par karatejapon » Jeu Déc 10, 2015 1:12 pm
Les 24 et 25 novembre dernier, une quarantaine de pratiquants venus de dix pays différents se sont rendus au Mont Mitsumine, à 1300 mètres d'altitude, dans la préfecture de Saitama, au nord de Tôkyô.
Il s'agissait du passage de grades organisé par le Kyokushinkaikan, à l'occasion des championnats du monde qui se tiennent tous les quatre ans dans la capitale japonaise. Bonne occasion donc pour qui espère faire ses preuves devant un jury d'exception.
L'examen, dirigé par Matsui Shokei Kanchô, concernait les aspirants aux grades allant de shôdan à godan inclus.
L'évaluation des candidats était réalisé par - excusez du peu - outre le Directeur mondial de l'IKO, Goda Yûzo Shihan (numéro deux du Kyokushinkaikan), Peter Chong Shihan (hachidan responsable de l'Ecole à Singapour et membre du comité de direction de l'IKO), Kenny Huytenboogardt Shihan (promu hachidan le 23 novembre et responsable pour l'Afrique du Sud), Stuart Corrigal Shihan (nanadan et en charge de l'ouest canadien), Gorai Katsuhito Shihan (rokku dan,adjoint du Directeur et responsable pour les Etats Unis), deux Shihan Russes godan dont la première femme à atteindre ce grade, ainsi que trois Sensei Instructeurs au Honbu dôjô, à savoir Akaishi Makoto (sixième place au World Open 2011), Steven Cujic (top 32 cette année) fils du Shihan Australien Nick Cujic et son épouse, elle même Sensei yondan ainsi que Daniel Chelo, ancien uchideshi, venu du Chili.
Un jury d'exception donc.
Le dan test - dénomination officielle - a débuté le 24 novembre en début d'après midi par le cours dirigé par le Kanchô, dans le dôjô installé au sein de l'auberge du Mitsumine, cadre somptueux s'il en est, dans les montagnes au nord de la capitale. Avant de commencer, tout le groupe s'est rendu au monument funéraire du fondateur de l'Ecole pour une courte cérémonie.
Cet entraînement de 2H30 a couvert de nombreux aspects du karatedô avec des exercices de kihon, idogeiko et travail à deux, classiques pour qui s'entraîne régulièrement au Honbu dôjô. L'ensemble du cours a été ponctué d'explications données par Matsui Kanchô avec, comme à son habitude, simplicité, grande compétence et des pointes d'humour dont l'ancien vainqueur du World Open est coutumier.
Plusieurs Shihan et Sensei sont passés dans les rangs afin de corriger et offrir leur expertise.
Les quarante candidats avaient pris place dans la première moitié de la salle afin que le jury puisse plus facilement évaluer la qualité de leur travail. Les trois Sensei plus haut cités prenant force notes dès ce premier cours.
A l'issue de cet entraînement enrichissant, les candidats sont restés dans le dôjô afin de poursuivre le test alors qu'une cinquantaine d'autres pratiquants ont pu aller se reposer avant le dîner.
Après quelques courtes minutes de repos, la partie aptitudes physiques, souplesse, endurance et résistance a débuté.
Etirements, marche sur les mains et pompes étaient au programme, sans surprise.
Comme Kanchô l'avait précisé dans son discours d'introduction, le temps étant compté, il était impossible de tout faire. Par ailleurs, le Directeur mondial considère que les candidats ont été envoyés à cet examen par leurs responsables nationaux à qui il accorde sa pleine confiance. Inutile donc de balayer l'ensemble du syllabus pour des pratiquants devant posséder le niveau requis.
A ce propos, sans aucune prétention de notre part et à titre purement personnel à l'aune de nos connaissances forcément limitées, certains candidats étaient tout de même bien loin de remplir les critères requis, tant sur le plan technique que sur celui du physique.
Concernant les pompes (sur les poings, bien entendu), le rythme en était donné par Akaishi Makoto Sensei et Kanchô a stoppé le compte à 62, estimant qu'il avait vu ce qu'il souhaitait observer. Cette série avait été précédée de deux autres de 50 chacune, les trois étalées sur quinze minutes.
