connu son cortège d'atrocités en tous genres mais eut aussi un effet plus surprenant.
Certains officiers Japonais en poste au Pays du Matin Calme étaient des karateka, élèves du Shotokan dôjô de Funakoshi Gichin Sensei, parfois sous la supervision directe de son fils, Yoshitaka.
Ces officiers, marins pour la plupart, organisèrent donc des cours à leur propre intention mais aussi à celle des Coréens qui souhaitaient pratiquer un Art Martial.
L'administration japonaise faisant tout pour éradiquer la culture locale, les techniques de combat coréennes ne pouvaient se développer.

Le taekwondo n'apparut que dans les années 1950 sous sa forme codifiée actuelle et fut largement inspiré par les préceptes de travail et d'organisation de la Shotokan ryû.
Bien entendu, les Coréens réfutent généralement ce fait pourtant historiquement vérifiable. Les cicatrices laissées par l'occupation et le ressentiment anti japonais restant légitimement profonds.
Entre alors en scène, à la fin des années 1950, le jeune Oyama Masutatsu (de son nom japonais), pas encore connu mais ambitieux et doué pour le karate.
Point essentiel et qui est, peut être, le noeud du problème: il est ethniquement Coréen et pas Japonais.

Le Japon d'après guerre était en ruines mais grâce au travail acharné et à l'abnégation du peuple japonais, les choses changent dès le début des années 1950.
Les troupes américaines stationnées en tant qu'armée d'occupation de 1945 à 1952 font marcher le commerce, oeuvrent à la reconstruction et à la modernisation du pays sous toutes les formes possibles (de la construction d'égouts aux campagnes de vaccinations en passant par un élargissement du droit de vote).
L'administration américaine fait tout pour consolider son allié potentiel et objectif contre les visées expansionnistes soviétiques en Asie.

En juin 1950 la Corée du Nord envahit son petit voisin du sud. Les combats dureront trois ans pour en arriver au status quo actuel.

Ces trois années virent le début d'une énorme vague d'immigration vers le Japon au cours de laquelle des familles entières, fuyant la guerre, vinrent s'installer auprès de Coréens anciens déportés et restés sur place ou simples immigrés.
Certains étant d'ailleurs volontaires lors de la colonisation afin de chercher fortune chez le riche et puissant voisin nippon.

Celles et ceux qui connaissent bien le sujet n'auront pas manqué de noter que le patronyme "Oyama" ne fait pas très coréen mais reste un nom répandu dans la communauté.
La plupart des Coréens immigrés dans les années 1950 ont tout fait pour se japoniser et passer ainsi inaperçu au sein de la société qui les accueillait plus ou moins bien.
Ceci peut surprendre en France où les communautarismes divers sont de mise. On imagine mal de nos jours, par exemple, un maghrébin cherchant à franciser son nom afin de mieux s'intégrer.
Les immigrés Coréens, eux, ont réellement cherché à se fondre dans le moule et bien leur en a pris, leur prospérité en atteste.
Ils constituent actuellement la deuxième communauté étrangère au Japon après les Chinois.
Seule une minorité d'entre eux, généralement favorable au régime communiste de Pyongyang, heurte les sensibilités japonaises. Les autres, ne posent pas de problème particulier pour les Nippons ou eux mêmes.

Oyama Masutatsu Sôsai fit tout pour être plus Japonais que les Japonais.
Son image en Corée du Sud, où nous nous rendons de temps en temps, fut généralement assez déplorable bien qu'un retour en grâce, amorcé il y a quelques décennies maintenant, change la donne.
Pour ceux qui en ont entendu parler, il s'agissait au mieux d'un silence neutre (à défaut d'être poli) et au pire d'un qualificatif de "traître à la patrie".
Il faut savoir qu'en temps que volontaire à l'émigration vers le Japon et l'intégration dans l'aviation japonaise, Oyama Masutatsu Sôsai aurait risqué, ni plus ni moins, le peloton d'exécution en retournant en Corée.
Néanmoins, un film coréen sur sa vie contribue quelque peu à changer cette image.

Avant sa disparition, alors professeur de karate mondialement connu et adulé, à la tête d'une importante et riche organisation, Oyama Masutatsu Sôsai plaça ses pions.
Et c'est bien là que le bât blesse.
Le milieu du karate au Japon est empreint de traditions - parfois lourdes certes - et ceux qui y dérogent gênent considérablement.

A titre d'exemple, nous rappellerons ici la crise provoquée par la séparation entre Tani Chôjiro Sensei (fondateur de la Shukokai) et son successeur désigné, Nanbu Yoshinao. Ce dernier ayant tout simplement décidé de créer sa propre synthèse.

Faisant quelque part fi de la tradition quant à la transmission des Ecoles, Oyama Masutatsu Sôsai coucha sur son testament le nom de Matsui Shokei en tant que seul héritier martial.
Cela entraîna de facto la prise de contrôle de la Kyokushinkai par ce jeune et talentueux karateka au détriment de ses Senpai qui travaillaient depuis des décennies aux côtés du fondateur.
Et, vous l'aurez sans doute maintenant deviné, Matsui Shokei Kanchô est, lui aussi, de souche coréenne.
Ainsi les choses restaient "en famille" ce qui choqua beaucoup de karateka Nippons pour qui, jusqu'à présent, l'ethnicité n'avait rien à voir avoir leur Art Martial.

En français, accorder des postes pour divers profits aux membres de sa famille porte un nom: le népotisme.
L'assimilation est ici tentante car les membres de la famille Oyama ont obtenu des postes clés dans l'organisation. Mais il s'agit aussi de communautarisme ce que plusieurs membres Japonais influents dans l'organisation n'ont pas accepté.

Voilà donc la situation telle que nous avons pu l'observer au Japon depuis le début de l'année dernière.

Nous précisons à l'intention des esprits chagrins que le webmestre n'a rien contre les Japonais, les Coréens ou l'organisation Kyokushinkaikan.
Qui plus est, le choix du fondateur - disparu en 1994 - a trouvé toute sa justification semble-t-il.

Libre à chacun(e) d'entre vous de juger les faits comme bon lui semblera.
Malgré tout, et à titre personnel, afin de répondre à l'anonyme à l'origine du sujet, nous estimons que cette attitude va à l'encontre des réalités historiques des Ecoles Martiales du Japon.
Néanmoins les traditions doivent parfois être "dépoussiérées" et si le choix les rendant obsolète est le bon, il n'y a pas matière à discussion.

La Kyokushinkai ne sort pas grandie de cette tristes dissensions et l'attitude inflexible de son chef de file n'arrange pas la situation. Mais tous les grands groupes ont connu - ou connaissent - des problèmes similaires.

Quoi qu'il en soit, l'important reste de pratiquer, quelque soit sa ryû, son groupe, son Sensei. Et, in fine, Matsui Shokei Kanchô remplit parfaitement bien son rôle. C'est du moins notre profonde conviction.

Plusieurs articles vous apporteront des précisions sue ce sujet.
Laissez vous guider par les titres.
Dernière édition par karatejapon le Jeu Avr 14, 2011 1:26 pm, édité 1 fois.
karatejapon
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Inscription : Mar Août 15, 2006 10:48 am

Message par lianshu » Dim Déc 21, 2008 5:46 pm

Je ressors les textes aujourd'hui.

Parfaît pour moi, culture et contextes historiques, j'appronfondis mes connaissances.

Merci

Lianshu.
lianshu
 
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Inscription : Dim Déc 14, 2008 7:37 pm
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