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La tradition du bonenkai

Description de la pratique réelle du karate au Japon.

La tradition du bonenkai

Message par karatejapon » Lun Sep 11, 2006 5:28 pm

Le Japon est un pays de traditions, les connaisseurs de l'archipel en conviendront aisément. Ces traditions sont particulièrement visibles et vivantes dans le monde des Arts Martiaux.
Nous avons choisi de vous parler de celle du bonenkai dans les dôjô de karatedô.

Il s'agit d'une réunion de fin d'année comme il en existe tant au sein des entreprises japonaises ou de divers clubs et groupes.
Ce moment est privilégié pour rencontrer les divers membres du dôjô, partager de bons moments ensemble, s'amuser et bien d'autres choses. Généralement, le bonenkai est organisé en parallèle au dernier cours de l'année et plus exactement à l'issue de celui ci.

L'Ôsaka chuo shibu dôjô n'a pas fait exception à la règle le 25 décembre dernier.
Les élève de ce dôjô principal de l'organisation Kyokushinkaikan pour la région du Kansai (Ôsaka, Kôbe, Kyôto) étaient invités à rejoindre le dôjô dès 11:00 par une belle mais frileuse journée d'hiver, typique d'Ôsaka.

Avant de faire la fête, les deshi doivent suivre le dernier cours de l'année.
Celui ci dure trois heures et comme quelques jours sans entraînement se profilent les débats montent d'un cran à tous les niveaux: difficulté technique, endurcissement physique (pompes et abdominaux en grand nombre), répétitions particulièrement longues au niveau des kata.
Le kumite ("combat") ne fait pas exception et les assauts "plein contact" sont rugueux, les knockdowns fréquents mais le tout dans une bonne ambiance de rigueur.
Chacun se doit de donner le maximum ce jour là et tous les deshi s'y attachent avec beaucoup de motivation.

Un peu de casse pour finir le cours, sans obligation sauf pour les Senpai qui doivent, au minimum, briser deux planches avec le poing de leur choix et une batte de baseball avec le tibia. Tout cela se passe dans la bonne humeur et tout le monde encourage tout le monde. Pas question de moquer celles et ceux qui connaissent des difficultés, il s'agit bien au contraire de les aider.

Une fois le cours achevé, le gros travail de la journée débute alors.
Il faut nettoyer le dôjô de fond en comble, réparer ce qui doit l'être et cela dans les grandes largeurs.
Le Sensei et ses assistants distribuent les tâches diverses par groupes et individus. N'oublions pas que nous sommes au Japon et tout doit donc être anticipé et calculé.

Les tatami sont sortis, battus pour en évacuer la poussière et les tâches diverses (sang et autres) passées au détergent. D'autres deshi font les carreaux. Certains sortent les casiers des vestiaires, d'autres encore balaient ou passent l'aspirateur. Un Senpai nettoie avec attention et un luxe de précautions le odaiko ("grand tambour horizontal traditionnel") qui sert à appeler les élèves à l'entraînement et marquer la fin du cours.
Selon leurs connaissances, certains des pratiquants présents (femmes et hommes confondus) réparent diverses parties du dôjô. Un peu de menuiserie ici, de l'éléctricité par là. Tout le monde trouve de quoi s'occuper.
La moquette des vestaires est déclouée, epoussetée puis soigneusement retendue au sol et refixée.
On n'oublie pas non plus le bureau et la cuisine, lieu stratégique à venir s'il en est.
Au total, nos travailleuses et travailleurs forcenés auront oeuvré plus de quatre heures afin de remettre les locaux en état, prêts pour une nouvelle annnée d'entraînement.

Ensuite vient "le meilleur". Là encore tout le monde met la main à la pâte.
Une grande bâche est étendue sur les tatami puis des tables basses montées et installées en forme de "u" au centre du dôjô.
Celles et ceux qui s'y connaissent en cuisine préparent alors le chanko nabe, sorte de marmite emplie d'eau bouillante où l'on met de tout, viande bovine et porcine mais aussi poissons divers et légumes variés. Roboratif à souhait, c'est le plat de prédilection servi aux lutteurs dans les Ecoles de sumô ("lutte traditionnelle japonaise"). Copieux et excellent en hiver!
Les bières et bouteilles de whisky sont disposées sur les tables, de même pour les plats et couverts.

Une fois que tout est prêt les participants s'assoient autour des tables et commencent alors les discours comme le veut la tradition. Le Sensei prend la parole le premier pour parler de l'année écoulée, ce qu'il a apprécié chez ses deshi et ses attentes pour la Nouvelle Année.
Loin d'être purement réthorique ce type de discours est important et affirme la cohésion au sein du dôjô. Il témoigne en outre de l'intérêt de l'enseignant pour ses élèves et montre qu'il a observé attentivement la progression de tous au cours des douze derniers mois.

A la suite du responsable du dôjô, d'autres Sensei et Senpai y vont aussi de leurs discours d'encouragements ponctués de "OSU" sonores d'assentiment.

Enfin, le repas peut commencer.
Les Nippons, d'un naturel plutôt réservé, se détendent en proportion de la quantité de bière (et autres alcools) ingurgitée. Au bout d'une trentaine de minutes tout le monde est bien rouge, mange copieusement et s'amuse franchement. On passe d'une table à l'autre pour trinquer et faire plus ample connaissance.
Une visite à la table centrale où est installé le Professeur reste impérative pour tous les participants. Les Senpai veillent à ce que tout le monde puisse parler avec le responsable du dôjô et trinquer avec lui. Il s'agit d'un moment particulier et - relativement privé - entre élève et professeur qui prodigue encouragements et conseils personnalisés.

Une pause est demandée afin de présenter un élève ayant récemment remporté la première place d'un tournoi régional. La coupe du vainqueur est alors remplie de bière et tout le monde en boit. Le gagnant, lui, doit avaler près d'un litre versé dans la dite coupe...

La soirée avançant, certains s'assoupissent; la fatigue de l'entraînement du matin certainement couplée à la boisson.

Finalement, à 22:00, tout le monde se met à ranger.
Une fois les lieux ayant repris leur apparence habituelle, un dernier discours du Sensei, des échanges de voeux pour 2006 et les participants commencent à quitter le dôjô non sans s'acquitter d'une dernière casse de leur choix. Certains voient deux planches mais tout se passe bien au bout du compte; pas de blessés et tout le monde est content de sa soirée.

Loin de n'être qu'une réunion pour boire et manger plus que d'habitude, le bonenkai est important au sein des dôjô japonais. La cohésion des deshi et le sentiment d'appartenance à un groupe s'en trouvent renforcés. Une nouvelle motivation est puisée dans ce type de réunion.
Il est difficile, pour les non Japonais n'ayant jamais pratiqué sur place, de saisir toutes les implications du bonenkai. Pour notre part, en tant qu'étranger, nous considérons ce moment comme un évènement important de la vie du dôjô. Y participer favorise l'intégration ainsi que la compréhension et reste une chance.
Attendons donc le prochain.
karatejapon
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