Nous sommes actuellement le Jeu Mars 28, 2024 9:36 pm
Le fuseau horaire est UTC+1 heure [Heure d’été]

Obtenir un kyu au Japon

Description de la pratique réelle du karate au Japon.

Obtenir un kyu au Japon

Message par karatejapon » Ven Sep 08, 2006 11:48 am

A la demande de plusieurs membres du site, karatejapon s'est intéressé aux kyû décernés au Japon, à la façon de les obtenir et ce que cela entraîne.

Jusqu'à présent nous vous avions proposé quelques articles traitant de l'obtention des grades ("Passage de grade au Japon" entre autres) à partir du shôdan. Mais il est évident que la majorité des pratiquants de karate ne portent pas encore la précieuse ceinture noire, avec ou sans barrettes.

Tant au Japon qu'à l'étranger les grades subalternes sont généralement sanctionnés par des examens, du moins au sein des dôjô sérieux. Les conditions d'obtention d'un grade supérieur kyû sont variables d'une Ecole à l'autre voir d'un dôjô à l'autre au sein d'un même groupe.
Il existe au Japon deux catégories principales en ce domaine.

Les grandes associations, très structurées, possèdent un programme élaboré et commun à l'ensemble des dôjô se revendiquant de la mouvance. Peu de place pour les modifications et adaptations aux deshi qui doivent se conformer au programme établi.

C'est le cas de la JKA, branche majoritaire du Shotokan karate. Le Honbu dôjô de Tôkyô requiert la connaissance d'un certain nombre de kata suivant le grade souhaité.
Lors de notre visite à ce dôjô en 1998, des Senpai nous ont expliqué que les Heian kata devaient être connus (à défaut d'être maîtrisés) du shôdan au godan suivant les couleurs de ceintures.
Le premier kyû requérant ces cinq kata et la connaissance de deux kata supérieurs.

Hormis ces exercices, les candidats doivent faire montre de connaissances techniques plus ou moins affirmées par le biais des kihon, sous forme d'aller/retour comprenant une technique ou un enchaînement de diverses techniques.
La ceinture jaune ne demandant que des enchaînements très simples n'excédant pas trois techniques. Les combinaisons ne recèlent aucune difficulté particulière et sont pratiquées de façon régulière durant les cours.
La difficulté augmente avec le grade recherché pour culminer avec des séries de cinq mouvements maximum basées sur une plus grande recherche de coordination pieds/poings. Bien entendu, les examinateurs observent le kime ("puissance"), la stabilité et autres paramètres essentiels.

Enfin, les différents kumite font partie des examens de kyû au sein de cette structure.
Il s'agit de ippon, nihon et sanbon kumite (sur 1, 2 ou 3 pas). Les candidats se présentant pour le même grade travaillent alors entre eux.
Le sommet est atteint avec le passage de la ceinture marron pour lequel le jyû kumite ("combat libre") est requis. Dès lors, il ne s'agit pas uniquement de gagner un ou des combats car - au delà du résultat - l'attitude générale du candidat (physique et mentale) est un paramètre incontournable pour le jury.
Il faut ajouter une conversation avec les Sensei présents pour le ikkyû. Le candidat doit expliquer sa vision du karatedô et faire preuve de connaissances générales certaines.

La Wadôkai, une des branches de la Wado ryû, suit le canevas décrit plus haut dans le fond mais aussi dans la forme. Bien entendu certaines spécificités existent.

L'obtention du premier kyû demande la démonstration des tanto tori constitués d'attaques/défenses contre un adversaire armé d'un couteau. Ces formes codifiées sont présentés par les candidats conformément à celles élaborées par Otsuka Hironori Sensei, le fondateur de l'Ecole dans les années 1930. Elles comportent des projections et nombreuses autres techniques variées faisant appel à de subtils déplacements du poids du corps.
Concernant les kata, les Pinan doivent être connus du premier au cinquième pour le ikkyû ainsi que Kushanku en tant que kata supérieur.
La ceinture jaune, quant à elle, requiert la connaissance de Pinan shôdan au minimum mais certains candidats présentent éventuellement d'autres kata de base.
Les kihon sont, là aussi, obligatoires et variés. La difficulté technique des enchaînements croissant selon la couleur de ceinture à obtenir.
Il est à noter que, comme souvent au Japon, les deshi portent généralement une ceinture blanche jusqu'à l'obtention du shodan au sein de la Wadôkai.
Concernant les deux groupes présentés ci-dessus, les passages de grade pour les kyû durent une trentaine de minutes en moyenne. Cette durée s'entend comme le travail effectif réalisé par le candidat.

