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Fidélité et changements

Description de la pratique réelle du karate au Japon.

Fidélité et changements

Message par karatejapon » Ven Sep 01, 2006 9:33 am

Suite à plusieurs questions posées par des membres du site, voici quelques réponses concernant la fidélité des karateka Japonais à leur Sensei, leur dôjô et leur ryû.

Mais d'abord, pourquoi changer, dans quel but et comment?

Si, hors du Japon, les changements de dôjô sont fréquents et couramment admis il n'en va pas de meme au Pays du soleil sevant.
Pourtant, les Nippons eux mêmes considèrent bien souvent les Arts Martiaux comme une simple activité sportive. Nous parlons ici des non pratiquants ou des débutants. Reste que la notion de fidélité est incontournable pour la majorité des Japonais et que cette idée s'applique donc, bien entendu, au karatedô.

Au travers de nos conversations au Japon avec quelques pratiquants ayant quitté leur dôjô, il apparaît que, généralement, un changement professionnel ou un déménagement est à la base d'une telle décision.
En effet, les Japonais conçoivent mal les raisons qui poussent à quitter un dôjô hormis celles ayant un caractère obligatoire.
Si l'on se réfère au "turn over" plutôt important des élèves dans les dôjô occidentaux, le Japon est complètement à l'opposé. La renommée et la compétence (justifiée ou non) d'un enseignant ne semble pas motiver outre mesure les pratiquants Japonais. D'ailleurs, les publicités dans la presse spécialisée nippone sont peu "racolleuses" par rapport à celles vues dans les magazines occidentaux avec pléthore de grades et titres divers.

Le fait de devenir deshi (élève) d'un Sensei entraine une sorte d'obligation morale ("giri") vis à vis de ce dernier. Il n'y a là rien d'écrit mais il s'agit d'un accord tacite et implicite. Si on reçoit un enseignement il faut savoir montrer sa reconnaissance, notamment par la fidélité.

Comme on peut le voir, nous sommes ici bien loin d'une simple consommation d'un produit "à l'occidentale". D'autres articles sur ce site illustrent parfaitement cet état d'esprit et cette attitude qui animent les pratiquants Japonais dans leurs dôjô.

Si la décision de quitter son professeur doit avoir des bases solides et légitimes, il arrive néanmoins que ce soit le Sensei lui même qui envoie ses deshi dans d'autres dôjô. C'est notamment le cas pour les compétiteurs nécessitant un entrainement kata ou kumite spécifique.
Les élèves souhaitant devenir eux mêmes enseignants rejoignent souvent aussi les Honbu dôjô de leurs Ecoles respectives afin d'y suivre un cursus adapté. La JKA (Shotokan ryû) reçoit à ce titre de nombreux karateka désirant suivre la formation d'Instructeur dispensée dans son Ecole des cadres. Idem pour le Kyokushinkaikan où sont envoyés des élèves de tout le Japon (et de l'étranger). Quoi qu'il en soit on voit bien que ce sont généralement les sensei qui choisissent ces orientations pour leurs élèves.
Toutefois, il arrive de temps en temps que certains karateka décident, de leur propre chef, de quitter leur Sensei ou, carrément, leur organisation.
Le cas du Suisse feu Andy Hug - vice champion du monde de la Kyokushinkai et accessoirement star de la télévision japonaise - est éloquent.
Quand il a rejoint le Seidokaikan fondée par Ishii Kazuyoshi Kanchô, il fut quelque peu critiqué pour son abandon des "valeurs Kyokushin" par ceux qui étaient restés dans son groupe d'origine. Ces critiques furent toujours émises de façon discrète car le Japonais en général et le karateka en particulier reste un individu consensuel.

Certains, après changement, trouvent véritablement leur Voie et la réussite.
C'est la cas de Yasuda Toshio Sensei, ancien pratiquant de Shito ryû karatedô et aujourd'hui responsable de l'Ôsaka chûo shibu dôjô; Honbu dôjô de la Kyokushinkai pour le Kansai.

Il n'empêche que les vocations tardives et changements soudains non obligatoires appellent régulièrement le doute et la suspicion chez les nippons à défaut de critique ouverte.
Il faut dire que l'histoire des Arts Martiaux au Japon fourmille d'anecdotes sur des sabreurs sans maîtres améliorant leur technique au fil des duels (Miyamoto Musashi en est l'archétype). Mais ce sont les histoires de fidélité à un Sensei qui touchent l'âme nippone.

Certains Sensei bien connus aujourd'hui ont changé de ryû - voire d'Art Martial - en cours de route mais souvent au début de celle ci et par obligation (décès du Sensei, déménagement dans une autre région).

Fidélité et giri donc une fois sa Voie trouvée.
karatejapon
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