Au niveau des kata, là encore par manque de temps et selon principes observés par le Directeur mondial, tous n'ont pas été réalisés.
La liste suivante a été demandée: Pinan sono yon ura, Pinan sono go ura, Saiha, les trois Tekki, Tsuki no kata, Gekisai shou et Gekisai dai, Seienchin, Seipai, Kanku, Bassai dai, Sushiho et Garyû.
Selon le grade souhaité toutes et tous sont passés devant Kanchô, en première ligne, pour chaque kata requis, soit, par exemple, quatre pour les prétendants au sandan. Néanmoins, chaque kata réalisé a été évalué.
Matsui Kanchô a plusieurs fois arrêté le groupe afin d'apporter corrections, précisions et expertise pointue.
La journée terminée après cette session d'une heure trente, rendez vous a été pris pour le lendemain matin avec l'entraînement commun entre les temples shintô du Mitsumine.
A 5:50 le 25 novembre, par une température de cinq degrés, tout le groupe était rassemblé devant l'auberge.
A 6:00 l'entraînement, toujours classique, a débuté, dirigé par Akaishi Makoto Sensei. Pendant une heure le spectre habituel a été balayé.
Ensuite, les candidats sont retournés au dôjô pour l'épreuve du kumite alors que le reste des pratiquants ont été répartis selon les grades et confiés à différents Shihan pour une nouvelle heure de cours, toujours en extérieur.
Comme pour les autres facettes de l'examen, et comme à nouveau précisé par Matsui Kanchô, la contrainte de temps n'a pas permis de réaliser le nombre de combats prescrits pour chaque niveau. Néanmoins, là encore, Kanchô a estimé qu'il pouvait juger des capacités de chaque candidat sur une durée moindre.
Des groupes par catégories d'âge ont été établis: -30 ans, - 40 ans, -50 ans et plus de 50 ans.
Au total seize kumite d'une minute, sans pause, ont été effectués.
Nous concernant, à notre demande, une dérogation a été accordée par Kanchô afin de pouvoir combattre dans la catégorie d'âge inférieure, ce qui n'a été fait que pour le dernier combat, face à un sensei Russe présentant le yondan et pesant 105 kilos pour 1m85.
Notre premier adversaire, Australien, était nidan et tous les autres sandan ou yondan.
Selon l'Instructeur chargé d'évaluer et noter notre groupe, mon bilan s'est établi à 16 victoires dont 4 par KO.
Une fois l'examen terminé, les chambres nettoyées et rangées par nos soins et une nouvelle cérémonie à la mémoire d'Oyama Masutatsu Sôsai, le groupe a emprunté le chemin escarpé menant à la cascade pour un taki shûgyô convivial et dans la bonne humeur. L'eau était bien moins froide que lors des camps d'hiver qui prennent place au début du mois de janvier.
Au global ce passage de grades s'est déroulé dans le respect des partenaires de travail (à quelques rares exceptions près tout de même) et dans un état d'esprit solidaire, tel qu'attendu par Matsui Kanchô.
Passer un examen au Japon devant un tel jury est une grande chance et un moment exceptionnel pour les candidats à qui nous souhaitons à tous d'avoir réussi.
Profitons de l'occasion pour saluer la délégation de Nouvelle Calédonie, dirigée par Laurent Couturier Senpai, qui a eu la grande gentillesse de nous intégrer et s'est montrée forte en toutes circonstances avec un état d'esprit empreint du Kyokushin Spirit.
Nous souhaitons remercier sincèrement Jacque Legrée Shihan qui nous a permis de passer cet examen et su prodiguer conseils et encouragements avant cette épreuve avec des mots simples et une confiance accordée dont nous espérons nous être montré digne.
Merci également à Julien Porterie Sensei pour une préparation technique et au combat mais aussi psychologique qui n'aurait pu être meilleure.
Merci enfin aux autres Instructeurs et Sensei de l'ACBB pour leur aide et leurs encouragements bienvenus.