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Les enseignants sont-ils des professionnels?

Description de la pratique réelle du karate au Japon.

Les enseignants sont-ils des professionnels?

Message par karatejapon » Mer Sep 06, 2006 11:18 pm

Si une majorité des professeurs de karatedô de l'hexagone sont des professionnels, il est loin d'en être de même au Japon.
Alors que font donc les professeurs Japonais après avoir quitté le dôgi et pourquoi?
Un certain nombre de professeurs Français de karate enseignent à plein temps, d'autres conjuguent Arts Martiaux et activités professionnelles, souvent dans le domaine du sport. Il n'en reste pas moins que, principalement, le but est de vivre du karate. Les pays européens et les Etats Unis suivent une tendance similaire.
Au Japon, par contre, les enseignants Nippons ont bien souvent un travail qui les fait vivre ainsi que leur famille. Le karatedô vient en complément.

Pourquoi ne pas vivre du karate dans le berceau de cet Art Martial?
En fait, la tradition est longue et n'a évolué qu'assez récemment. Par ailleurs tous les enseignants ne sont pas concernés par ces changements.
Plusieurs Sensei historiquement importants ont eu un travail occupant la majorité de leur temps tout en oeuvrant pour imposer leurs ryû.

Ce fut le cas de Funakoshi Gichin Sensei, fondateur de la Shotokan ryû et "importateur" principal du tôde okinawaïen au Japon.
Professeur d'école à Okinawa, il devint surveillant dans un lycée de Tôkyô tout simplement pour survivre.
En effet, à l'époque point de fédération, de brevet d'état et autre agrément ministériel pour une quelconque fédération. La Voie de la main vide n'était alors même pas reconnue comme un Art Martial japonais à part entière; période de nationalisme forcené oblige.
Bien sûr, pas non plus de démonstrations grassement rémunérées. Celles ci servaient, au mieux, à essayer de faire connaître les techniques de combat d'Okinawa.
Seule une certaine forme de mécenat pouvait, à la rigueur, aider les premiers enseignants de karatedô au Japon.

Otsuka Hironori Sensei, qui créa la Wadô ryû à partir de la Shotokan ryû et du Yoshin ryû jujutsu n'était pas, lui non plus, un professionnel des Arts Martiaux.
Il fut notamment employé de banque puis ostéopathe et conserva un cabinet jusqu'à la fin de sa vie. Il y soignait, bien évidemment, les pratiquants blessés lors des entraînements particulièrement rugueux de l'époque mais pas uniquement.

La situation a évolué au début des années 1960 sous l'instigation de la Nihon Karate Kyoukai, mondialement connue sous le nom de Japan Karate Association. Ce groupe, revendiquant l'héritage de Funakoshi Gichin Sensei, décédé en 1957, créa à cette époque une école des cadres.
Son but était de former des professionnels du karatedô, tous diplômés universitaires et susceptibles d'etre mutés outre mer. Possibilité leur était ainsi offerte de propager le Shotokan ryû karatedô dans de nombreux pays étrangers.
Si la plupart des enseignants de la première vague durent concilier au départ activités professionnelles et karate, la situation changea rapidement en cette période de développement mondial de l'Art Martial okinawaïen. Ceux qui suivirent, bénéficiant des structures en place, devinrent de véritables professionnels travaillant pour des dôjô bien établis, en coopération avec des fédérations nationales trop contentes de s'attacher les services de Sensei Japonais.

Aujourd'hui, une partie des professeurs appartenant à des groupes importants ne font généralement "que" du karate. C'est notamment le cas des membres clés des Kyokushinkaikan, Nihon Karate Kyoukai et autres Wadô Ryû Karatedô Renmei ou Wadôkai.
Salariés par leurs groupes respectifs, ces professionnels le sont aussi parfois par la Japan Karate Federation dans le cadre de certaines fonctions. Les stages dispensés à l'étranger pour le compte de ladite fédération entrent éventuellement dans ce cadre.

Malgré tout, même au sein des ces groupes de premier plan, certains noms connus poursuivent leur carrière professionnelle parallèlement à l'enseignement du karatedô.
C'est le cas, entre autres, de Yahara Mikio Sensei membre éminent de la JKA. Il dirige en effet une agence spécialisée dans la protection des biens et des personnes.
Un de ses pairs - que nous ne nommerons pas à sa demande, discrétion oblige - gère plusieurs hôtels sur différentes îles du Pacifique, fréquentées majoritairement par des touristes Japonais.
Un autre Sensei, enseignant le Shitô ryû karatedô - lui non plus ne désirant pas etre nommément cité - est grutier dans une entreprise de travaux publics du Kantô (région de Tôkyô).

Les professeurs appartenant à de petites associations ne bénéficient pas des avantages des grosses organisations. Eux n'ont souvent d'autres choix que de travailler puis enfiler le karategi le soir venu. Dans un certain sens ils sont des artisans du karate qui vivent leur passion sans contrainte commerciale, sans la pression du nombre de cotisations à atteindre chaque mois. On les trouve principalement dans les petites villes et les campagnes de l'archipel.

Bien entendu, ces différentes catégories ne peuvent etre définies de façon qualitative. On trouve de bons enseignants - et des moins bons - dans toutes les structures.
Il n'en reste pas moins que plus de la moitié des professeurs Japonais de karatedô ne le sont pas à plein temps.

Sources: Japan Karate Federation, groupes cités dans le corps du texte, mensuels japonais Karatedô et Power Karate.
karatejapon
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