par karatejapon » Jeu Sep 07, 2006 11:36 pm
Qui ne s'est jamais extasié devant une démonstration de tameshiwari? Cette pratique est même devenue le symbole du karate, hors du Japon du moins.
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Briques, planches, tuiles brisées impressionnent toujours mais, depuis plusieurs années, cet exercice tombait en désuétude au Pays du Soleil Levant.
karatejapon a cherché à en savoir plus, principalement entre Tôkyô et Ôsaka, ces derniers mois du premier trimestre 2005.
Soyez rassurés, la "casse" est bien vivante au Japon même si sa pratique est plus restreinte que dans les années 1970.
La plupart des ryû s'en passent depuis longtemps car leur renommée ne nécessite plus ce genre de publicité, visuellement attirante. Le nombre important de médailles et coupes suffit à convaincre les amateurs de s'inscrire au dôjô. Le sport prenant le pas sur l'Art Martial, il n'est plus nécessaire de démontrer une force intérieure élevée par le biais du tameshiwari.
Cela étant dit, ces exercices se pratiquent maintenant sur deux niveaux. D'une part, il s'agit toujours - pour certains - "d'épater la galerie" ou alors d'intégrer cette pratique à des compétitions.
Par ailleurs, le tameshiwari reste pratiqué pour ce qu'il apporte à titre personnel. A savoir, surmonter ses craintes légitimes et renforcer son mental et ses aptitudes physiques.
C'est à Okinawa, berceau du karate où on trouve le plus fréquemment ces exercices. Certaines Ecoles, Uechi ryû notamment, se sont fait une spécialité de la chose. Planches et battes de baseball brisées, en dynamique ou statique sont courantes dans les dôjô de l'île.
Poing, tranchant de la main, coude, genou, pied, orteil, doigt(s), tibia, avant bras et même tête, tout y passe.
Si le tameshiwari sert souvent en démonstration, il faut noter qu'il est travaillé durant les cours, à l'abri des regards extérieurs. Il s'agit donc bien d'un travail personnel dans ce cas.
Deux Sensei Okinawaïens nous ont expliqué que le tameshiwari était déjà utilisé au 19ème siècle dans un but de renforcement mental et physique, hors considération esthétique. Il s'agit d'un fait historique au même titre que l'utilisation des appareils de musculation traditionnels ou du makiwara.
Au Japon même, la Kyokushinkai a systématisé le tameshiwari dans certains tournois où l'on recourt à cette épreuve en cas d'égalité et d'une différence de poids limitée entre les combattants.Il s'agit ici de casses en tsuki (poing fermé), coude et pied le plus souvent. Le vainqueur étant, bien entendu, celui qui casse le plus de planchettes en bois.
Au sein des dôjô de cette Ecole, on travaille également ces exercices afin de conditionner les élèves à ne plus craindre les surfaces dures et favoriser une forme technique optimale.
Il faut comprendre que sur un plan purement technique, la pratique offre de nombreux avantages.
Comme nous l'a expliqué Yasuda Toshio Shihan à Ôsaka, travailler dans le vide n'offre pas des sensations identiques et, surtout, autorise des erreurs graves dans le positionnement du poignet, par exemple. Les poignets ou doigts fracturés ne sont pas rares si on n'a jamais eu de contact avec un objet vraiment dur (un crâne par exemple!).
Il ne s'agit pas de transformer le tameshiwari en exercice de cirque, certes flamboyant, mais peu en rapport avec le karatedô; à l'image des kata (dits) "artistiques".
Pas question non plus de déformer les membres de façon grotesque et néfaste pour la santé sur le long terme.
La plus value existe bel et bien à condition de pratiquer en respectant certaines règles et de ne pas en faire un point essentiel de l'entraînement.
Dans les autres Ecoles, comme nous l'avons constaté, la pratique à tendance à rester marginale.
Les démonstrations de casse ne font plus recette, preuve qu'il s'agissait bien d'une mode pour certains. Dommage pour le travail foncier.
Quoiqu'il en soit, il ne s'agit pas de se lancer sans préparation dans le tameshiwari au risque de se blesser. Les enseignants Japonais adoptent une progression modérée et adaptée aux capacités de chaque deshi.
Si la mode a existé, elle est donc passée. On ne voit plus guère de photos à ce sujet dans la presse spécialisée nippone. Néanmoins il reste des pratiquants sérieux qui s'entraînent pour eux avant tout.
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karatejapon le Lun Mai 16, 2011 1:56 pm, édité 2 fois.