par karatejapon » Dim Avr 26, 2020 4:15 pm
Ces changements de prénoms constituent une longue tradition au Japon, ancienne de plusieurs siècles. De nos jours elle s'applique essentiellement dans le domaine des Arts, Martiaux ou autres.
Pendant des centaines d'années, les enfants adoptés, les gendres ou les belle-filles changeaient de patronyme mais aussi souvent de prénom en intégrant une nouvelle famille. C'était notamment très fréquent au sein des clans guerriers. Il existe plusieurs cas d'enfants de basse extraction devenus samurai - parfois de haut rang - après avoir été adoptés. Un nouveau prénom leur était alors systématiquement donné. Cela se faisait aussi au gré de la progression dans la hiérarchie, militaire ou dans d'autres domaines. Les élèves de Maîtres de calligraphie ("shôdô"), de cérémonie du thé ("sadô"), de peinture, par exemple, se voyaient ainsi rebaptisés. Entrer dans les ordres, qu'il s'agisse de bouddhisme ou de shintô, suivait le même principe et il en va de même dans les théâtres nô et kabuki aujourd'hui encore. Même au vingt et unième siècle la tradition perdure dans divers cercles.
Actuellement, ce système est toujours en vigueur dans le monde du sumô dont les lutteurs changent de nom ("shikona" dans ce cas) en rejoignant une Ecole ("heya"). De même, un nouveau nom de rikishi (lutteur) doit être choisi en cas de progression dans la hiérarchie. Le prénom et le patronyme sont ainsi confondus.
Concernant les budô à proprement parler, la tradition existe encore, surtout au sein d'Ecoles traditionnelles, beaucoup moins dans les modernes comme le karatedô. Néanmoins, et afin de répondre quant aux deux exemples que tu donnes, cette façon de faire n'a pas totalement disparu et concerne en premier lieu les héritiers d'une Ecole Martiale.
Pour Otsuka Hironori Sensei, il s'agissait de reprendre le prénom de son père afin de bien affirmer la responsabilité de l'Ecole Wadô qui venait de lui être confiée. Pour l'état civil son prénom est Jirô. Pour les tenants de cette ryû il s'agit donc d'Otsuka Hironori II.
En ce qui concerne le Directeur mondial du Kyokushinkaikan, son prénom japonais (car de souche ethnique coréenne) est Akiyoshi. Suivant sur ce point la tradition japonaise des budô, sa nomination à la charge de Kanchô a entraîné l'abandon de son prénom pour celui de Shokei.
On peut certainement trouver d'autres exemples dans les Ecoles de karatedô ou d'autres budô. En espérant en tout cas avoir répondu à ta question, très intéressante et qui n'avait jamais été posée sur le site.