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Vous avez dit "yakuza"...?

Description de la pratique réelle du karate au Japon.

Allégations sans preuves

Message par karatejapon » Dim Avr 27, 2025 3:15 pm

Avec tout le respect que sa longue carrière de budôka mérite, il faut prendre du recul quant aux propos tenus par John Bluming Sensei à la fin de sa vie. Si plusieurs de ses affirmations sont avérées et incontestables, certaines allégations mériteraient des preuves ou, à tout le moins, une corroboration par des témoins directs d’événements évoqués.
Concernant le décès d’Oyama Masutatsu Sôsai, le Sensei Néerlandais a effectivement dit, lors d’un entretien disponible sur YouTube, que les yakuza en étaient responsables. Néanmoins il n’apporte aucune explication irréfutable ni ne mentionne qui que ce soit pouvant appuyer sa version des faits. Pourquoi donc une organisation criminelle japonaise aurait-elle décidé d’éliminer le fondateur de la Kyokushinkai? S’agit-il de la même construction intellectuelle que pour la disparition de l’acteur Bruce Lee, attribuée par certains aux triades? Le comment pose également problème car, au Japon, aucune autorité (familiale ou autre) ni membre du Kyokushinkaikan ne remet en cause cette mort à l’hôpital des suites d’un cancer du poumon. Bref, faire des déclarations fracassantes peut-être une bonne chose mais les soutenir par des preuves reste nécessaire.
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Légendes urbaines

Message par karatejapon » Lun Avr 28, 2025 12:10 am

Si les yakuza sont, sans conteste, bien présents dans le milieu du karatedô - et des budô/sports de combat en général - au Japon, ils n’y occupent aucunement une place centrale. Il ne faudrait pas leur donner plus d’importance qu’ils n’en possèdent ni accorder un trop grand crédit aux légendes urbaines générées par l’imaginaire collectif, surtout celui des étrangers.
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Témoignage exceptionnel

Message par karatejapon » Ven Juil 04, 2025 5:16 pm

Lors d'un court séjour à Tôkyô le mois dernier, nous nous sommes rendus au magasin Isami pour y effectuer quelques achats. A cette occasion, nous avons engagé la conversation avec un autre client, Japonais et parlant bien l'anglais. Quittant ensemble la boutique, nous avons décidé d'un commun accord de nous arrêter dans un kissaten (bar ne servant pas d'alcool) pour nous désaltérer, la chaleur de cette fin de printemps étant déjà forte. Le début de notre conservation avait piqué la curiosité de notre interlocuteur et la nôtre.
Voici donc les passages les plus intéressants de notre conversation et en relation directe avec ce topic, sachant que ce pratiquant de soixante-treize ans dont cinquante dans le milieu du karatedô, a accepté de répondre candidement à nos questions mais sans que son identité soit révélée.

- kj: "Quelle Ecole pratiquez-vous?"

- T N: "Je me suis quelque peu éloigné de la pratique au dôjô pour des raisons professionnelles et personnelles mais je m'entraîne depuis bien longtemps dans la fédération fondée par Yahara Sensei."

- kj: "Yahara Mikio Sensei, qui vient du Shotokan karatedô?"

- T N: "Oui, c'est lui. Il est resté proche du style Shotokan dans la forme de corps mais a développé une approche différente en ce qui concerne l'auto-défense. Il est exceptionnel en kumite avec une base technique admirable."

- kj: "Il possède effectivement une grande réputation à l'étranger pour autant que je sache. Un combattant qui aurait fait ses preuves à plusieurs reprises en dehors du dôjô..."

- T N: "Disons qu'on ne parle pas beaucoup de certaines choses au Japon mais elles sont tout de même de notoriété publique et, je puis vous l'assurer, véritables."

- kj: "Ne parleriez vous pas de ses démêlés avec les organisations criminelles...?"

- T N: "Vous en avez entendu parler jusqu'en France?!"

- kj: "Effectivement. Auriez vous des anecdotes à partager?"

- T N: "Comme vous êtes étranger, que vous n'êtes pas membre de notre Ecole et que le temps a passé...Alors oui, je peux vous en parler. Yahara Sensei dirige une société fournissant une protection à certains clients. Comme vous semblez bien connaître le sujet et le Japon en général, vous n'êtes pas sans savoir que ce type d'activité vous met obligatoirement en relation avec le monde des boryokudan ou yakuza, selon le nom que vous leur
donnez. Vous voyez ce que je veux dire?"

- kj: "Je crois, oui. Je côtoie des personnes de ce monde au dôjô de temps en temps."

