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Les Nippons sont-ils plutôt kata ou kumite?

Description de la pratique réelle du karate au Japon.

Les Nippons sont-ils plutôt kata ou kumite?

Message par karatejapon » Ven Sep 08, 2006 2:24 pm

Dans notre grande série "Comment c'est là bas?", nous nous sommes intéressés à la façon dont les pratiquants Japonais déploient leur activité au dôjô.
La question étant récurrente et venant de celles et ceux qui n'ont pas encore eu la chance de se rendre au Japon, voici donc ce que nous avons observé sur la répartition entre kata et kumite lors du premier trimestre 2005.

Les "fans" de kumite s'imaginent - à tort comme nous allons le voir - qu'un cours sans "combat" est impensable. Cette idée reçue semble bien ancrée chez certains pratiquants de jissen karate, type Kyokushinkai par exemple.
De même, certains "intégristes" du kata imaginent des cours d'où le kumite serait exclu; façon Funakoshi Gichin sensei qui faisait pratiquer essentiellement les kata.
La réalité est plus simple est très logique, comme souvent au Japon.

A quelques exceptions près, kata et kumite trouvent tout naturellement leur place à parts égales au Japon.
Peu importe l'Ecole et les inclinaisons personnelles des enseignants. Depuis plusieurs décennies le karatedô poursuit son évolution mais s'est aussi stabilisé dans sa forme.
Le standard japonais correspond à des cours où l'on travaille à partir d'un schéma très classique, à savoir kihon, kata et kumite. Dans ce canevas viennent s'intercaler parfois d'autres exercices mais, au global, les pratiquants Nippons s'en éloignent peu.
Les proportions varient, bien entendu, d'un dôjô à l'autre mais pas énormément en général. Si un entraînement donné fait la part belle au travail des kata, le suivant rééquilibrera les débats par un travail de kumite plus long.

Voyons maintenant quelques exemples de répartition relevés au cours de nos visites de dôjô au Japon.

Arakawa Toru Sensei, Directeur technique de la Wadôkai (un des deux groupes principaux diffusant le Wadô ryû karatedô) garde quasi systématiquement les trente dernières minutes de son cours à Shibuya (quartier central de Tôkyô) pour, soit l'étude des kata, soit une session de kumite. Les deux types de travail s'effectuant en alternance.
Bien évidemment, les élèves ne viennent pas aux cours en fonction de leur goût. Tout le monde travaille toutes les facettes du karatedô, même si le programme est aisé à deviner. Selon les propres termes du Sensei, tout doit être pratiqué de façon régulière et équilibrée.

Les divers Instructeurs de la JKA (Nihon Karate kyoukai, principale obédience Shotokan ryû karatedô) au Honbu dôjô de Tôkyô donnent souvent des cours à thèmes. Ceux ci s'adressent plutôt à des élèves avancés cherchant un perfectionnement spécifique.
Les cours généraux incluent, quant à eux, un travail kata et kumite là encore bien équilibré. Il serait inconcevable au sein de ce groupe de privilégier totalement un des aspects, surtout avant le shôdan (ceinture noire 1er dan).

Les deshi du Honbu dôjô (dôjô central) du Tani ha Shitô ryû karatedô pratiquent aussi les deux facettes de concert et sans rien négliger. Cet exemple est d'autant plus révélateur au regard de la personnalité et de des goûts du fondateur.
Feu Tani Chôjiro Sensei était connu pour ses démonstrations kata au cours desquelles il portait un masque et un hakama (sorte de jupe culotte portée notamment par les yûdansha en aikidô, par exemple).
Aujourd'hui, au Honbu dôjô de Suma (proche de Kôbe dans la région du Kansai) on travaille toujours les kata - très nombreux en Shitô ryû karatedô et dérivés - mais aussi le kumite.

Autre exemple des plus récents maintenant.
La semaine dernière, au Ôsaka chuo shibu dôjô (Kyokushinkaikan), le premier cours de jeudi s'est déroulé sans kumite, à l'inverse du second qui a vu une session de quinze minutes non stop de combat. Mais avant de passer au kumite, les élèves avaient pratiqué trente minutes de kata divers sans interruption.
De même, le premier cours du vendredi soir a été largement consacré au kumite qui a représenté peu ou prou la moitié du travail effectué.
Cet exemple est particulièrement révélateur s'agissant d'une Ecole dans la tradition du jissen karate ("karate plein contact" pour faire simple).
Pour Yasuda Toshio Sensei - le professeur - il est hors de question de se cantonner dans la kumite exclusivement et ce malgré son passé de compétiteur.
De même, les élèves de ce dôjô sont poussés à participer aux divers tournois des deux pratiques. Une confirmation? La compétiton kata rassemblant les meilleurs pratiquants de la région du Kansai au mois de mai, à Nara, est toujours aussi courue y compris par les spectateurs.

Comme quoi les idées reçus sont généralement très subjectives et éloignées de la réalité.
Au Japon on ne choisit pas ce que l'on veut faire, on pratique tout. Mais, comme partout, il existe des exceptions en karatedô.
Le Seidokaikan dont le fondateur est Ishii Kazuyoshi Kanchô, et le Chef Instructeur Kakuda Nobuaki Sensei, est orienté presque exclusivement vers le kumite. Le fait d'être un important pourvoyeur de combattants pour le K1 (promotion de kickboxing très médiatique) n'est certainement pas étranger à cela.
La pratique des kata est donc ici largement marginalisée et tendrait même à disparaître. En effet, certains tenants de cette Ecole veulent aller plus loin en éliminant totalement le travail des kata au profit exclusif du kumite. D'ailleurs, certains combats ont lieu sur des rings. Il s'agit d'un basculement progressif vers le kickboxing professionnel.
Mais peut on alors encore véritablement parler ici de karate...?

Pour conclure, nous évoquerons un cas qui nous semble à part.
Le Daido juku karate - création d'Azuma Takashi Sensei a, lui aussi, éliminé la pratique des kata mais se présente tout de même - pour le moment du moins - comme une Ecole de karate à part entière.
Trois membres du site pratiquent au sein de cette émanation de la Kyokushinkai et trois articles proposés par Natsan sont disponibles. Nous vous suggérons à les lire afin de mieux connaître cette ryû sans kata.

Pour résumer, au travers des quelques exemples proposés et en faisant abstraction des exceptions, il est clair que les pratiquants Nippons suivent majoritairement le même principe. kata et kumite sont travaillés dans des proportions proches et tout le monde pratique l'ensemble du karatedô.
A méditer donc.
karatejapon
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