La Kyokushinkai possède, elle, des couleurs de ceintures, d'ailleurs différentes de celles de la majorité des autres grandes associations. Cela étant dit, le fond ne change pas vraiment si ce n'est l'aspect kumite, plus développé. Les autres groupes appartenant à la mouvance du jissen karate en font de même selon nos informations.

Là encore, la connaissance des kata est un impératif. Hors de question de jouer des muscles en combat au détriment des kata, aussi important que le reste de l'examen. Le premier niveau des kyû requiert généralement la connaissance des trois premiers kata.
Les kihon tiennent une large place au cours des passages de grade kyû. Les enchaînements sont simples mais leur éxécution doit être assurée avec une grande rigueur technique. L'emphase est mise sur la capacité à rythmer les combinaisons avec fluidité.

On trouve en général:
- Pour le premier niveau, des enchaînements de 3 techniques maximum avec un même bras. Il s'agit là de blocages et coups de poing du type jôdan age uke, soto uke, uchi uke, gedan barai et gyaku tsuki.
- Pour les autres niveaux (ikkyû inclus), des enchaînements de 4 à 5 techniques sont demandés. La puissance et la vitesse deviennent un paramètre essentiel plus on se rapproche du kyû le plus élevé.

Et pour ceux qui fantasmeraient sur la casse de batte de baseball avec le tibia au sein de cette association, je vous rassure (ou déçois!); ces pratiques sont réservées aux démonstrations.

Il ressort donc de tout cela que si l'on excepte les spécificités de chaque Ecole, on obtient une certaine homogénéité, au moins dans ces trois grands groupes.

Sorti des grandes structures et parfois même au sein de celles ci (mais plus rarement), des Sensei suivent une voie plus traditionnelle. Il s'agit là de la seconde catégorie.
Les kyû sont alors délivrés soit par un examen adapté au candidat, soit l'enseignant s'en passe et informe son élève qu'il a passé un cap.
La majorité des Ecoles du budô japonais a travaillé selon ces normes depuis plusieurs siècles. Le professeur connaît son élève et suit ses progrès. L'individualisation est primordiale.
Il est clair que cette façon de faire induit une honnêteté intellectuelle rigoureuse car tout se passe au niveau du dôjô. Il faut donc prendre garde à l'inflation de grades "élevés" qui flatterait les élèves et impressionnerait les visiteurs. Ce problème vaut bien sûr pour les yûdansha. Mais le risque est relativement faible au Japon et à Okinawa car les Sensei tenant d'une tradition ancienne tiennent à conserver un niveau élévé dans leur dôjô.

Réussir un examen de kyû est toujours motivant mais cela implique, du moins au Japon, des responsabilités.
On devient Senpai ("ancien") par rapport aux deshi moins gradés. Cela sous entend de participer à la tradition, la faire vivre et perdurer. L'aide aux kohai ("jeunes") devient impérative.
Organiser les lignes dans le dôjô, énoncer le dôjô kun (motto de l'Ecole), montrer à un débutant la façon de nouer son obi (ceinture), organiser le ménage, etc. Les tâches et responsabilités sont variées. On se doit d'être un exemple et faire montre de motivation pour tendre vers le shodan qui n'est que le début.
karatejapon
Admin
 
Message(s) : 5519
Inscription : Mar Août 15, 2006 10:48 am

[i]une petite question...[/i]

Message par liptonic » Ven Oct 27, 2006 6:47 pm

bonjour,
Comme il semble que le programme des katas exigible pour le premier dan soit a peu pres identique pour toutes ecoles (certes les kumite different),comment se passe le changement d'ecole pour un x dan.Doit-il recommencer au premier kyu ou peut-il garder son grade (ce qui me parait peu probable)?
liptonic
 
Message(s) : 917
Inscription : Lun Sep 18, 2006 4:22 pm
Localisation : S.F

Remise à zéro

Message par karatejapon » Sam Oct 28, 2006 11:26 am

Généralement on remet une ceinture blanche mais rien n'est écrit (ou rarement). C'est au pratiquant de "comprendre" ce qu'on attend de lui lors d'un changement d'Ecole.
karatejapon
Admin
 
Message(s) : 5519
Inscription : Mar Août 15, 2006 10:48 am

Retour vers Au Japon

  • Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
    Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
    Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
    Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum
  • Qui est en ligne ?

    Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 13 invité(s)

cron