- T N: "Alors je vais vous conter deux anecdotes qui me concernent directement. J'ai travaillé longtemps avec Yahara Sensei et j'étais à ses côtés quand elles se sont produites.
La première affaire a eu lieu dans la préfecture de Saitama, pas très loin du quartier de Kawaguchi. Des commerçants et patrons de petites entreprises des alentours se plaignaient des bosozoku ("voyous à moto") qui, non contents d'être bruyants et faisaient peur aux habitants du quartier, ont commencé à tenter un racket généralisé. Comme ils n'appartenaient à aucune véritable famille de yakuza, il était impossible de s'adresser à un oyabun ("chef d'un groupe maffieux") pour leur demander de cesser leur harcèlement. Yahara Sensei a donc été sollicité pour intervenir. Nous nous sommes rendus à quatre, dont Sensei, dans une sorte de bar/club où ces petites frappes se retrouvaient le soir. J'avoue que je n'étais pas très rassuré car nous n'avions aucune arme. Par contre, nous étions tous des pratiquants chevronnés et Sensei dégageait toujours un grand calme et une confiance absolue. Quand nous sommes entrés, la tension est immédiatement montée de plusieurs crans. Yahara Sensei s'est montré direct mais courtois. Il leur a demandé de ne plus importuner les habitants et travailleurs du quartier. Malheureusement, un des meneurs l'a très mal pris et s'est approché de Sensei en le menaçant avec une batte de baseball. Sensei n'a pas bronché et, alors que le voyou étant en plein milieu d'une phrase de menaces, il a bondi et lui a infligé un KO avec deux tsuki en plein visage puis un coup de genou dans la tête quand il est tombé en position assise."

- kj: "C'est comme dans un film de yakuza ou d'Arts Martiaux..."

- T N: "Oui sauf que c'était la réalité. Nous avons tous les trois été aussi surpris de l'explosion et de la vitesse de Sensei que les autres voyous. Aucun autre n'a tenté sa chance et pourtant ils étaient une dizaine, certainement avec des couteaux ou des sabres. Yahara Sensei leur a dit qu'il ne voulait plus les voir rôder dans le quartier et nous sommes repartis. La situation est redevenue très calme."

- kj: "Merci pour cette anecdote et je suis preneur de la seconde."

- T N: "D'accord. Yahara Sensei est intervenu dans le quartier de Machida, à Tôkyô, après avoir été contacté par des petits actionnaires d'une société de construction d'immeubles contrôlée en partie par un sous-groupe de l'Inagawa kai (groupe maffieux bien connu dans l'archipel). Avec Sensei nous nous sommes rendus à une assemblée des actionnaires. Les yakuza ont l'habitude de venir pour faire taire les personnes mécontentes en les menaçant ou de par leur simple présence. Ils étaient faciles à reconnaître avec leurs costumes noirs et souvent des lunettes de soleil, même à l'intérieur. Sensei était déjà bien connu de l'Inagawa kai et certainement craint, voire même respecté. Le fait d'être là a bloqué les velléités des chinpira ("apprentis maffieux au bas de l'échelle") et des deux lieutenants qui les dirigeaient. Le plus âgé s'est approché de Sensei et lui a remis sa carte portant l'emblème de cette organisation criminelle. Il lui a proposé de débattre de la situation, dans le calme, à l'extérieur. Nous sommes donc sortis et Yahara Sensei a expliqué respecter ce groupe et son oyabun mais que les petits actionnaires devaient être laissés libres de leurs votes et leurs choix.
Là encore j'étais assez inquiet mais j'avais pleine confiance en Sensei, son aura et ses capacités en combat. Le plus âgé des lieutenants a accepté de se retirer avec toute la bande, par respect du Sensei qui avait par le passé connu une interaction avec son oyabun. La situation s'est donc détendue et, après les salutations d'usage nous sommes repartis vers notre voiture, garée à côté d'une Mercedes blanche, le véhicule emblématique des
yakuza depuis les années 70.
Il s'est alors produit quelque chose qui n'avait pas lieu d'être. Le chauffeur d'une des trois voitures du groupe était adossé à la Mercedes blanche et ne s'est pas poussé pour laisser monter Sensei côté passager. Il l'a même défié du regard et j'ai tout de suite compris que la situation allait dégénérer. Le regard de Sensei était effrayant, même pour moi. Il l'a balayé à une vitesse incroyable et lui a asséné un tetsui sur le haut du crâne. Le type était moitié KO et il y a eu un moment de flottement. J'étais prêt à me battre mais leur chef a aboyé un ordre et ils ont tous reculé. Tout cela pour dire que Sensei est un véritable combattant et que les yakuza le savent. Ils ne s'attaquent pas à lui et se montrent respectueux."

Merci à Monsieur T N pour son temps et le partage des ces anecdotes.
Nous restons seul responsable des éventuelles erreurs de traduction ou d’interprétation des propos recueillis en anglais et japonais.
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