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Le réarmement du Japon

Description de la pratique réelle du karate au Japon.

Le réarmement du Japon

Message par karatejapon » Jeu Sep 07, 2006 11:09 pm

Depuis quelques mois on ne parle que de ça, ou presque. La presse spécialisée dans son ensemble propose des articles sur le sujet. Le Japon redécouvre - ou découvre - les armes de son passé.
La majorité des Ecoles semblent être touchées par le phénomène. De l'aikidô au karatedô en passant par les différents kenpô on ressort les armes, souvent délaissées depuis longtemps. Bien sûr les Ecoles traditionnelles du budô sont en pointe avec le maniement des bâtons, armes de lancer ou articulées du type kusarigama (faucille lestée avec un poids au bout d'une chaîne).

Intéressant à noter, le karatedô semble redécouvrir que les armes font partie de son patrimoine. En effet, à l'époque où l'on ne connaissait pas encore le vocable karate, le tôde d'Okinawa comprenait le maniement de plus d'une dizaine d'armes en bois et/ou en métal. La tradition s'est rompue à la naissance du karatedô et son développement au Japon.

Hors d'Okinawa, il semble que seul le Shitô ryû karatedô ait poursuivi sur une base régulière la pratique de quelques armes dont le sai et le pour les élèves avancés. Néanmoins, tous les dôjô ne suivent pas cette habitude.

Un exemple de cette tendance est celui d'une dizaine de dôjô membres de la Kyokushinkai qui viennent de faire défection de l'organisation mère et intègrent maintenant la pratique systématique des armes (pas plus de trois en général) au sein du groupe. Selon les responsables, cette initiative tend à enrichir le potentiel martial et correspond à une nouvelle recherche vers l'autodéfense. Le postulat de base voulant que l'on utilise ses armes naturelles en dernier ressort; à savoir si on a été désarmé ou si rien d'assimilable à une arme ne se trouve à portée de main. Tous les dôjô de cette nouvelle structure installée dans la préfecture de Chiba (région du Kantô où se trouve Tôkyô) ont donc rendu obligatoire l'apprentissage des armes en parallèle aux techniques de main nue.

Le mensuel japonais Karate a proposé plusieurs articles ces derniers mois à propos du retour en grâce des armes. Les Sensei questionnés parlent tous de l'importance du potentiel du karate et choisissent d'embrayer sur ce mouvement. Cette tendance fera certainement sourire les pratiquants Okinawaïens dont les ryû appliquent toujours - pour la plupart - les deux enseignements de concert.

Le Shito ryû karatedô - cité plus haut - met en avant sa pratique continue des armes dans ses dôjô. Ces derniers, installés principalement dans la région du Kansai (Ôsaka, Kôbe, Kyôto), assurent généralement la pratique des sai (tridents métalliques) et du rokkushaku bô (bâton de six pieds soit 1mètre 82) voire du nunchaku.
Pour l'anecdote, et quelque part amusant, les tenants de cette Ecole majeure de karatedô ont cité dans la presse japonaise le cas - révélateur selon eux - de Demura Fumio Sensei.
Ce dernier, installé aux Etats Unis depuis des décennies, n'était pas vraiment en odeur de sainteté depuis son entrée dans le monde de Hollywood et pour ses démonstrations spectaculaires comprenant systématiquement le maniement des armes du kobudô d'Okinawa. On l' a même taxé d'abandon des valeurs traditionnelles à la fin des années 1980. Comme quoi...
Hormis les ryû d'Okinawa, Demura Fumio Sensei semble réaliser la meilleure synthèse entre les techniques à main nue et celles avec armes.

Un autre groupe remettant au moins une arme au goût du jour est la Wado Ryû Karatedô Renmei. Là c'est plus surprenant car il s'agit carrément du katana, le sabre long des samurai, arme de tous les fantasmes par excellence.
C'est Otsuka Hironori Sensei (fils du fondateur de l'Ecole) qui a initié le mouvement à travers des démonstrations comprenant des exercices sur la répartition du poids du corps au début des années 1990. Ces techniques pour le moins subtiles - et parfois incomprises - sont réalisées à deux partenaires dont l'un frappe avec un katana pendant que l'autre esquive voire bloque la lame (!).
Au Honbu dôjô de Nerima ku, dans la grande banlieue de la capitale on s'active donc à manier le sabre mais seuls les yûdansha y ont droit, de préférence à partir du troisième dan selon nos sources.

Kubota Takayuki Sensei, autre professeur ayant fait carrière aux Etats Unis, a aussi bénéficié des honneurs de la presse japonaise dernièrement. La revue karatedô lui a consacré un reportage de quatre pages fin 2004.
Là encore on pourra parler d'un certain phénomène de mode car ce Sensei s'est spécialisé dans la création d'armes inédites à partir d'objets usuels. Mais, quelque part, si l'on se réfère à certaines armes d'Okinawa venant elles aussi d'objets et outils divers, le processus reste traditionnel. La tradition ainsi réactualisée concerne donc des porte-clés grand modèle inspirés du tekko (sorte de poing américain) et autres bâtons courts. Grand succès aux Etats Unis et nous verrons bien si le Japon accroche à cette pratique.

Vous voilà donc, chers lecteurs, au courant des dernières tendances dans le monde du karatedô au Japon. Et en tant que pratiquant de kobudô d'Okinawa nous espérons que cet article vous donnera l'envie de compléter votre pratique à main nue par celle des armes .
karatejapon
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