par karatejapon » Mer Avr 09, 2008 10:43 am
A la demande de shokei nous ouvrons un nouveau topic sur les cours de Artur Hovannisyan Sensei.
Actuellement sandan, il s'agit du seul Instructeur non Japonais au Honbu dôjô.
Enseignant mais également compétiteur, lors de sa dernière sortie l'Instructeur Arménien s'est classé troisième au World Tournament de novembre 2007. Ce tournoi est en fait le championnat du monde Kyokushinkai pour l'organisation IKO, dirigée par Matsui Shokei Kanchô, héritier testamentaire de feu Oyama Masutatsu Sôsai.
Voici donc par le menu la description du cours dispensé le 9/4, de 20:30 à 22:00.
Cet entraînement est quotidien du lundi au vendredi et a été confié par Fukuda Isamu Shihan, Chef Instructeur du Honbu dôjô à Artur Hovannisyan Sensei.
A l'heure précise du cours les deshi s'alignent par ordre de grade pour les saluts, par lignes de 5 (ou plus selon le nombre de présents).
Les retardataires attendent au bord du tatami, en seiza, l'autorisation de se joindre au cours donnée par le Sensei, après les saluts.
La leçon commence par un échauffement à base de "shadow" sur deux minutes, suivi de "pompes japonaises" à raison de vingt dans un sens et vingt dans l'autre. L'exercice est répété trois fois et nous finissons dans un bain de sueur. Avec la vingtaine de participants les deux miroirs sont rapidement couverts de buée, les fenêtres sont fermées, comme de coutume.
Celles et ceux qui ont fini avant les autres la dernière série de pompes ne restent pas inertes, bien entendu. On travaille l'écrasement facial, avec l'aide du Sensei qui, toujours bienveillant, "aide" les élèves à gagner quelques centimètres...
Pour compléter ce qui précède, nous nous positionnons en appui facial puis, à chaque signal, effectuons deux petits sauts sur un côté puis l'autre. Vingt au total. Nous poursuivons par des sauts en rotation dans un sens puis l'autre à partir de la position accroupie (un vrai bonheur pour les genoux des anciens...). Ensuite, sur le dos pour des relevés simultanés de jambes et buste, vingt fois encore. L'ensemble sera réalisé à trois reprises.
Cinq minutes sont ensuite accordées pour boire, s'étirer, essuyer la sueur qui a coulé sur les tatami et remonter des gros boucliers (avec lanières/bretelles) de la réserve du sous-sol jusqu'à la salle, située au deuxième étage (une autre occupe le premier étage du bâtiment).
La deuxième partie nous voit solliciter un partenaire et entamer un travail d'enchaînement sur plusieurs techniques, pieds/poings. Chacun d'entre nous doit répéter ce premier enchaînement cinquante fois. C'est long, difficile, fatiguant mais l'apprentissage passe par ce genre d'exercice qui s'impriment dans l'esprit et le corps.
Deux autres enchaînements seront au programme ce soir là et, à nouveau, on touche à l'enfer dont nous parlions dans deux autres articles du site. Bien évidemment, ces deux autres combinaisons seront elles aussi exécutées cinquante fois par chacun d'entre nous.
Nous ne sommes qu'au mois d'avril et le temps est médiocre à Tôkyô (un vrai déluge) mais la transpiration est abondante et l'inconfort réel.
Le Sensei motive tout le monde et nous encourage à frapper plus fort sur les boucliers. Il se déplace et fait des observations à chaque couple. Pas de critique simpliste mais des conseils constructifs selon les âges, niveaux et possibilités physiques de chacun.
Bien entendu, Artur Hovannisyan Sensei corrige en montrant ce qu'il attend. Cela nous permet d'apprécier sa technique exceptionnelle et sa puissance de frappe ainsi que la qualité de ses enchaînements, tout en fluidité.
Le type de combinaison au programme était, pour la première, chûdan maetetsuki, chûdan gyakutsuki, gedan mawashigeri, "switch" (changement de garde très vif sur place), chûdan hizageri.
Si l'ensemble de la séquence est codifié, le Sensei laisse les deshi avancés se montrer créatifs et adapter selon leurs possibilités, la distance et autres paramètres. Par exemple, les plus souples placent le hizageri au niveau jôdan.
Les deux autres enchaînements correspondaient à des variations sur le même thème. Les techniques travaillées comprenaient alors le shita tsuki et le jôdan mawashigeri.
Les retardataires sont encouragés par le Sensei et les Senpai.
Une fois tout cela fini nous...n'en pouvons plus!
Mais les débats sont loin d'être clos car nous repartons pour cinquante répétitions de chacun des trois enchaînements, sans bouclier cette fois ci, sur le partenaire. Il s'agit d'affiner les sensations.
Afin de finir cette deuxième partie nous avons tous besoin de motivation, d'encouragements et, plus simplement, du partenaire qui prend là toute son importance. L'énergie est en tout cas palpable dans la salle et l'aide sincère, comme dans tout bon dôjô de karatedô.
Cinq nouvelles minutes de pause nécessaires nous sont à nouveau accordées afin d'entamer la troisième partie du cours.
Nous enfilons les protections (protège tibia au minimum) et nous attaquons cinq minutes de sparring à 50% de puissance, avec le même partenaire.
Ce n'est donc pas du kumite avec tout ce que cela implique. Comme précisé par le Sensei, il ne s'agit pas de chercher le KO mais plutôt de travailler en fluidité des enchaînements (on en revient au thème central du cours).
Malgré tout les échanges sont plutôt virils et la fatigue n'arrange rien. Votre webmestre en fait d'ailleurs les frais en baissant trop la garde (physique et psychologique) et "bloquant" un jôdan mawashigeri avec la bouche en guise rétribution. Heureusement pas trop de dégâts si ne sont une lèvre fendue et un ego froissé (mais il s'en remettra).
Le cours touche à sa fin.
Les élèves s'alignent face au shinzen et, bien entendu, un dernier exercice "pour la route". En sanchindachi, vingt tsuki donnés pleine puissance (ou ce qu'il en reste...), avec le kiai sur chaque technique. Puis dix jôdan maegeri sur le même mode.
Après cela nous entamons le rituel du nettoyage du dôjô.
Le balai puis la serpillère, passée en ligne, par ordre de grade, sans poser une main à plat au sol ni un genou.
Un dernier salut et chacun(e) peut réviser ce qu'il souhaite, s'étirer ou rejoindre le petit vestiaire pour une douche bien méritée.
Voici donc le déroulement d'un cours type donné par Artur Hovanissyan Sensei en espérant que cet article aura répondu à vos attentes.
Dernière édition par
karatejapon le Ven Nov 16, 2012 12:49 pm, édité 2 fois.