Afin de poursuivre avec notre série concernant la façon dont les choses se passent au Japon, nous vous proposons de parler d'arbitrage.
Comme vous avez pu le lire à maintes reprises dans différents articles, sur plusieurs fora, l'implication des pratiquants de karate au Japon est importante. Surtout au regard de la situation en France.
Les tournois, les stages, les fêtes, les sorties, etc. au Japon tout le monde participe. L'arbitrage, au sens large, ne fait pas exception.
Sur ce point on peut noter que toutes les Ecoles se retrouvent. Les yûdansha se doivent de s'impliquer dans les fonctions de juge/arbitre. Sans considération particulière de responsabilités professionnelles ou familiales. On fait le maximum selon ses possibilités et en concertation, par rotations bien souvent .
Cela peut s'exprimer par le biais d'une sorte d'obligation comme c'est le cas au sein du Kyokushinkaikan. En effet, pas de passage de grade dan sans diplôme de juge ou/et arbitre central correspondant. In fine, pour faire simple, on pourrait que sans arbitres pas de tournois. La logique de ce mode de fonctionnement est donc claire pour les pratiquants Nippons.
D'autres Ecoles n'imposent pas nécessairement des activités d'arbitrage au travers de règles écrites mais, au Japon, bien des choses ne sont pas dites bien qu'implicites.
La Wadôkai propose régulièrement des stages de formation qui, sans être obligatoires, sont largement fréquentés.
Nous avons relevé le même postulat pour d'autres organisations dont la Shitô ryû, dans la région du Kansai ainsi que la Wadô Ryû Karatedô Renmei, dans la grande banlieue de la capitale.
Un membre de la branche japonaise de la Gôjû ryû nous disait que la question ne se posait même pas; participer est utile à tous et indispensable pour la vie des dôjô.
Un point qui nous semble important tient dans le fait qu'au Japon, l'arbitrage n'est pas une voie réservée aux "anciens". On ne trouve pas dans le corps arbitral que d'anciens compétiteurs recyclés, bien au contraire. Les "jeunes" s'impliquent à ce niveau, à l'aune de leur expérience et de leur compétence en la matière.
En fait, quand nous avons posé la question de l'arbitrage, nos interlocuteurs Japonais trouvaient tous cela normal et logique. On se doit de participer et aider les autres, cela fait partie de l'étiquette au dôjô, ni plus ni moins. L'étonnement est par contre bien réel quand les Nippons apprennent qu'il n'en va pas nécessairement de même à l'étranger.
A nouveau, dans l'esprit japonais, l'implication est une évidence, tant dans la vie du dôjô que dans celle de l'organisation mère.
Si, au global, le volontariat est de mise, même pour les ryû associant grades et diplômes de juge/arbitre, les Ecoles japonaises ne manquent pas de participants. Ceux ci considèrent qu'il s'agit là d'une norme profitable à tous, bien dans l'idée de la collectivité et de son bon fonctionnement mise en avant au Japon.
Si les gens s'impliquent, ils sont en droit, penserez-vous, d'en retirer un certain bénéfice. Ce qui nous amène à parler d'argent bien que ce terme de "bénéfice" puisse induire des idées fort variées dont le simple plaisir d'aider, la possibilité de s'accomplir dans une autre voie que celle de la compétition, le devoir implicite, etc.
Toutes les Ecoles auprès desquelles nous avons effectué des recherches pour cet article, fonctionnent sur le bénévolat pour l'arbitrage.
Néanmoins - et en bonne logique - il existe quelques compensations pour les personnes qui s'investissent.
Les transports, hébergements et repas sont intégralement payés par les diverses organisations. Au Japon on voit souvent les membres du corps arbitral traverser la moitié du pays pour encadrer les compétitions.
Au delà de l'aspect financier, les juges/arbitres Japonais sont reconnus et respectés dans les dôjô pour leur investissement personnel. A ce titre, il leur revient de donner des conseils aux compétiteurs et autres juges en devenir. Là encore c'est l'idée de transmission, bien présente au japon, qui prévaut.
La JKF laisse le soin aux différentes ryû d'organiser tout cela et les choses se passent sans problème. Pas d'effectifs en baisse ni tournois avec un corps arbitral surchargé et donc plus sujet à l'erreur.
Nous ne savons pas ce qu'il en est des organisations respectives de nos membres, en France ou ailleurs, mais nous espérons que l'implication est bien là, comme au Japon.