par karatejapon » Dim Juin 14, 2020 4:04 pm
Dans la mesure où, effectivement, on trouve sur ce forum un article concernant les propos diffamatoires de Jon Bluming Shihan visant le Kyokushinkaikan, ce fil de discussion est plutôt bien placé. D'autant plus que la problématique est assez similaire avec Eddie Emin Shihan.
Il convient d'abord de brièvement présenter ce personnage. Il fut l'un des - sinon "le" - pionniers du Kyokushin karatedô en Australie. Nous vous laissons le soin d'effectuer des recherches plus avant sur la toile, si vous le souhaitez. S'il est toujours en vie, il doit avoir environ quatre vingt dix ans. Sachez néanmoins qu'un de ses élèves les plus connus est Judd Reid, ancien uchi deshi du fondateur de l'Ecole. Eddie Emin Shihan possède le huitième dan d'un groupe très minoritaire revendiquant l'héritage d'Oyama Masutatsu Sôsai. Et c'est bien là que la bât blesse.
Pour répondre maintenant clairement à la question de Sua, il se trouve qu'il y a plusieurs années de cela, ce Shihan a accordé un entretien au magazine australien d'Arts Martiaux Blitz, plutôt réputé dans le pays pour son sérieux. Après avoir encensé durant des décennies le fondateur du Kyokushinkaikan, il a déclaré à la revue que, lors d'un voyage au Japon, il avait combattu Sôsai lui-même et lui avait infligé un knockdown. A cette première affirmation quelque peu étonnante, il a ajouté avoir voulu aider son Maître à se relever et que celui-ci en aurait profité pour le frapper par surprise (traîtrise?) d'un tsuki en pleine bouche, lui cassant ainsi deux dents.
Plusieurs problèmes sont posés par ces affirmations.
Pour en avoir parlé voici quelques années, à Tôkyô, avec Trevor Tockar Shihan et Nick Cujic Shihan, les deux plus hauts gradés de l'IKO en Australie, nous pouvons répondre aux points litigieux de l'interview.
Tout d'abord, cette "anecdote" a été révélée bien après la disparition d'Oyama Masutatsu Sôsai, ce qui est déjà un problème de taille. Tout comme pour Jon Bluming Shihan, pourquoi avoir attendu si longtemps pour en parler? Le procédé manque singulièrement d'élégance voire d'honnêteté intellectuelle. Et que l'on ne vienne pas nous dire qu'il s'agissait de ne pas gêner ou humilier le fondateur. Ce serait un argument fallacieux et trop facile.
Ensuite, aucun témoignage ne vient corroborer ces assertions. Le présumé combat se serait donc déroulé à huis clos? Là encore, il est plus que permis de douter que ces faits se seraient produits sans aucun témoin.
Par ailleurs, et peut-être est-ce là le point le plus important, à la date mentionnée par Eddie Emin Shihan, il ne se trouvait tout simplement pas au Japon. Il affirme y être parti avec d'autres pratiquants mais au moins deux anciens membres de son dôjô le contredisent de façon catégorique car ils ont accompagné le petit groupe à l'aéroport, le jour du départ. De même, aucun Japonais ou étranger à Tôkyô à cette période ne se rappelle l'avoir vu. Il serait très surprenant qu'un responsable de l'Ecole pour un pays soit resté invisible. Personne ne l'aurait donc vu blessé sur place? Ni à son retour? Il est d'ailleurs à noter que, lors de l'entretien, Eddie Emin Shihan évoque à certains moments deux dents cassées alors qu'à d'autres on passe à trois.
Concernant les raisons de tels propos, Trevor Tockar Shihan évoque un éventuel ressentiment envers le Kyokushinkaikan pour d'obscures raisons. L'émergence d'autres grandes figures de la ryû en Australie pourraient en faire partie, tout comme un grade espéré mais qui ne serait jamais venu. Peut-être un besoin irrépressible de créer le buzz, allez savoir. Quoiqu'il en soit, ces affirmations "incendiaires" ont suscité une levée de boucliers en Australie où, à l'époque, des membres du Kyokushinkaikan ont exigé un droit de réponse dans les colonnes de la revue Blitz. Les réseaux sociaux et les sites Internet spécialisés du pays ont "flambé" pendant quelques mois avec cette affaire. En tout cas, le Shihan à l'origine de la controverse a trouvé peu, voire pas, de défenseurs. Son image a été largement ternie alors qu'il était une figure respectée dans le milieu des Arts Martiaux australiens.